Agatha Petipois et le cadeau d'anniversaire Chapitre I
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Agatha Petipois et le cadeau d'anniversaire Chapitre I
Agatha Petipois et le cadeau d'anniversaire
Chapitre I : Lectures
Vous l’ignorez peut-être, mais il existe quelque part, dans un lieu gardé secret, une ville peuplée de monstres en tout genre : Halloween. Vampires, chimères, gnomes et autres fées s’y sont rassemblés, loin du tumulte des humains. Il faut bien les comprendre. Leur vision semble toujours provoquer de grands cris, de pénibles traques, voire des bûchers peu chaleureux. Alors qu’ensemble, ils ne posent aucun problème! Du moins pas plus qu’une bande de pauvres mortels dépourvus de pouvoirs magiques.
N’imaginez pas qu’ils vivent tous les jours de fantastiques aventures et que chaque soir ils frappent aux portes des voisins pour réclamer des bonbons. Non, ces monstres y vivent exactement comme nous, les adultes travaillent et les enfants vont à l’école. Ils font du sport, des jeux, regardent la télévision et, parfois, quelqu’un commet un crime.
Alors que l’horloge de la chaumière affichait dix-sept-heures, Agatha, Lisa et Romulus poussèrent un soupir de soulagement en refermant leurs livres de mathématiques. Leurs devoirs terminés, le week-end pouvait commencer. Seulement, au lieu de sortir jouer ou d’allumer les consoles, cette petite bande avait pour habitude de se plonger dans un autre livre.
Agatha Petipois, une jeune sorcière de onze ans, aux cheveux mi-longs blonds comme le blé, s’étira avant d’attraper un cadre posé sur une chaise à côté d’elle pour le déposer sur son lit, contre le mur. En sortit une jeune fille de son âge, à la robe vert foncé et à la longue chevelure noire sur laquelle reposait un voile sombre. Lisa Citrogh était littéralement un portrait vivant. Comme plusieurs œuvres de son « père », Lisa avait pris vie après avoir été peinte. Depuis, elle pouvait se déplacer de tableau en tableau et même sortir de ceux-ci, du moins jusqu’à la taille. C’était sa condition très spéciale, même à Halloween, qui dirigeait leur trio vers d’autres loisirs que les autres enfants de leur âge.
Le troisième membre de cette petite bande, Romulus, prit place dans un pouf et entama une bande dessinée, un Gaston Lagaffe. En apparence, le garçon ressemblait à un humain parfaitement banal. Mais ça, c’est parce qu’il se rasait tous les matins ! Romulus était un loup-garou, il était donc doté d’un flair et d’une pilosité à toute épreuve. Pendant ce temps, en bonne hôte, Agatha tendit un livre à son invitée : une histoire à l’eau de rose, ses préférés.
Après s’être assurée que Lisa était bien installée, Agatha se saisit de sa propre lecture du moment, La Mort dans les nuages, une enquête policière de son auteure préférée, Agatha Christie. Cette dame, simple humaine, était considérée comme la Reine du crime. Même si ses livres étaient plus vieux que la directrice de leur école, la fillette avait tout de suite accroché !
La petite sorcière avait lu son premier roman, La Mystérieuse affaire de Styles, deux ans auparavant. Si elle l’avait choisi ce jour-là, c’était parce que l’auteure avait le même prénom qu’elle. Sa mère avait été stupéfaite de découvrir qu’elle l’avait terminé en moins d’une semaine. Agatha l’avait trouvé passionnant, au point de veiller tard la nuit pour poursuivre sa lecture en cachette. Il faut dire que l’histoire proposait une véritable énigme à résoudre, à l’aide d’indices disséminés à travers toutes les pages. C’était le genre de défis qui plaisait à Agatha.
Comme à son habitude, elle attrapa sa baguette, à qui elle avait donné l’apparence d’une loupe, et poursuivit sa lecture là où elle s’était arrêtée la veille. Elle se donnait pour mission de découvrir le meurtrier avant que l’enquêteur ne le dévoile. Pour l’instant, elle n’avait visé juste qu’à huit reprises sur douze, mais elle comptait bien obtenir sa neuvième victoire sous peu ! Concentrée, elle ne remarqua pas de suite que Lisa avait déposé son livre pour leur parler d’un sujet qui lui brûlait les lèvres : l’anniversaire d’une de leurs camarades de classe.
— Qu’est-ce que vous allez offrir à Béatrice, vous ?
— Moi, je lui ai pris une arbalète, lança Romulus en baissant sa bande dessinée. Et toi ?
— Une panoplie de peinture, répondit Lisa en soupirant. J’avais demandé à papa de passer au Broc à jouets, mais il a encore oublié.
— En même temps, la boutique a dû être prise d’assaut ces derniers jours, fit remarquer le loup-garou. Ma mère y a passé des heures, elle était furax en rentrant !
— Ah bon ? s’étonna Agatha en daignant enfin abandonner sa lecture pour se mêler à la conversation. C’est déjà les soldes ?
— Non, c’est leur fameuse Poupée Mortadelle. Tu n’en as pas entendu parler ? La publicité est passée en boucle depuis une semaine à la télé !
— Je ne regarde pas beaucoup la télévision, reconnut la sorcière sans honte. C’est quoi, exactement ?
— Une authentique poupée vaudou désensorcelée, vendue avec toute la panoplie, récita Lisa. Une édition limitée, qui crie encore quand on la pique. Toutes les filles en parlent, tu es vraiment passée à côté ? D’ailleurs, Béa raconte que son père lui en a acheté une pour demain !
— On a passé l’âge de jouer à la poupée, grommela Agatha avant de jeter un regard discret vers son hibou en peluche, près de son oreiller. Moi, je lui ai pris un jeu de société.
— Un Cluedo ? devinèrent en cœur ses deux camarades.
— C’est un jeu génial ! assura Agatha, piquée à vif devant leur expression amusée. Il n’y a rien de mieux que de réfléchir pour découvrir les ficelles d’un mystère !
— Tu sais, Agatha, je me dis quand même qu’on a de la chance de ne pas avoir de vrai mystère sous la main, plaisanta Romulus. Le jour où ça arrivera, tu serais capable d’exploser d’excitation.
Lisa éclata de rire tandis qu’Agatha cachait son sourire derrière son livre. C’est vrai, elle ne demandait rien de plus au monde qu’un mystère à résoudre. Elle ignorait encore que son vœu n’allait pas tarder à être exaucé.