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Prologue

Prologue

Publié le 15 oct. 2025 Mis à jour le 15 oct. 2025 Fantaisie
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Prologue

Les nuages étaient d’un gris ténébreux. La pluie frappait le pavé des décombres, noircies par l’affluence de la foule. Telle la mer rouge devant Moïse, celle-ci laissait place à un cortège funèbre, progressant à travers les ruines. Quatre centaures tractèrent un cercueil en silence, le regard rivé au sol et les ailes affaissées par le poids du deuil.


Ouvert à la vue de tous, un lit floral entourait le défunt. Le chagrin du ciel s’écrasait sur le cadavre, mis en valeur par les fleurs aux mille couleurs. Certaines s’harmonisaient, d’autres s’opposaient, mais toutes rendaient hommage à sa grandeur.

Une épée reposait sur sa poitrine, emprisonnée entre ses doigts liés à tout jamais. Elle était rouillée, couverte de fissures. Son éclat rappelait les cendres et les ténèbres : le reflet fané d’un héros tombé.


Prince de Célestia


Krelyos, notre chère et tendre planète, a perdu un nouveau souverain. Notre monde a perdu son cœur ardent. Les ténèbres règnent désormais sur le royaume du feu sacré avec une fierté insolente. Et les troupes du chaos progressent désormais vers Terberis. La situation s’est si lourdement aggravée au cours des deux guerres que l’Empyrée a prit la décision d’exiler tous les héritiers. Quitter Krelyos, signifiait abandonner nos familles, notre peuple et leurs espérances.

Les armées déjà en difficulté par les lourdes pertes, se voyaient davantage repoussées dans leur retranchement. La menace de Dunkelheit ne cessait de grandir sans répit.


Je levai les yeux sur sa majesté. Son manteau de velours, aux couleurs de Pyros, captait les reflets du jour, comme s’il respirait encore. Sa barbe finement taillée, contrastait avec la validité de son visage. Un infime sourire ourlait ses lèvres. Il semblait... apaisé.


Je baissai les yeux, un rire amer m’échappa. Malgré les innombrables années de souffrance, il avait réussi à garder sa sérénité même dans la mort. Jamais je n’avais vu un roi se dévouer autant pour son peuple et sa famille, au point de s'interdire de vivre. Il avait tout donné à sa famille et son peuple, jusqu’à s’oublier. Sa majesté avait même exigé que ses funérailles soient publiques, pour offrir un dernier adieu à ceux qu’il avait tant aimés. Même dans la mort, il pensait encore aux autres.


A cet instant, j’eus l’impression que des épines tentaient de percer ma gorge et m’empêchaient de parler. Mes ongles s’ancrèrent dans mes paumes. Je me mordis la lèvre. Mes émotions semblaient prêtes à exploser.


J’étais déjà brisé par la mort de père. Je l’avais vu mourir sous l’épée d’Umbrath. Trop jeune pour comprendre véritablement la guerre, trop terrifié pour agir. J’avais verrouillé mes émotions, enfoui le tout au fond de moi. Tout ce que je considérais nuisible à mon courage et ma lucidité, je les avais mis sous clé avant de jeter le tout dans l’océan de l’oubli... Avec cette clé.

J’ai refusé le trône à la plus grande surprise de mon peuple et de ma famille. Je me sentais indigne. J’avais l’impression d’avoir trahi les dieux. Sans même le vouloir, j’étais devenu complice de sa mort en n’ayant pas réagi.

Et la mort du Roi Maëldan n’avait absolument rien arrangé.


Aujourd’hui, Krelyos a perdu deux souverains en l’espace de deux batailles. Si nous avons gagné la première guerre haut la main, la victoire sur cette seconde guerre s’annonçait bien plus incertaine, voire complètement floue. La paix semblait devenir un mythe.


Une main se posa sur mon épaule, m’arrachant à mes pensées sombres. Altaeon, seigneur des japihas, me regardait de ses yeux dorés, mélancoliques mais apaisant. Je tentai vainement un sourire, écrasé sous le poids de la situation.


