Sauves
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Sauves
Image de couverture par Donald Giannatti sur Unplash
Image source par Sylessae sur DeviantArt
Le soleil... enfin. Combien de temps, combien de jours sans l'avoir vu, sans avoir ressenti sa chaude caresse sur ma peau. Je ne sais pas. J'ai perdu le compte. Sa lumière m'éblouit. Mes yeux avaient oublié l'éclat que le jour peut avoir. Je suis obligée de fermer les paupières, les pupilles douloureuses de trop de clarté soudaine.
La liberté. La liberté, enfin... Vraiment ? J'ai du mal à y croire. Cela fait si longtemps. Ma peau porte les traces de ma captivité dans ses boyaux terreux, puants, putrides. Autour de moi des rires et des pleurs résonnent. Tous mes anciens compagnons et compagnes d'infortune peinent à réaliser que l'enfer est fini. Les soldats qui nous ont libéré nous guident vers un campement, aident les plus faibles d'entre nous à marcher.
Ainsi, le Royaume est réellement venu à notre rescousse ? Je n'y croyais pas, n'y croyais plus. Nous n'étions qu'un misérable groupe d'orcs et d'humains mêlés dont ils n'avaient aucune raison de se préoccuper. Je serre toujours dans ma main la petite menotte de l'enfant que j'ai pris sous mon aile à son arrivée dans notre bagne sous-terrain. Je finis par réussir à entrouvrir un peu plus les yeux, paupières plissées. Nous sommes dans un sous-bois. Je respire, savoure l'odeur de l'humus. Je remarque seulement à ce moment là, le regard des soldats sur moi et l'enfant : un mélange de surprise et de méfiance. Je la regarde à mon tour, lui souriant doucement. Elle sanglote d'épuisement, de peur, d'incompréhension. Je m'accroupis devant elle et la tiens serrée contre moi, souhaitant de toutes mes fibres la protéger de quoi que ce soit qui oserait venir la menacer. Moi, épuisée, sale, qui n'était encore qu'une esclave, il y a quelques heures de cela. Elle se réfugie contre moi et pleure à gros sanglots, laissant s'évacuer les tensions qu'elle a accumulé pendant ses journées de captivité.
Je vois un homme s'approcher, un soldat. Son armure est différente, réhaussée d'argent. Probablement un gradé. Il s'arrête à deux pas de nous et met un genou en terre devant l'enfant. Soudain, tous les soldats présents se tournent face à nous et l'imitent. Je ne comprends pas. Je vois ces hommes forts, fiers, nos sauveurs, baisser la tête respectueusement devant l'enfant qui s'agrippe à mon cou. Je caresse tendrement ses cheveux sans parvenir à saisir ce qui se passe devant moi.
L'officier relève la tête. Son regard croise le mien. Est-ce réellement de la gratitude et du soulagement que je lis dans ses yeux ? Il porte son attention sur l'enfant qui l'ignore toujours.
"Les Esprits soient loués, nous vous avons retrouvé à temps... Votre Altesse."
Je me fige, incrédule, l'enfant toujours blottie contre moi, couverte de crasse, affamée. Les larmes ont creusées des sillons sur ses joues. Je tiens dans mes bras, je suis en train de réconforter... la fille héritière du Royaume.