La campagne, premier jour du printemps

Cher Printemps,

Je sais, tu n’es pas le premier printemps que je croise dans ma vie, mais cette année est un peu particulière.

Lorsque les êtres aimés m’ont quittée il y a de cela des années, mon cœur s’est recouvert d’une épaisse couche de rouille d’où je ne pouvais m’extirper, et n’en avais d’ailleurs aucune envie, tant je me sentais vide et seule…

Les clameurs joyeuses de ce cœur fait pour aimer et choyer mes proches s’étaient tues depuis longtemps, et la torpeur m’avait gagnée tout entière…

Et puis, les années ont passé, lentement, trop peut-être, sans que je voie un quelconque changement s’opérer en moi…

Et voilà ce que ce matin, ma tristesse vacille !

J’ai entendu le joyeux gazouillis d’un oiseau, dont les trilles s’envolent vers le ciel d’un bleu limpide, et tout le paysage alentour est enchanté !

Mon cœur et mon âme sont touchés par son chant mélodieux et je me sens tout à-coup envahie d’un sentiment d’amour ! Oui, moi qui n’avais plus personne à aimer depuis des années, je ressens de nouveau de l’amour !

Amour de la Nature, amour de la Vie ! Le soleil darde joyeusement ses rayons sur mon visage offert à la brise légère envoyée par Éole ; on dirait que tous deux se sont ligués avec les oiseaux pour me libérer de ma solitude mélancolique !

Je cours dans mon jardin et m’enivre du parfum des fleurs fraîchement écloses. J’ai de nouveau envie de chanter et de mêler ma voix à celle des oiseaux, de tendre les mains vers le soleil et de toucher ses rayons, de t’écrire une ode, cher printemps, et d’aligner des strophes en ton honneur !

Mais je me contenterai de cette lettre, car je suis piètre poète…

Je sais bien que tu ne la recevras jamais, mais je dois tout de même l’écrire pour toi, afin de te prouver ma reconnaissance.

Grâce à toi et aux effets de ton arrivée sur la Nature, je me sens renaître et je sais que désormais, je pourrai de nouveau vivre pleinement sans m’enfermer de nouveau dans une morosité perpétuelle.

La rouille de mon cœur ? Disparue, grâce à toi !

Le vide de mon âme ? Disparu et remplacé par une admiration sans bornes pour les beautés de la Nature !

La torpeur dont j’étais envahie ? Disparue à tout jamais, je puis te l’assurer !

Oui, cher Printemps, je dois te remercier plutôt mille fois qu’une, car c’est grâce à toi que tout mon être renaît enfin à la vie !

Alors, merci, cher Printemps, merci de tout mon cœur pour ton aide.

Je t’envoie mille baisers.

Laurine.