Les centurions se retirèrent, rejoignant alors les autres dignitaires. Je m’approchai et saisis doucement la corde du cercueil. Je levai la tête vers l’immense arche qui se dressait face à nous, précédée d’un grand escalier. Mes pensées tourbillonnaient. Les souvenirs d'une époque où les éléments et les nations vivaient en harmonie me paraissaient désormais lointains, presque effacés… Des vies arrachées, comme de simples grappes de fruits sans valeur, s’étaient entassées, civils et guerriers mêlés, en un nombre si grand que même les dieux ne pouvaient plus les dénombrer. Krelyos saignait depuis des décennies. La paix résonnait à présent comme une légende oubliée. Les batailles incessantes, innombrables, semblaient l’avoir davantage éloigné qu'elles ne l'avaient rapprochée.


Chaque pas était une agonie. Nous gravîmes l’arche dans le silence. Le lac Eris se dessinait au bout de la vallée de Galatéa, seuil mystique entre la vie et l’au-delà, là où s’achève la vie que Gaïana insufflait en chacun de nous — destination du dernier adieu. Le poids du cercueil n’égalait en rien celui de la douleur qui s'accrochait à nos cœurs, implacable geôlière de notre souffrance.


Le souvenir de père me hantait. Je l’ai regardé mourir. Comment pouvais-je prétendre être digne de la couronne ? Mes larmes montaient, brûlantes et inéluctables, mais je les retenais. Le chagrin m’étouffait.


Nous déposâmes le cercueil sur la berge. Himmel se dressait fièrement de l’autre côté du lac, son sommet dissimulé dans les nuages, tel une demeure interdite.


Mes yeux dérivèrent vers l’horizon brumeux, tandis que mes confrères prenaient position autour de moi, silencieux, face au cercueil prêt à prendre le large. Une main se posa sur mon épaule. Caïus, le prince de Terberis. Je n’avais pas besoin de le regarder pour le reconnaître.


La chaleur de sa paume envahit mon corps, envoyant des frissons le long de mon échine. Je fermai les yeux, les souvenirs déferlèrent, s’entrechoquant dans un chaos muet. Joie, douleur, regrets... un diaporama cruel. Je mordis ma lèvre avec tant de rage qu'un goût métallique vint troubler mon palais.


Puis je vis sa lumière. Une lueur éclatante blanche et dorée. Maman. Sonvisage s’illuminait d’un sourire fragile. Elle me parlait sans un mot. Elle marchait sur l’eau, vêtue d’une longue robe blanche aux fils dorés. Elle m’offrait ce qu’elle m’avait toujours donné : son amour inconditionnel.


  1. Tout va bien mon enfant...


Ces mots résonnèrent en moi comme un baume. Les larmes coulèrent d’elles-même. Je respirai. Le moment était court, mais éternel. Je tentai un sourire fragile, au travers de mes larmes. Je la remerciais d’être là, d’être mon pilier inébranlable au milieu de ce chaos.


Je levai la main. La magie s’éveilla dans ma paume. Le vent s’intensifiait autour de moi, vif mais réconfortant, comme un dernier adieu. Dans un souffle, j’entamai le chant funèbre en langue divine :


  1. Que son âme trouve la paix à l’issue de ce voyage ...»
  2. Kihaistènkãş» répétâmes-nous


Le prince des vents mumura : «Roïgare...».


Un éclat traversa l’eau. Le cercueil s’éloigna, bercé par les vagues. Mère le suivit.

Mon esprit se refusait d’accepter le départ de sa majesté, mais mon coeur, lui, m’imposait cette réalité inéluctable. La vie, après tout, ressemblait à un livre ou à un film ; elle avait un début, et elle devait avoir une fin. Elle se devait de suivre son cours. Que ce soit Gaïana, Aldaron ou le destin qui choisissent de nous rappeler à eux, c’était une nécessité. Sans cela, la vie deviendrait une torture sans fin, pour ceux qui partent comme pour ceux qui restent.


