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Les tics nerveux, parlons-en

Les tics nerveux, parlons-en

Publié le 13 juil. 2021 Mis à jour le 26 janv. 2022 Bien-être
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Les tics nerveux, parlons-en

La première fois que j’ai rencontré les tics nerveux je n’étais encore qu’une enfant. Mes parents ne sauront me dire à partir de quand mes tics sont apparus et j’étais bien trop jeune pour m’en souvenir. Selon moi, c’est comme s’ils avaient toujours été là, à des niveaux d’intensité différents selon mon état d’anxiété conscient ou subconscient.

Un jour, j’ai commencé à cligner des yeux puis effectuer un haussement d’épaule. Parfois l’un disparaissait pour laisser place à l’autre ou les deux étaient actifs en même temps. Pendant une période de mon enfance, je ressentais un réel mal être intérieur et un bruit étrange sortait de mes cordes vocales. J’ai commencé à prendre conscience qu’il y avait quelque chose d’étrange et que j’étais différente de mes autres camarades d’école. J’ai donc commencé à interroger un moteur de recherche pour mettre des mots sur ses symptômes. Je suis rapidement tombée sur des articles au sujet de « tics », de « tocs » et du syndrome de Gilles de la Tourette.

Ai-je des tics ou ai-je des tocs ? Peut-on parler du syndrome de Gilles de la Tourette ?

Le tic est aussi appelé communément « tic nerveux » et correspond à des mouvements compulsifs qui apparaissent de façon brusque et inattendue. Il existe deux catégories de tic : les tics moteurs (clignement des yeux, haussement des épaules, mouvement du visage) et les tics vocaux (émission vocale ou encore émission de mots, de phrases).

Au contraire, le toc de l’acronyme  « Trouble Obsessionnel Compulsif » correspond à des comportements répétitifs, irraisonnés, incontrôlables. Le mot le plus important dans la définition d’un toc c’est son caractère obsessionnel. L’obsession pour la propreté, l’obsession d’effectuer un rituel de rangement. On entend également souvent parler de l’obsession qu’une personne peut avoir à fermer, à plusieurs reprises, une porte pour s’assurer que celle-ci soit effectivement fermée.

Je commence au fur et à mesure à avancer dans mes recherches et à avoir un début de réponse à mes nombreuses questions. Il s’agirait donc de tics.

Encore aujourd’hui lorsque je rencontre de nouvelles personnes. Celles-ci m’interrogent sur mes mouvements répétitifs de l’épaule. Les questions auxquelles je suis souvent confrontées sont « as-tu froid ? », ou encore « as-tu une douleur à l’épaule ? ». Je vous avoue que je laisse parfois faire croire ce que la personne sous-entend, ne souhaitant pas m’étaler sur ce tic qui me différencie tant des autres. Pour la minorité de personnes à qui j’explique qu’il s’agit d’un tic, elles se demandent pourquoi je n’essaye tout bonnement pas de le contrôler. J’explique qu’il m’est impossible de le tenir en place et j’utilise alors pour exemple un moustique par lequel on se fait piquer. Vous ne pouvez vous empêcher de vous gratter tellement cela démange. Et bien c’est pareil pour mes tics, lorsque j’effectue ce mouvement c’est comme si je me soulageais d’une démangeaison. J’ai essayé à plusieurs reprises de contrôler cette « démangeaison », cette tension, mais celle-ci se solde par une répétition plus rapide du tic, comme pour rattraper le retard qu’il a pris lorsque j’ai tenté de le contrôler.

