CHRONIQUE DU TRAVAIL DÉCONFINÉ (#33)
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
CHRONIQUE DU TRAVAIL DÉCONFINÉ (#33)
Benoît, agent immobilier
Je suis en charge des locations. Pendant le confinement, mon activité s’est totalement arrêtée. J’ai néanmoins conservé un lien avec mes clients : on ne pouvait pas se rencontrer mais on pouvait définir, par exemple, une stratégie : je gardais un « devoir de réponse » envers eux.
Les autres salariés de l’agence étaient en télétravail (par exemple les gestionnaires) ; j’étais le seul à être au chômage. Néanmoins j’étais dans la boucle de leur groupe de discussion. Je regardais de loin leurs interactions amicales.
Pendant le confinement, on n’a pas pu faire les états des lieux de sortie. Beaucoup de locataires sortants ont tenu à nous déposer leurs clefs pour prouver qu’ils étaient bien partis.
Je sais que certains voulaient déménager, profiter de ce temps pour installer tranquillement leurs meubles et leurs affaires, mais ce n’était pas possible car les entreprises de déménagement ne pouvaient pas intervenir. Je pense que certains se sont débrouillés par eux-mêmes, même si c’était interdit.
Le lundi 4 mai, lorsqu’Emmanuel Macron a évoqué le déconfinement, certains ont estimé que l’immobilier allait baisser de 15 à 20% pendant 3 ans. Une semaine plus tard, la baisse prévisible semblait moins catastrophique et plus courte (on parlait d’une baisse des prix de 5 à 10% pendant une période d’un an à an et demi).
Depuis la reprise, je suis débordé : il y a tous les états des lieux à organiser et j’ai reçu énormément de congés. Je n’ai pas encore pu les analyser mais cette hausse des départs s’explique à mon avis pour les raisons suivantes : il y a les couples qui se sont séparés après avoir subi le confinement ; il y a ceux qui ont eu le temps de préparer un projet immobilier, et il y a ceux qui veulent quitter les grandes villes (on observe le même phénomène après des attentats ou après des périodes de grandes grèves).
A titre personnel, j’aimerais déménager, acheter un appartement avec une pièce en plus car je suis jeune papa, mais je vais attendre : je veux observer comment bouge l’économie.
Actuellement, certains clients me parlent de leur proche qui sont décédés. D’autres me racontent qu’ils n’en pouvaient plus du confinement. Le sentiment général que j’observe c’est que la vie reprend.