Episode 1 Le Dernier Souffle de Lorenzaccio
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Episode 1 Le Dernier Souffle de Lorenzaccio
Note de l'Auteur
Lorenzaccio d'Alfred de Musset est une pièce de théâtre et tragédie romantique qui se déroule dans la Florence corrompue de la Renaissance. L'œuvre suit Lorenzo de Médicis, surnommé Lorenzaccio, un personnage ambivalent qui, sous l'apparence d'un libertin cynique, dissimule un projet secret : l'assassinat de son cousin, le duc Alexandre de Médicis, un tyran débauché. Lorenzo, révolté par l'oppression et la décadence de la ville, espère par cet acte susciter un sursaut de révolte et de vertu chez les Florentins.
Cependant, l’assassinat du duc, loin de provoquer le soulèvement espéré, est accueilli par l'indifférence générale. Lorenzo découvre que la corruption et la lâcheté sont profondément ancrées, rendant ses efforts vains. Désabusé et hanté par la vanité de son geste, il s'enfonce dans un désespoir fatal. La pièce se clôt sur la fuite de Lorenzo et son assassinat hors scène, symbolisant l’échec de sa quête.
Mon acte 6 reprend l’histoire à ce moment-là, mais en modifiant le destin de Lorenzo : sauvé par son valet, il survit et revient dans une Florence qui l’a trahi, animée par une quête de justice plus sombre et désabusée.
Acte VI : L'Éveil au Bord du Néant
Acte VII : Les Noces du Sang et de la Luxure
Acte VIII : Le Jugement des Supplices Inversés
Acte IX : La Nuit des Visions — La Quête du Sublime dans l'Ignoble
Acte X : L'Annihilation
Acte VI : L'Éveil au Bord du Néant
Une cabane isolée, perdue aux confins de la campagne florentine. Lorenzaccio, étendu sur un lit de fortune, se réveille d’un sommeil lourd et agité. Les murs de bois suintent l’humidité, des lambeaux de lumière filtrent à travers les fissures, projetant des ombres mouvantes comme autant de spectres silencieux. À ses côtés, son serviteur veille, anxieux, les yeux cernés de fatigue. Lorenzaccio ouvre les yeux, luisants comme des braises dans la pénombre.
Lorenzaccio, se relevant péniblement et scrutant son reflet trouble dans une bassine d'eau :
Ah ! Voilà donc le visage du renégat ! Ce masque flétri par la fange des compromissions, ce rictus de débauche gravé sur mes traits... (Il éclate d’un rire amer.) Que la vertu soit maudite et que la honte se pavane ! Me voilà libre, enfin libre ! Ni repentir, ni gloire, que les autres y courent, qu’ils se drapent de leurs haillons d'honneur et de vertu ! (Il se tourne brusquement vers son serviteur.) Toi qui m’as repêché des eaux du Léthé, toi qui as veillé sur ce cadavre ambulant, je te rends ta liberté. Pars ! Va et ne te retourne point. Que mon ombre ne souille plus tes jours.
Le Serviteur, hésitant, les larmes aux yeux :
Monsieur, je ne puis... Vous abandonner en cet état... Permettez que je reste, que je veille encore... Vous êtes blessé...
Lorenzaccio, avec une intensité flamboyante :
Tais-toi ! Ne me vois-tu pas renaître ? Les faibles ressuscitent pour pleurer sur leurs échecs, moi, je renais pour rire de la vie ! (Il lui tend une bourse.) Tiens ! Voici le prix de ma gratitude, la clef de ta paix. Dans les bois de San Miniato, là où nous nous cachions jadis, tu trouveras une cache, pleine d’or et de jours tranquilles. Prends cet or, et fuis cette mascarade que je vais orchestrer ! Je te veux loin, hors de cette nuit où je vais plonger de plein gré !
Le serviteur prend la bourse, hésite un instant, puis s'incline profondément avant de sortir précipitamment, le cœur lourd et les mains tremblantes.
Lorenzaccio, seul, s’approchant de la fenêtre, son regard brûlant de désir et de défi :
Fuir ? Moi, fuir ? Non, c'est moi qui vais les pourchasser, ces ombres, ces chiens de la cité ! Que m’importent les principes, les causes perdues, la justice des bons ! Que le vent m'emporte au cœur des vices et des excès, là où la vie s’épanouit en cris et en éclats de rire sordides ! (Il sourit d'un air dément.) Florence veut des monstres ? Je serai le pire d’entre tous ! Bandit, seigneur des routes et des plaisirs interdits, je veux la force, la richesse, la terreur à mes pieds. Que les seigneurs tremblent dans leurs palais, car je reviens, non plus comme le traître, mais comme le fléau qui les dépassera tous !
Il sort de la cabane d’un pas déterminé, presque dansant, et s’enfonce dans les ténèbres naissantes du crépuscule, ivre de sa propre audace, prêt à embrasser le chaos des bas-fonds et à nouer des alliances avec les âmes les plus sombres de la région.
Rideau.