Pourquoi je fais partie de la tribu des écoworkers
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Pourquoi je fais partie de la tribu des écoworkers
(Ma réponse à l'article Faites-vous partie de la tribu des écoworkers ?)
Ça fait bientôt 5 ans que je fais du marketing et de la rédaction de contenu pour des startups en freelance. Pourquoi en freelance ? Au début, c’était surtout pour pouvoir vivre entre Paris et Rio, ma ville de cœur. Mais après quelques carnavals, des litres de paillettes (éco-responsables pour ne pas tuer les petits poissons 🐠) et des élections présidentielles (sans commentaire), j’ai décidé que finalement la France n’était pas si mal…
Sauf que j’avais goûté à la liberté de la vie de freelance, et il n’était pas question de retrouver un travail salarié classique (malgré les suggestions insistantes de mon entourage). Pour autant, les relations humaines restent très importantes pour moi, et les quelques échanges téléphoniques avec mes clients, rarement suffisants. À défaut de multiplier les réunions, j’ai cherché à diversifier mes lieux de travail : dans un café, chez une amie, dans un espace de coworking (coucou l’équipe du WoMa)... et j’ai fini par atterrir à Officience (grâce à la géniale Anne-Laure Romanet) (merci pour la vie🙏). C’est là qu’a commencé mon aventure au sein de la tribu des écoworkers…
Mais revenons au début.
De l’école au monde du travail, une longue désillusion
Du plus loin que je me souvienne, ma mère m’a soutenu mordicus que si je travaillais bien à l’école, je pourrais choisir un métier qui me plairait. N’ayant pas vraiment d’idée de ce que je voulais faire, je l’ai écouté, plus par curiosité que par enthousiasme, et j’ai poursuivi une scolarité plutôt réussie. Je m’ennuyais souvent en classe, mais avec un livre ouvert 📖 sur les genoux, les cours passaient beaucoup plus vite.
(Petit aparté, je ne comprends toujours pas comment, en dévorant des livres dès que j’en avais l’occasion, j’ai pu autant détester chaque livre étudié à l’école… Les méthodes de l’Education Nationale seraient-elle à revoir ? 🤔)
Bref, j’ai continué jusqu’au Bac (S bien sûr, puisque je me débrouillais en math et en physique), puis en prépa faute de mieux, et j’ai atterri en école d’ingénieur. Dire que je n’ai pas été très passionnée par les enseignements serait un euphémisme. À l’époque (je crois que ça a changé depuis), les enseignants-chercheurs qui nous donnaient les cours ressortaient les mêmes transparents écrits à la main 30 ans plus tôt, pour nous apprendre “le socle commun indispensable aux futurs ingénieurs”. De leurs recherches, à la pointe de leurs domaines respectifs : nada. Sans parler du lien avec le monde industriel : inexistant (en tout cas pendant ces deux années de fameux “tronc commun”).
Il paraît que la dernière année est la plus intéressante. Je ne le saurai jamais, j’ai préféré m’envoler pour finir ma scolarité aux Etats-Unis avec une idée en tête : développer toutes les compétences nécessaires pour décrocher mon premier poste dans le domaine que je pensais fait pour moi : le conseil. Sur le papier, tout collait : aider des entreprises à mieux fonctionner, travailler sur des projets variés avec des personnes brillantes, être challengée, me sentir utile… Je ne connaissais pas le concept de bullshit job à l’époque. L’illusion est vite tombée, et avec elle, mon enthousiasme et mon énergie 🙇♀️.
(2e aparté : certains de mes amis ont longtemps travaillé ou travaillent encore dans le conseil. Je ne me permettrai pas de juger leur boulot, je ne parle que de mon expérience ici. Dans la grande majorité de mes missions, j'ai eu le sentiment très fort que même si je faisais du mieux que je pouvais et que la mission pouvait être considérée comme "réussie", ça n'allait rien changer fondamentalement pour l'entreprise, a fortiori pour la société)
Après quelques mois à me tourner les méninges 🤯 pour trouver ce que je pourrais bien faire de ma vie, j’ai sauté sur le nouveau Graal de ma génération : le monde des startups. Qui n’était pas si différent du monde du conseil en réalité (j’en parle ici : Consulting vs. Startups).
Malgré l’ambiance cool, les gens sympas et la croyance qu’on était en train de changer le monde, ma vie manquait encore cruellement de sens. Et puisque je n’arrivais pas à trouver le job de mes rêves, j’ai décidé d’en suivre un autre de rêve, celui de partir vivre à Rio 😍.
Ma vie de freelance, entre liberté et manque de sens
Je suis partie la fleur au fusil, avec pour seuls bagages 2 mois de portugais du Brésil en méthode Assimil, une amie et demi, deux contacts pro au Brésil et un visa de touriste de 3 mois. J’étais large. Je vous passe mes pérégrinations, mais après quelques tentatives de travail non satisfaisantes, j’ai décidé de me lancer en freelance. Ou plutôt, une première mission m’est tombée dessus sans que je ne demande rien, et je me suis dit que c’était le meilleur moyen de vivre mon nouveau rêve : la vie de digital nomad (autrement dit comment profiter de la différence de niveau de vie pour facturer cher et vivre en ne travaillant que quelques heures par semaine).
