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Jade

Jade

Publié le 2 juil. 2024 Mis à jour le 3 juil. 2024 Fantaisie
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Jade

Jade… Je m’appelle Jade.

Une peau tannée par le soleil, des yeux d’ambre et des cheveux blancs tourbillonnants comme autant de volutes de fumées indomptables.

Le regard fixé sur le miroir face à moi, je caresse du bout des doigts les quatre cicatrices qui ornent mon visage. Il s’en ai fallu de peu que je perde mon œil gauche ce jour-là. Ce jour maudit. J’étais enfant, je ne savais pas, je ne réalisais pas. La proximité du camp m’a donné une fausse sensation de sécurité et j’en ai oublié la prudence. Quelques mètres trop loin. Juste quelques mètres de trop. C’est ce qui a suffit à me mettre en danger. C’est ce qui a suffit à causer sa mort.

Je me souviens. La peur. La bile dans ma bouche. Je crois que j’ai crié en voyant le grand félin se jeter sur moi. Je n’ai pas eu le temps de fuir, juste de me tourner. Mais c’était trop tard. Les griffes étaient sur moi. Je me souviens de la douleur, mon regard qui se brouille.

Il est apparu d’un coup. Il s’est jeté sur le fauve en hurlant, armé seulement d’une dague. Le coup fatal qui m’était destiné, c’est lui qui l’a reçu. Il a tout juste réussi à blesser suffisamment le prédateur pour que celui-ci préfère fuir des proies qu’il ne pensait pas aussi dangereuse.

Ce jour là, mon père est mort dans mes bras, dans mes larmes et mes sanglots.

Je me souviens les cris de ma mère. Je me souviens la cérémonie des Adieux. Je me souviens le bûcher. Je sens encore sur moi les regards. Ils ont eu beau me dire que je n’y étais pour rien. Que depuis le cataclysme, la vie était ainsi, dure et cruelle. Je ne les ai pas cru.

Mon père est mort par ma faute.

De lui je n’ai gardé qu’une petite poignée de cendre dans un flacon suspendu à mon cou.

J’ai grandi. Je suis devenue chasseresse. Désormais, je suis le prédateur et les félins sont ma proie. Je ne laisserai plus personne mourir pour moi.

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