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Chapitre 38

Chapitre 38

Publié le 8 juin 2022 Mis à jour le 25 juin 2022 Culture
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Chapitre 38

Chapitre 38

Florence, 23/12/21

Lorsque nous avons quitté la salle hier soir, il neigeait abondamment. Dans l’obscurité de la nuit, malgré les éclairages de notre petite station, je n’ai pas pu prendre de belles photos. J’espère pouvoir me rattraper dès ce matin quand le jour sera levé. J’ai promis à Cézanne et Bérengère de réaliser un reportage photo de toutes nos aventures et de commander ensuite un livre-photo qui relatera cette épopée. Valentine et Célia, qui ont bien dormi, se prêtent volontiers au jeu des poses avec la boîte aux étoiles de Clara. Avant de rejoindre le village officiel du Père Noël à Rovaniemi, les fillettes façonnent un bonhomme de neige juste devant la porte de notre chalet. Je pose le pendentif avec les cendres de Clara sur l’épaule du bonhomme de neige et les fillettes se positionnent de chaque côté. Comme le jour commence à se lever, la lumière est bleutée. J’espère que mes clichés seront bien réussis. D’après les prévisions météo, il ne devrait plus neiger durant le reste de notre séjour et il est fort probable, selon notre guide, que nous puissions observer des aurores boréales. J’ai compris ses instructions et j’ai bien l’intention de patienter des heures durant dans le froid polaire pour en capturer une. J’espère qu’elle sera verte, comme la couleur préférée de Clara.

Il y a énormément de monde au village du Père Noël en cette période de l’année, mais malgré tout, la magie opère. A notre arrivée, tous les enfants se sont brutalement tus en découvrant le village. Je suis étonnée par la sobriété des décorations de Noël. Ici, il n’y a rien d’extravagant comme nous pouvons l’observer en France. Les guirlandes lumineuses sont soit blanches soit jaunes, donc assez discrètes. Toute la déco est sobre, mais harmonieuse. Les quelques chalets qui composent ce village sont des magasins de souvenirs, des restaurants, des hébergements pour les touristes, le bureau de Poste et la maison du Père Noël. Cette dernière, dont la visite est payante, est évidemment très prisée et un passage obligé pour tous les vacanciers. Notre guide a réservé un horaire de passage pour notre groupe.

Quelques minutes avant l’heure du rendez-vous, nous patientons devant la porte. Un lutin nous ouvre et je comprends très vite que nous allons devoir patienter avant de pouvoir rencontrer la célébrité. Comme dans un célèbre magasin suédois, nous devons suivre un parcours à sens unique à travers un dédale de pièces. Au fil de notre progression, nous descendons des marches, en remontons et pour nous faire patienter, des objets de décoration et autres jouets en bois sont disposés à proximité de notre passage. Nous sommes autorisés à y faire des photos souvenirs. Quelques enfants s’impatientent, mais d’une manière générale, la plupart sont quand même relativement calmes. Invariablement, leurs discussions tournent autour du Père Noël et de la photo qu’ils vont pouvoir prendre avec lui. Sylvie ne quitte plus Valentine. Elle a d’ailleurs récupéré le chouchou qui la relie par le poignet à sa nouvelle amie. Elle lui sert de guide au travers des différentes allées. Célia a quitté ses parents pour se joindre à notre groupe. Elle espère pouvoir à la fois faire une photo avec sa grande famille près du Père Noël et rester avec nous pour en faire une avec Valentine, Clara et moi. Je profite de cette longue attente pour discuter avec les parents de Sylvie que je trouve très charmants et plein de bienveillance. Je suis admirative de la résilience dont ils font preuve. Ils ont perdu un bébé et malgré tout, ils semblent heureux et résolument tournés vers l’avenir. Je les respecte également beaucoup parce qu’ils ont prévu d’offrir leurs chiots à des personnes aveugles. Au fil de notre conversation, Christiane me demande pour quelle raison j’accompagne cette petite fille malvoyante et là, tout à coup, j’ai bien du mal de contenir mes larmes. Elle s’excuse aussitôt, sans comprendre réellement ce qui m’a mis dans cet état.

  • Je suis désolée. Je ne savais pas que c’était douloureux pour vous.

J’aimerais bien la rassurer, lui dire qu’elle ne pouvait pas deviner, mais je suis incapable de lui expliquer que c’est avec ma fille que j’aurais dû faire ce voyage. Heureusement, nos fillettes qui nous précèdent n’ont pas vu mon désespoir et n’ont rien entendu de cette conversation. Le reste du parcours se fait en silence et je ne fais rien pour détendre l’atmosphère. J’essaie juste de me concentrer pour ravaler mon chagrin et le rendre invisible sur la photo avec le Père Noël.

Je suis contente de ressortir au grand air et j’espère que les photos seront bien réussies. Comme tous les participants, je les recevrai par mail en version numérique. Christiane ne me reparle pas des raisons qui m’ont amenée à accompagner Valentine et après avoir pris le repas dans un restaurant du « Santa Claus Village », l’après-midi se poursuit avec la visite d’un hôtel de glace, célèbre pour ses fameuses sculptures et son toboggan pour les enfants.

De retour dans notre village de vacances, je me retrouve seule dans mon grand logement puisque Valentine a demandé l’autorisation d’aller dormir dans le chalet de Sylvie et Célia en profite pour retrouver sa famille. Je suis en plein doute aujourd’hui. Je n’aurais peut-être pas dû faire ce voyage. Je ne suis qu’au début de ce séjour et j’ai souvent envie de pleurer, même si j’essaie de faire croire que tout va bien. Je suis ravie de découvrir la magie de ce pays, mais sans ma fille à mes côtés, ça n’a pas vraiment de sens. Je me console en me disant que mon but était d’accompagner Valentine et lui permettre d’emmagasiner des souvenirs visuels et des couleurs qui resteront gravés dans sa mémoire. Je me dis qu’elle pourra y repenser quand ses pensées seront aussi sombres que son champ visuel, mais ce soir, ce n’est pas suffisant pour me donner le moral. Je me sens particulièrement vide et Clara me manque horriblement. Mathilde et Théo aussi. Tous mes amis du Hayon d’ailleurs me manquent. Je n’ai pas envie de participer à la soirée festive. Je veux juste rester enfermée ici, à pleurer sur mon lit. Je voudrais m’endormir à tout jamais et m’envoler comme Clara et Stéphane. Lui aussi me manque aujourd’hui. Si je dispatche leurs cendres ici comme je l’ai prévu, je serai encore plus vide quand je rentrerai chez moi, enfin si je rentre. Dans tous les cas, je ne me sens pas la force de les abandonner ici, loin de moi. J’ai bêtement cru qu’en réalisant le rêve de Clara, en la faisant voyager au pays des rennes, je serais heureuse moi aussi, mais c’est impossible. J’ai mal, terriblement mal.

  • Clara, Stéphane, pourquoi m’avez-vous abandonnée ?

Je sanglote à haute voix et je finis par m’endormir. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi. Des coups frappés à ma porte me sortent de mon sommeil. Je regarde l’heure. Il est 23h42. C’est Christiane, la maman de Sylvie.

  • Vite, venez voir. Ce soir, nous avons de grandes chances de pouvoir observer une aurore boréale.

Je récupère mon trépied et mon appareil-photo. J’enfile ma combinaison, ma cagoule, mes gants et je bondis hors du chalet. J’ai promis à Cézanne et à Bérengère de leur ramener des photos si j’avais la chance d’apercevoir une aurore boréale. Je ne peux pas les décevoir, après tout ce qu’ils ont fait pour moi.

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