Fidèle à ses convictions, Floriane Addad propose un nouveau modèle d'économie collaborative, solidaire et écolo avec MyTroc
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Fidèle à ses convictions, Floriane Addad propose un nouveau modèle d'économie collaborative, solidaire et écolo avec MyTroc
Aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre de Floriane Addad, fondatrice et présidente de MyTroc, une plateforme de troc où peut s'échanger tout ce dont on a envie.
Son talent ? Elle a su mettre en place avec brio un nouveau concept d’économie collaborative pour lutter contre la surconsommation et le gaspillage.
Un concept accueilli avec succès par ses milliers d’utilisateurs qui forment ensemble une communauté solidaire, basée sur le partage et l’entraide.
La plateforme a été reconnue d’utilité sociale et solidaire par l’Etat et de transition écologique par l’ADEME.
Un succès inspirant que je suis heureuse de partager avec vous aujourd’hui dans cette interview !
1 - Peux-tu nous présenter brièvement ton parcours ?
Avant de me lancer dans cette aventure, je réalisais des comédies musicales pour enfants. J’avais aussi un groupe de musique et l’on se produisait sur de belles scènes parisiennes.
En 2015 j’ai tout arrêté pour me consacrer entièrement à MyTroc. Sensible à l’écologie depuis mon enfance, il fallait que je fasse quelque chose pour « réparer » le monde et faire ma part.
2 - Tu as créé My Troc en 2015 qui compte aujourd’hui 5 personnes, peux-tu nous expliquer le concept?
Effectivement, aujourd’hui nous sommes 5 salariés dont 3 associés.
MyTroc.fr est une plateforme innovante de don et de troc de biens et de services fonctionnant avec une monnaie virtuelle, la noisette. La noisette est la première monnaie au service du développement durable générée par les actes de consommation responsable et solidaire de ses 173 000 utilisateurs.
Le but : réduire la surconsommation et le gaspillage, lutter contre la précarité, favoriser le lien social et la résilience.
Aujourd’hui, des marques responsables et structures culturelles proposent aussi leurs produits sur la plateforme en échange de noisettes.
3 - Comment l’idée t’est venue ?
L’idée m’est venue en regardant autour de moi : le gaspillage de milliards d’objets qui peuvent encore servir alors que nous surconsommons et produisons sans limite et que les ressources de notre planète s’épuisent; le système économique qui n’est plus adapté au monde actuel et qui va à l’encontre de l’humain et de l’environnement ; et la pauvreté qui ne cesse d’augmenter.
Pourtant, il y a déjà des millions d’objets en circulation, nous avons tous des choses dont nous n’avons plus besoin et qui peuvent être utiles à d’autres et nous avons tous un savoir-faire pour rendre service à quelqu’un…
4 - Quel est votre modèle de revenus ?
Après les résultats probants de notre plateforme grand public, nous dupliquons notre solution et son impact pour des entreprises et administrations en leur développant des plateformes collaboratives d’échange de matériel professionnel ou de compétences, personnalisées et sur mesure.
5 - Vous comptez aujourd’hui des milliers d’utilisateurs conquis. C’est une belle réussite ! Comment vous y êtes-vous pris ?
Pour que nous ayons un plus grand impact positif encore, il faudrait que nous soyons des millions, mais oui, c’est déjà pas mal quand on sait que nous avons démarré avec rien, juste l’ambition de pouvoir, un peu, changer les choses !
Nous avons eu de la chance, car au tout début de l’aventure, de nombreux médias ont parlé de nous et ont fait connaitre notre concept.
Nous avons organisé des événements comme les troc party qui se déroulent 1 fois par trimestre à la Recyclerie.
Nous avons également créé des partenariats avec différents acteurs, je pense notamment à Commune Opportunité qui donne des noisettes à ses inscrits.
Toutes ces actions ont suscité un bouche à oreille qui nous a été favorable.
Mais tout n’a pas été de tout repos ! Être entrepreneur, c’est les montagnes russes ! C’est passer de la joie et l’euphorie à une détresse profonde, passer de la réussite aux échecs, des échecs à la réussite… Et ça n’a pas toujours été facile de convaincre nos premiers clients, nos premiers business angels, nos premiers partenaires…
6 - Au-delà d’utilisateurs convaincus, peut-on dire que vous avez créé une communauté de trocqueurs?
Oui, une belle communauté résiliente d’entraide. Nous avons de nombreux MyTroqueurs-euses très investis. Les gens se rencontrent, se revoient, partent les uns chez les autres en vacances, de belles amitiés sont nées.
Je pense que le fait qu’il n’y ait pas d’argent sur MyTroc, les rapports humains sont plus authentiques.
7 - De grands groupes ont été convaincus par MyTroc. Comment s’engagent-ils à vos côtés ?
Ils intègrent nos solutions dans le cadre d’une démarche RSE et d’économie circulaire au sein de leur structure. Elles leur permettent d’échanger du matériel professionnel et / ou des compétences en interne. Le nombre d’objets échangés et ré-employés – qui évitent le gaspillage – et les économies réalisées servent de statistiques dans leur rapport RSE.
Par exemple la SNCF a économisé plus de 400 000 euros en 18 mois grâce à 17 000 salariés inscrits.
8 - Ces acteurs ont un grand rôle à jouer au niveau de la transition écologique. Y vois-tu une accélération de leur implication dans ce rôle ?
Il y a encore énormément de gaspillage et de surconsommation dans les milieux professionnels. Les acteurs privés et publics ont un rôle à jouer pour favoriser le développement durable et la transition écologique, notre avenir à tous en dépend. De plus en plus d’entreprises et d’administrations ont une appétence sur ces sujets là, mais cela ne se développe pas assez vite…
9 - Vous avez récemment levé des fonds auprès de Makesense. Quels sont vos projets pour la suite?
Nous envisageons de développer notre solution BtoB et BtoA et de nous faire connaitre davantage auprès du grand public.
10 - On demande souvent aux entreprises de définir leur WHY, leur raison d’être. Quelle est la vôtre?
Notre raison d’être ? Que chacun puisse avoir accès aux biens et services dont il a besoin, sans contrainte financière, dans un modèle d'économie circulaire, sociale et solidaire, respectueux de l'environnement et facteur de lien social !
11 - Quelle est la plus belle expérience que tu retires de cette aventure ?
Je dirais les gens. J'ai rencontré plein de personnes extraordinaires, positives, altruistes, bienveillantes, qui changent le monde à leur échelle. Ça fait du bien de voir que nous ne sommes pas seuls à être conscients de la situation et à essayer d'y remédier... Si tout était à refaire, je le referais, rien que pour ça...
Et puis grâce à cette aventure, je suis appelée chaque année pour intervenir à l'ONU de Genève lors de colloques sur le développement durable. Partager ses idées et expériences dans un endroit emblématique comme celui là avec des intervenants incroyables, c'est toujours un moment intense et magique !
12 - Quels conseils adresserais-tu aux entrepreneurs qui se lancent dans un projet à fort impact social, solidaire ou environnemental ?
Il faut s’accrocher, mais ca vaut le coup ! Avoir un modèle économique viable, savoir bien s’entourer, et y croire, jusqu’au bout…