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Le temps des bourgeons

Le temps des bourgeons

Publié le 13 juil. 2022 Mis à jour le 14 juil. 2022 Santé
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Le temps des bourgeons

En guerre, a dit l'homme assis dans l'écran. 

Je ne voyais que la partie supérieure de son buste, surmontée de sa figure. Close, seuls ses sourcils étaient actifs. Ses dents parfois faisaient une sortie, flashaient une interdiction. 

Lui appuyait sa phrase, satisfait de l'effet produit. 

La guerre, pour installer les patrouilles dans les rues. La guerre en costume, avec panache. Pour ajuster le peuple masqué et l'armée en botillons. 

Justifier du bulletin de passage, fraichement imaginé. 

Je suis en migraine, j'enfonce ma tête dans l'édredon. J'ai bu un peu, marché quelques pas, massé mes tempes et regardé l'armoire à pharmacie, parcourue d'un frisson. 

J'ai appliqué quelques gouttes d'huile sur mon front. J'ai légèrement brulé mes yeux, par proximité. 

Enfin j'ai ajusté mes nouvelles lunettes. 

J'en ai acheté plusieurs paires, pas à ma vue. Simplement colorées, elles ajoutent des filtres. 

La promesse de pouvoir regarder les avenues, les passants, les machines, les voitures, les déplacements; leur absence. 

Comme elles se vident, quelque chose coure les rues. Par les gens, au travers. Quelque chose arrive, s'accroche quelque part, sur quelqu'un attend : l'endroit du transfert. Bientôt lécher de sa langue avide, embrasser. Contaminer. 

Toutes personnes, tous mondes. Vraiment?

En guerre, a dit l'homme assis dans l'écran. C'est une histoire de virus, avec son imagerie, et sa carte, ses statistiques. Ses victimes. 

Quelque chose coure les rues. Un mot. 

Il est arrivé un matin par mon oreille, je ne m'y attendais pas. C'était la nouvelle année, on en était encore à se donner les bons voeux ; quand soudain l'horloge de tique taquer s'est arrêtée. 

Je ne sais plus depuis quelle bouche, si c'était plutôt l'écran. Ma mère, peut-être, aura dit. 

Et puis la presse, et toutes les mères et toutes les presses. 

C'est arrivé très loin, à l'autre bout du monde. La porte d'à côté. Une histoire d'un autre temps, à dormir debout. Un germe, les gens tombent, le ravitaillement devient impossible, les rues se vident, les portes des maisons se clouent sur les gens abasourdis en silence et en cris. 

Aux secours ! A l'aide ! A moi ! A nous ! Au ciel ! 

J'ai laissé les nouvelles sur le côté. Je les ai poussées dans la rigole à ruisseler en compagnie des rires fous. 

La télé n'a plus de son. Je la regarde s'agiter, elle s'emballe rageuse qu'on ne l'écoute plus. Ses personnages s'activent et sourient fort. Leurs sourcils se froncent plus fort encore. Ils disent, quoi? 

Proche d'où vit ma mère on tremble tant qu'on est fier d'avoir eu le premier cas de la région. Les caméras viennent capturer les rues, les maisons. 

Le jour de lumière. 

Il éclaire le décompte du soir qui glace et fige comme un appareil instantané. 

Quel musée pour programmer l'exposition de nos regards édentés? 

Hier les rues débordaient de gens qui en avaient été exclus. Ils se sont souvenus qu'ils possédaient des mains, qu'ils pouvaient les tendre et s'en servir pour porter leurs voix. Se faire entendre, qu'elles s'agrippent à d'autre. 

Hier les rues débordaient d'un monde qui s'apercevait, assommé d'élcairs, qu'elles lui appartenaient. Depuis toujours. 

Aujourd'hui le monde a disparu. A déserté la rue unique et vide. 

Parce que quelque chose coure, par les gens. C'est nouveau, inconnu, menaçant. 

Depuis les vents : la rumeur des centres de soin qui débordent. Non des moyens réclamés à corps mais de ce monde perdu et de ses cris. De ses morts. 

Le danger. La solitude. 

Les gens (re)lisent Camus. Un bon début d'année qui déja s'annonce printemps. 

A venir : quelles floraisons?

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Commentaires (5)

à votre service ! ;-) Et n'hésitez pas à mettre une belle image et une chouette description sur votre profil pour que les lecteurs puissent vous découvrir sous votre meilleur angle ;-) Je dis çà je dis rien mais bon, si vous voulez être lue... il y a des bonnes pratiques... ;-)

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