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3. On vous écoute - Londres, Grande-Bretagne

3. On vous écoute - Londres, Grande-Bretagne

Publié le 19 juil. 2024 Mis à jour le 22 sept. 2024 Policier
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3. On vous écoute - Londres, Grande-Bretagne

Un avion survole Portobello road, quartier ouest de Londres. Les étroites maisons de ville et petits immeubles aux couleurs bigarrées datent pour la plupart de la reconstruction d’après-guerre. Les propriétaires les ont bien entretenus et au fil des ans, chacun y a amené sa touche personnelle.

On est loin des immenses étendues de verdure du quartier bourgeois de Hampstead et du conformisme urbain des banlieues nord-américaines. Ici, seul un étroit trottoir sépare les façades de la chaussée. Parfois, des grilles en fer forgé défendent des jardinets qui bordent les quelques marches en béton menant aux perrons.

Du nord au sud, l’avenue Portobello traverse les faubourgs de Notting Hill en de capricieux méandres. Elle ondule, s’affine, s’élargit au gré des nombreux marchés et boutiques. Une longue portion piétonnière invite à chiner chez ses fameux antiquaires. Mais si l’on prend la peine de la suivre au-delà du strass touristique, on découvre un quartier résidentiel assez calme. Les quelques arbres plantés sur les trottoirs plus larges ajoutent un certain charme aux habitations. Les façades y sont toujours colorées, mais les teintes moins vives. Les peintures rouges, jaunes ou bleues, ont laissé place à des pastels plus doux.

À la lueur naissante du petit matin, les ombres se dessinent dans la rue encore vide. Les quelques voitures stationnées ressemblent à de gros félins assoupis devant le perron de leurs maîtres. Un cerisier japonais qui ne donne pas de fruits, mais produit de remarquables fleurs roses au printemps, dresse sa ramure en face d’un échafaudage destiné au ravalement de l’une de ces demeures.

Un peu plus loin, deux maisons — l’une bleu pâle et l’autre blanc cassé — ont mis leurs jardinets en commun, clôturés par une grille en fer noir. Un unique portail protège avec jalousie l’accès aux deux portes d’entrée.

Étrangement, si l’extérieur est entretenu avec régularité, derrière les épais rideaux le temps semble s’être arrêté. Des draps jaunis recouvrent le mobilier, les papiers peints témoignent par leurs motifs d’une époque révolue et l’air y est vicié. Seules des traces de pas répétés sur les parquets poussiéreux réfutent que les demeures soient inhabitées. Mais l’unique propriétaire des lieux n’utilise que très peu les étages, sa vie se limite à l’occupation du sous-sol.

 

« Le Docteur » opère depuis un abri anti-bombe de la Seconde Guerre mondiale. Son repaire n’a cependant plus rien du refuge inconfortable de l’époque du Blitz. Il s’étend sous la superficie totale des deux maisons, réaménagé dans son ensemble en un loft douillet truffé de technologies de pointe et de matériel de surveillance. Phobique social à tendance paranoïde, le Docteur ne s’entoure jamais assez d’équipements de ce genre pour se rassurer.

Surdoué tourmenté depuis son enfance, incapable de fonctionner correctement en société, le Docteur a reçu une éducation bourgeoise à domicile. Mais même la présence de précepteurs lui était au final devenue insupportable. Il avait alors très tôt canalisé son comportement reclus et obsessionnel en se tournant avec frénésie vers la micro-informatique encore balbutiante à cette époque. Ses nombreuses pathologies psychiques avaient trouvé là un terrain favorable pour libérer tout le potentiel de son génie. Sa personnalité introvertie et paranoïaque l’a entraînée vers la frange du monde informatique, le propulsant au rang de hacker le plus doué toutes générations confondues.

Il travaille pour le moment à pénétrer le réseau que Jérémy Baltac lui a indiqué. Depuis plus d’un quart de siècle, le Français a su lui démontrer son infrangible attachement. Il est son seul et unique ami. Les nombreuses épreuves surmontées ensemble ont valu à Jay de recevoir ce que l’insociable Britannique possède de plus précieux : sa confiance. Seul Jérémy connaît en effet la véritable identité du Docteur.

En règle générale, Jay n’incite pas Doc à accéder aux données de sa clientèle et les tentatives de pénétrations se terminent après avoir circonvenu les premiers périmètres de sécurité. Cette fois pourtant, il lui a donné carte blanche, incluant la récupération des informations confidentielles. Pour Doc, ce type de mission revêt les allures d’un vrai régal.

Il a traversé le premier bouclier avec aisance, déclenchant à n’en pas douter une alerte jaune de l’autre côté de la Manche. Connaissant son ami, le Docteur s’attend à affronter plusieurs remparts de sécurité différents pour parvenir aux données elles-mêmes. La défense mise en place par « Blue Jay IT Security » ne vise qu’un but : ralentir et analyser la stratégie de l’assaillant afin de pouvoir le repousser, protéger les informations avant qu’il n’y accède. Le Docteur sait que le temps représente le pire ennemi de son offensive. Il jette un œil distrait sur sa montre et constate avec contentement qu’une heure à peine s’est écoulée depuis le début de son attaque.

Il traverse la seconde ligne de défense avant d’être chassé du réseau. Tel Ulysse face aux Troyens, il profite alors de la crédulité de l’un des sous-systèmes pour porter sournoisement son assaut final. Un peu avant 6 h, heure de Londres, la citadelle s’effondre. Les fortifications de cryptage vaincues, Doc commence à piller les données confidentielles qui gisent sans plus de protection.

Quelques minutes après que l’alerte rouge ait retenti dans les locaux du client, le Docteur reçoit un message de capitulation de la part de Jay. Il met aussitôt fin à son attaque. Lorsqu’il s’enquiert de sa performance auprès de son complice, ce dernier lui confirme qu’il reste le meilleur. Doc remarque cependant bien vite l’inutilité des informations récupérées et affiche un sourire appréciateur. Il retourne le compliment à son ami.

À peine le bref échange de textos terminé, les systèmes de sécurité de Doc font à leur tour retentir une alerte. Se tournant vers l’un de ses nombreux écrans de contrôle, il pianote quelques commandes pour afficher le rapport d’analyse. Il repère tout de suite des incohérences au niveau des signaux digitaux transmis et en conclut que la ligne de son ami est sur écoute…

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