Je continue mes recherches et un point attire mon attention « maladies comportant des tics ». Ni une ni deux, je clique pour en savoir davantage : maladie de Gilles de la Tourette. Cette maladie raisonne dans ma tête, j’en ai déjà entendu parler. Cette pathologie comprend donc des tics mais pas seulement elle englobe des troubles du comportement, de l’apprentissage, de l’attention ou des troubles compulsifs. Des milliers de questions raisonnent dans ma tête et notamment « pourquoi moi ? »

Pourquoi ai-je des tics ? Suis-je la seule ? Il m’arrivait souvent de regarder par la fenêtre de ma chambre lorsque j’étais adolescente afin d’observer les joueurs sur le terrain de football. Un jour, je regardais un groupe d’enfants en train de s’amuser et l’un d’eux à attirer mon attention. Il effectuait à répétition un haussement d’épaule. J’ai alors compris ce jour que je n’étais pas la seule. Nous ne sommes pas seuls mais nous sommes une petite minorité car je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer d’autres personnes ayant les mêmes symptômes.

Quelles sont les causes des tics ? C’est une question à laquelle je peux répondre de par mon expérience mais une réponse scientifique permet d’aller plus loin sur ces causes.

Les tics surgissent de façon plus intense lorsque je suis stressée, contrariée ou anxieuse. Les tics permettent de me décharger des tensions pour retrouver du calme et mon niveau d’attention. Lorsque je dois me confronter à une situation inconnue, le stress monte et les tics surgissent de façon plus intense selon mon degré de stress. Il m’arrive aussi d’avoir des tics que je n’arrive pas à expliquer. Je comprends alors que mon subconscient essaye de me faire passer un message.

Selon certains scientifiques, dont Pierre Bourbaud, neurologue au CHU de Bordeaux, il s’agirait d’un retard de maturation  du cerveau. Ce qui expliquerait pourquoi les tics peuvent disparaître à l’âge adulte.

Que pouvons-nous faire contre les tics ? Est-ce guérissable ? Je pense que c’est la question à laquelle nous aimerions tous une réponse. Nous aimerions tous un jour vivre sans ces tics qui sont parfois un réel handicap. Je vous avoue qu’après presque 30 ans avec mes tics, je ne sais pas s’il est possible de s’en défaire. Un médecin vous conseillera un suivi psychologique, une thérapie comportementale et cognitive ou encore un traitement médicamenteux. Plutôt que d’essayer de s’en défaire pourquoi n’essayerons nous pas plutôt de vivre avec, de l’accepter ? C’est un cheminement assez long pour arriver à cette acceptation. S’accepter tel que nous sommes, prendre confiance en soi. Et peut-être que les tics finiront un jour par disparaître comme ils sont apparus. Je pense que c’est la réponse pour laquelle j’ai envie de croire. J’ai longtemps considéré mes tics comme handicapant. Lorsqu’ils sont intenses, cela est épuisant et cela en devient même douloureux physiquement. Le regard des autres n’est également pas évident à assumer. Aujourd’hui, j’ai envie de croire que nous avons notre place malgré nos différences car « qu’est-ce que la normalité ? ». Au fond, souhaitons-nous vraiment être normal ? J’ai eu ce déclic à l’âge de mes 30 ans, à l’autre bout du monde. Afin de fêter mon dernier jour de travail et mon retour en France, j’ai fait une soirée avec une collègue de travail qui était bien plus qu’une collègue mais aujourd’hui une réelle amie. Cela faisait 2 mois que nous nous connaissions et après tout ce temps, elle a fini par me poser la fameuse question « qu’as-tu à l’épaule ? Je lui ai donc fourni les vraies explications. Ma gêne, cette honte du tic lui était perceptible. Avec une bienveillance si naturelle elle m’a dit que mon tic était « cute » (traduction française : mignon), que cela faisait partie intégrante de moi et que cela fait ce que je suis aujourd’hui, que je serai éternellement unique. Après 30 ans de vie commune avec ce tic que j’ai toujours voulu rejeter ; c’était la première fois que quelqu’un me montrait l’aspect « positif » de ce que j’ai toujours considéré comme quelque chose de négatif, d’un inconvénient. On ne peut pas vivre par la perception que les gens ont de nous, mais grâce à elle, j’ai fait un premier pas dans l’acceptation de mes tics.

 

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