Trop de mots, vraiment ?
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Trop de mots, vraiment ?
J'ai un énorme attachement aux mots. Ils font voyager, rêver. Ils remplissent le silence et la vacuité de cette société de consommation riche d'argent mais vide de sens et de contact humain. Ils me donnent la force des super héros le jour où mon corps me fait hurler de douleur. Ils me rapprochent du bonheur. Et alors que dehors, des rideaux de pluie empêchent de franchir le seuil de la porte, les mots éclairent. La langue française est une découverte constante et on voyage ainsi d'homonymes en synonymes, de jeux de mots en syntaxe. Je trouve que la langue française est riche et doit le rester. Au même titre qu'un château ou un cours d'eau, c'est un patrimoine qui rythme notre culture collective.
Des " conseils " circulent beaucoup sur internet en ce moment, sur la façon d'écrire un bon texte sur internet. Nulle part, il n'est conseillé de se relire. Et pourtant, cela éviterait les oublis de morceaux entiers de phrase ! Encore la semaine dernière, je lisais un article d'un journaliste professionnel . Il commençait sa phrase, y glissait un " mais ". Or, je n'ai jamais connu la fin de la démonstration : il a passé à la phrase suivante, laissant un blanc dans son sillage. Dommage. Apparemment, il faut aussi éviter d'écrire trop ! Je pense qu'en matière d'art, quel qu'il soit, chacun est libre de faire comme bon lui semble. Bientôt le paysage culturel s'arrêtera à la caricature (la bande dessinée, ce sera trop long) et au langage sms. Vous seriez-vous permis d'aller expliquer à Zola que sa série des Rougon-Macquart allait user les yeux de par la longueur de chaque ouvrage ?Ah, et il faut aussi utiliser des mots simples, faciles d'accès pour ne pas fatiguer le lecteur. Pourtant, je croyais qu'il existe toujours des ouvrages nommés dictionnaires .... Pas étonnant que le langage s'appauvrisse, que les scientifques aient noté une baisse du quotient intellectuel. Laissez-moi vous dire ce qui me fatigue : nous sommes dans une société de la mollesse, du tout facile, du prè-mâché et du mouliné. Plus rien ne nous réveille, ne nous fait vibrer. Même la Terre en danger ne nous émeut pas, ne nous fait pas réagir pour changer nos habitudes de consommation. Nous sommes mous, rabougris, sans volonté.
Le plaisir ne réside-t-il pas dans la montagne à gravir ? Atteindre un but, chercher à s'améliorer, fait vibrer. Continuons comme cela et nous serons des zombies branchés à la 5 G (il faut au moins cela pour ne pas passer pour un Hamish ....), avec, pour tout échange entre nous, quelques grognements. Alors, bientôt, nous ne parlerons plus dans notre barbe mais dans notre masque ....
Sophie COCARD.
La photo a été réalisée lors de la promotion de l'ouvrage " les lettres de mon Figuier " écrit par Sandrine Arlaud, une romancière et amie, et par moi-même, à Mulhouse.