Un visa journaliste en poche (merci Dan 🙏), j’ai commencé ma vie de freelance entre Paris et Rio, profitant de l’hiver parisien pour m’évader au soleil et vivre plus intensément que je ne l’avais jamais fait.
Pour autant, la vie carioca est loin d’être rose tous les jours. L’école publique est désastreuse, les associations (comme le projet Bandeirantés Já dans une communauté de l’ouest de Rio) (pour ne pas dire favela) proposent du soutien scolaire pour s’assurer que les enfants apprennent correctement à lire et à écrire. Le salaire minimum correspond au niveau de notre RSA, obligeant de nombreuses familles à vivre à 2 heures de transport du centre ville, ou dans des favelas insalubres. Les transports publics sont détenus par des entreprises privées qui proposent des tarifs hallucinants (pas de carte mensuelle ou illimitée). Résultat, certains travailleurs préfèrent dormir dans la rue pendant la semaine pour économiser le prix du transport, et ne rentrent chez eux que le week-end (j’ai découvert le concept de “personne en situation de rue” en discutant avec un copain de fanfare, Murillo Sabino, fondateur du projet RUAS).
Mais tout ça reste supportable tant que les gens gardent le sourire et leur joie de vivre (et c’est la principale qualité des Cariocas). Mais avec un nouveau président raciste (anti-noir et anti-pauvres), misogyne, homophobe, écocide et j’en passe, la balance a commencé à s’inverser… Et côté boulot, les questions sur le sens de mon travail commençaient à poindre le bout de leur nez de nouveau.
À la recherche de ma raison d’être
Et si, au lieu de chercher ce que je devrais faire, je réfléchissais au “pourquoi” ? À ma raison d’être, ma mission de vie, ma contribution au monde ?
J’ai beau connaître par cœur la vidéo “Start with why” de Simon Sinek et son concept de “golden circle”, j’ai beau être familière de l’idée que définir la raison d’être d’une entreprise permet d’attirer les bonnes personnes, je ne m’étais jamais posée la question à moi même. Et c’est un peu la révolution dans ma tête !
Après des années à chercher ce qui ferait sens pour moi, ce qui commence à être clair c’est que j’aimerais contribuer à changer le monde du travail et travailler à changer le monde. Pourquoi le monde du travail ? Car c’est celui qui m’a apporté le plus de souffrance du fait du désalignement profond avec mon être (c’est mon why, si vous n’avez pas suivi). Et parce que j’ai beau avoir une vie personnelle épanouissante, si ça ne va pas dans mon travail, ça ne va pas tout court (et je pense que je ne suis pas la seule).
Comment ? Pour le moment, par ces 3 axes (j’ai bien conscience que la vie est un chemin et que ça va encore certainement évoluer) :
> en aidant les projets / asso / alternatives positives qui œuvrent pour mes causes* à multiplier leur impact (avec notamment la raiponse),
> en apportant une conscience de ces mêmes causes à mes clients habituels : startups et entreprises dans la tech,
> et en inspirant les individus à retrouver leur liberté d’être et d’agir, et à créer la vie (professionnelle) qui leur convient, et c’est là qu’intervient le projet d’écoworking.
* Mes causes (principales) : la liberté d’être et d’agir, la justice sociale, l’inclusion (handicapés, SDF, réfugiés, minorité, …), l’écologie / la durabilité, la résilience, l’éducation (émancipatrice)
Ce qui me parle dans ce projet d’écoworking, c’est ce que Duc a très bien résumé dans l’article La rentrée de l’éco-working en définissant notre objectif premier :
Déployer une vision optimiste du travail de demain, lequel optimisme qui contient : durabilité, impact, et non aliénation à la fois sur les plans économiques et environnementaux.
Dans cette vision optimiste du monde du travail, les individus seraient à la fois libres de travailler en fonction de leurs aspirations, affinités et causes, et responsables de leur choix. De cette souveraineté, découlerait une tendance naturelle à inscrire ses actions dans une démarche de durabilité et une volonté de “faire le bien”, d’avoir un impact positif sur soi, sur les autres et sur la planète.
Mon rêve à moi : faire de la tribu des écoworkers une nouvelle utopie réaliste à ajouter au livre éponyme de Rutger Bregman, et permettre à chacun de vivre libre et s’épanouir, dans une vision holistique de la Vie.
(PS : Merci Agathe, Fabienne, Duc et Patrick pour vos relectures et commentaires)
(PPS : Si cet article vous interpelle et que vous voulez en savoir plus sur l'écoworking, contactez-moi !)