L’âme du roi Maëldan se détacha de son corps, sombrant dans les eaux. Avec une grâce inifie, Mère lui tendit une main délicate ; leurs doigts s’entrelaçèrent. Puis dans un dernier geste d’adieu, le roi nous fit face. Un sourire radieux illuminait son visage. Il hocha doucement la tête, comme un dernier adieux. Un remerciement silencieux.


Nous répondîmes tous par un sourire empreint de solennité. Chacun notre tour, nous levâmes nos épées. Une lumière jaillit, scellant notre alliance. Ce jour-là, nous jurions de poursuivre son combat, et d’honorer, à jamais, l’héritage qu’il nous avait légué.


Mère m’adressa un dernier sourire, doux et empreint de réconfort et de pureté. Ensemble, ils se dissolurent lentement dans un nuage de poussière d’or et d’argent, s’élevant vers le ciel.


Ainsi, le roi Maeldan avait quitté ce monde, pour de bon.


Fin POV Prince de Célestia


A des kilomètres de là, les flammes s’étaient éteintes, ne laissant derrière elles qu’un paysage de cendres. Sous la fumée des brasiers éteints, le sol était abimé et souillé du sang des charognes. Un lourd silence enveloppait la désolation, brisé seulement par la brise glaciale osant défier ce champ de ruines. L’identité du royaume, autrefois animée par un feu que l’on croyait éternel, avait disparu, effacée. Les ténèbres avaient chassé la lumière.


Au cœur de ces terres désolées, se tenait une cérémonie de sacre. Les soldats formaient une haie d’honneur le long d’un tapis andrinople. Genou à terre, leurs épées pointées vers le sol, tous attendaient leur nouveau souverain.


L’obscurité recouvrait une partie de la pièce, luttant contre son éternelle ennemie, la lumière. Un rayon pâle se diffusait sur les armures ternies et cendrées des soldats. Les flammes crépitantes tentaient de préserver un semblant de puissance. Mais pour les fidèles du despote, ce n’était qu’une question de temps : Le pouvoir élémentaire, puisé au coeur de la planète, faiblirait bientôt. Alors le nouveau roi n’hésiterait pas à absorber cette force vitale, consolidant ainsi sa conquête impitoyable.

Soudain, les portes s’ouvrirent dans un grincement lourd et sinistre. La lumière froide des lustres de cristal chassa les ténèbres. Une silhouette entra.


Tous se redressèrent dans un claquement métallique. D’un mouvement uniforme, ils se tournèrent vers la silhouette imposante à l’entrée de la salle, au pied du chemin tapissé.

Dans une harmonie de fer et d’acier, tous posèrent à nouveau un genou à terre, abaissant leur arme en signe de soumission.


  1. Longue vie au roi-empereur.


Un sceau rouge s’inscrivit sur leur poitrine. La teinte terne et cendrée de leurs armures se mua aussitôt en un noir de jais, luisant d’une perfection sinistre. Leurs glaives paraissaient nouvellement forgés, marqués d’un éclat surnaturel. Un sourire triomphal fendit alors les lèvres du nouveau souverain.


Il avançait, lent et sûr de lui. Ses iris dorés brillaient d’un éclat féroce. Une aura sombre l’enveloppait. Le temps s'était figé ; le monde, silencieux, semblait retenir son souffle.


Il admira chaque détail du trône, le phénix sculpté dans l’or lui-même, emblême du royaume, les centaures ailés. Le velours écarlate sublimait l’or et les ornements du trône, lui conférant une allure imposante et presque divine, comme un défi aux ombres grandissantes. L’empereur des ténèbres se délecta de cette beauté quasi divine. Il émit un rire narquois. Tout lui était déjà acquis.


Lorsqu’il prit enfin place, les flammes, comme mues par une volonté propre, s’enroulèrent autour de lui. Leur éclat, d’abord rouge comme le sang, vira lentement au bleu célèste. C’était un feu si chaud qu’il en paraissait froid. Une clarté spectrale inonda alors la pièce, oscillant entre jugement divin et silence glacé.


