Entre les cases
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Entre les cases
« Entrer dans des cases », « s’intégrer dans un groupe », « être un VRAI quelque chose »… Autant d’expression qui revienne à la même idée : satisfaire notre besoin d’appartenance et celui de plaire aux autres. Mais ce besoin peut vite nous faire oublier qui l’on est vraiment…
Aussi loin que vont mes souvenirs, j’ai toujours été un solitaire. Dans la cours d’école, dans ma famille, sur mes lieux de travail, dans l’association où j’étais bénévole… Toujours, j’ai été à part ; parfois par choix, parfois par dépit, souvent par nécessité. La raison de cela est simple : j’étais diffèrent, ma façon de penser étais différente, mes intérêts et sources de plaisir étaient différents, ainsi que mes sujets de curiosités…
J’ai beaucoup traîné sur les forums et groupes spirituels. Mais il arrivait toujours un moment où ma façon de voir les choses semblait se heurter aux idées arrêtées, aux stéréotypes et aux croyances limitantes. Le « tout est beau, tout est parfait », les divers langages spirituels que les personnes adoptaient, sonnaient faux à mes oreilles. Je me suis intéressé aux groupes anarchistes, censés être des libres-penseurs : même soucis. Mes « croyances spirituelles » m’ont valu d’entendre souvent « Ouais, mais tu n’es pas un vrai anarchiste, tu as des idées spirituelles »…
Récemment, j’ai découvert que j’avais une façon de réfléchir et de fonctionner proche de ceux qu’on appelle « les zèbres » ou « les HP ». J’ai étudié le sujet, je me suis inscrit sur des groupes et j’ai observé les publications et commentaires : même topo, alors qu’on est précisément dans un groupe de personnes qui « n’entrent dans aucune case » a priori. Les réactions méprisantes, les idées préconçues et autres préjugés pullulent et il n’est pas rare de lire : « tu n’es pas un vrai zèbre si tu penses ceci », « tu n’es pas un vrai HP si tu crois au magnétisme » et autres aberrations du genre…
Alors, que faut-il pour être des « vrai » ceci ou cela ? C’est à la fois très compliqué et très simple : occulter une partie de nous-même pour s’adapter aux groupes en question. Pour être accepté chez les anarchistes ? Ne surtout pas parler de spiritualité. Pour être accepté chez les HPI ? Ne surtout pas sortir une pensée qui sorte de la logique pure. Pour être un « vrai » spirituel ? Ne voir et ne parler que de la lumière et de notre combat contre l’ombre ; hors de question de s’énerver, d’être un tant sois peu pessimiste, réaliste ou de ne pas aimer tout le monde, car « ça fait pas spirituel ça ».
Bref, l’élitisme sémantique : “ce qu’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés” (merci Michel !)
Le conformisme, ça s’infiltre partout et verrouille nos pensées et actes sur des chemins prédéfinis dont il ne faut surtout pas s’éloigner…
Tout ça m’a appris une chose : on ne peut pas être totalement soi si l’on veut absolument s’intégrer à un ou des groupes. Car il y aura toujours une partie de nous qui ne réunira pas les conditions sine qua non pour « entrer dans leurs cases »…
Alors, doit-on absolument renier une part de nous pour « s’intégrer » ? L’humanité est-elle à ce point divisé dans le mensonge et l’illusion pour qu’on doive, par nécessité, porter un masque social en permanence ? Peut-on être authentique et appartenir à une équipe ? Tout cela semble compliqué…
Pour ma part, je renonce à faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour « m’intégrer », même si pour ça, j’aurai probablement droit à des remarques telles que « tu es bizarre » ou « il te manque une case »… Par ce que lorsqu’on est seul devant sa glace, ce n’est plus le regard des autres qui nous dévisage, mais le reflet de notre propre conscience. Celle avec qui l’on doit vivre au quotidien et qui nous chuchote a l’oreille, quand on est seul avec soi-même.
C’est la voix/voie que je choisis de suivre, car je sais qu’elle m’amènera à rencontrer mes pairs, ceux qui comme moi ont choisi d’être authentiques…
Chris Falcoz il y a 2 ans
Bravo pour ce texte et ce choix, car être soi-même est loin d'être aussi évident que cela devrait l'être. Lorsqu'on ne rentre pas dans les cases, on se fait souvent taper dessus pour nous y faire entrer...
Al De Leerey il y a 2 ans
Merci. Oui en effet, quand on entre pas dans les cases pré-établies, on est souvent la bête noire à chasser et remettre en cage au plus vite. Dans cette société, les personnes qui pensent et agissent de manières "indépendantes" dérangent et son vues comme un danger...
Stéphane Hoegel il y a 2 ans
Le phénomène des groupes... avec toujours des hiérarchies entre individus qui s'installent également : c'est quasi inévitable voire systématique.
Ajoutez par-dessus l'effet "réseaux sociaux" où les gens ne savent plus débattre mais uniquement s'indigner et dénoncer au lieu de s'écouter et de discuter calmement...
Mais il faut les comprendre : cela demande intelligence et sens de la nuance, qualités en triste voie de raréfaction.
Dans ces conditions, et si on veut être un poil pessimiste on est en droit de se poser la question : est-ce une bonne idée de chercher à s'intégrer finalement ?
Al De Leerey il y a 2 ans
C'est tout à fait ça... je partage cet avis. D'où en effet la nécessité de cesser cette recherche d'intégration. Juste passer par les diffèrents groupe, sans chercher à s'intégrer dans un ou l'autre en particulier.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier il y a 2 ans
Bienvenue ! ;-)