Les vêtements et la peau du mage obscur commencèrent à se consumer sous ce brasier azur. Les soldats, impassibles jusque-là, frémirent face à ce spectacle périlleux. Leurs mains se resserrèrent instinctivement sur le manche de leurs épées, prêts à intervenir. Prisonnier de l’aura menaçante de leur maître, tous demeurèrent figés.


Un rire sombre et guttural fit vibrer les murs, puis soudain, une déflagration obscure déferla, envahissant les lieux. Les ténèbres écrasèrent les flammes sous la poigne de leurs griffes avides. L’or scintillant vira à un noir aussi sombre que l’ébène. Le noble phénix se mua en un dragon maléfique, et les centaures devinrent des chimères. La splendeur du trône de Pyros, fut chassée dans un éffroi glacial, reflétant désormais son nouveau maître.


Dans l’obscurité oppressante, deux soldats s’avancèrent à ses pieds, lui présentant deux cadeaux distincts : un sceptre et une épée. D’une main habile et délicate, il brisa l’éclat du sceptre. Sa couche d’or s’éteignit dans sa paume, comme une étoile mourante. Le rubis qui le décorait se reduisit alors en poussière.


De son autre main, le nouvel empereur tira l’épée de son fourreau dans un geste assuré. Tel un venin, les ténèbres dévorèrent la lame, lentement.


Un sourire parfait, empreint d’une cruelle satisfaction, se dessina sur le visage du conquérant. Ses yeux, luisant tel deux ambres, s’illuminèrent d’une lueur triomphante. D’un geste théâtral, le roi des ténèbres brandit l’arme désormais asservie au pouvoir obscur. Tout lui appartenait désormais. Chaque vie, chaque souffle, chaque silence.


Un troisième chevalier s’avança, portant une couronne entre ses mains. Avec une précision mesurée, il déposa l’objet sur la tête du ténébreux, puis se retira dans une révérence. Il regagna sa place parmi ses semblables après l’autorisation silencieuse de ce dernier.


Le sourire du souverain s’étira davantage, une ombre de triomphe marquant ses traits froids. Il se leva doucement de son trône. Son dos droit et son port impérial semblaient défier les cieux eux-mêmes, tandis que son regard, glacial comme les profondeurs de la nuit, glissa lentement sur l’assemblée. Sa voix, froide et profonde, brisa le silence pesant de la salle :


  1. Mes chers soldats, aujourd’hui, Pyros est tombée. Ceci marque le commencement d’une nouvelle ère. La reconquête a commencé.

Sa voix, envoûtante, résonna dans la salle, chaque mot s’enfonçant comme une lame dans l’atmosphère pesante. Il s’arrêta, laissant ses paroles s’infiltrer dans le silence absolu.


  1. Mais ceci n’est que le prélude. La véritable bataille commence maintenant. Les royaumes qui s’étendent au-delà de ces terres n’ont pas encore goûté à notre pouvoir. Leur ignorance sera leur perte. Chaque cité, chaque forteresse, chaque royaume pliera sous notre volonté. Les cieux pleureront, les terres trembleront, et le monde connaîtra enfin le véritable sens de la terreur.


Il marqua une pause, son ton devenant plus personnel, presque venimeux :


  1. Prépare-toi, Krelyos... car lorsque le voile de la nuit se lèvera, il sera déjà trop tard pour toi.


Il brandit à nouveau l’arme corrompue vers le plafond. Les ombres tapissant la voûte semblaient s’agiter, tourbillonnant dans une danse macabre autour de l’épée. Son regard perçant s’attarda sur le métal sombre, comme s’il en pesait chaque fragment de puissance.


Puis, abaissant lentement l’arme, il fixa un point droit devant lui, son visage se refermant complètement. La pointe du glaive indiquait la même direction.


Ses lèvres s’entrouvrirent avec lenteur pour prononcer d’une voix grave et implacable :


  1. L’aube ne se lèvera plus jamais.


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