Episode 2 Le Dernier Souffle de Lorenzaccio Acte VII : Les Noces du Sang et de la Luxure
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Episode 2 Le Dernier Souffle de Lorenzaccio Acte VII : Les Noces du Sang et de la Luxure
Note de l'Auteur
Un grand salon opulent, aux lustres scintillants et aux murs couverts de tapisseries fastueuses. La noblesse florentine, richement vêtue, danse et converse, masquant une tension palpable sous une façade de raffinement. Mais l’air est chargé, comme avant un orage. Lorenzaccio entre bruyamment, suivi de sa bande de truands vêtus de manière flamboyante mais provocante, mélange de luxe ostentatoire et de déchéance affichée. Une année a passé depuis son ascension au pouvoir au sein des bas-fonds de Florence, où il est devenu un notable qui inspire autant la crainte que le dégoût. Les gardes jettent des regards nerveux, tandis que les nobles feignent des sourires pour dissimuler leur malaise.
Lorenzaccio, traversant la salle avec arrogance, levant une coupe de vin :
Ah, mes chers seigneurs ! Que le monde tourne vite quand on se trouve du bon côté de la roue ! Vous me voyez aujourd’hui parmi vous, à trinquer sous vos plafonds dorés, moi qui n’étais hier qu’une ombre errante dans vos rues pavées d’indifférence. (Il vide sa coupe d’un trait et la laisse tomber, brisant le silence sous le fracas du cristal.) À votre santé ! Que vos rires continuent de résonner au-dessus des pleurs de ceux que vous oubliez !
Les convives chuchotent, leurs sourires forcés se figeant devant l’audace de Lorenzaccio. Il se glisse parmi eux, sa démarche assurée, ses yeux fixant chaque visage comme pour y lire les vérités cachées. Il s'arrête devant un groupe de nobles, ses lèvres s’étirant en un sourire de défi.
Un Noble, murmurant à un autre, le visage crispé :
Regarde-le... Ce Lorenzaccio se prend pour un prince parmi les voleurs. Il n'est rien de plus qu'un intrus parmi les grands, un loup déguisé qui croit tromper les agneaux.
Lorenzaccio, pivotant avec une vivacité soudaine, ses yeux flamboyant de colère :
Un intrus, dis-tu ? (Il s'approche du noble, la voix grondante comme un tonnerre contenu.) Je suis peut-être le loup, mais c'est vous les agneaux gras et aveugles qui dansez au bord du précipice ! Vous croyez vos masques solides ? Je vois au-delà de vos dorures, je vois la pourriture qui se cache sous vos sourires et vos faux-semblants !
Lorenzaccio, enragé, saisit le noble par le col. D’un mouvement brutal, il lui assène un coup de tête qui résonne dans la salle comme le fracas d’un tonnerre. Le nez du noble éclate sous l’impact, un craquement sinistre qui fait taire les murmures et fige les visages dans une stupeur horrifiée. Une gerbe de sang éclabousse le marbre immaculé, coulant le long du visage du noble qui vacille, ses mains tremblantes tentant de contenir le flot rouge qui s’échappe de ses narines fracassées. Les convives reculent, comme frappés d’un sort, incapables de détourner le regard de cette violence crue qui vient de s’abattre en plein cœur de leur fête.
Lorenzaccio, exalté, levant les bras comme un chef d’orchestre d’une symphonie macabre :
Voyez, nobles de Florence, voyez ce que sont vos masques lorsqu’ils se heurtent à la réalité ! Vous dansez, vous riez, mais vous n’êtes que les acteurs fatigués d’une farce que vous ne contrôlez plus. Votre puissance est une illusion, vos titres des oripeaux que le vent de la rue arrachera sans pitié ! Vous festoyez aujourd’hui, mais demain, ce sont vos portes qui s’ouvriront à la fureur de ceux que vous avez méprisés !
Il marche au centre de la salle, ses pas résonnant comme un glas sur le marbre. Les nobles, figés par la peur, ne savent s’ils doivent fuir ou se soumettre à cette furie incarnée. Lorenzaccio, ivre de rage et de triomphe, tourne lentement sur lui-même, savourant chaque seconde de silence imposé.
Lorenzaccio :
Florence n’est plus qu’une scène où les rôles s’inverseront bientôt. Ce n’est pas vous qui écrirez le dernier acte de cette tragédie ! Ce sont les mains que vous avez négligées, les cris que vous avez ignorés, qui viendront réclamer leur dû. Continuez donc à rire, à vous enivrer de vos propres mensonges, mais sachez que votre temps est compté, et que vos rires se briseront dans le fracas de vos illusions qui s’écroulent.
Il saisit une nouvelle coupe, la fracasse violemment contre le sol, projetant des éclats de verre et de vin comme autant de promesses brisées. Lorenzaccio entonne alors une chanson paillarde, son rire rauque résonnant dans le grand salon comme un défi lancé aux dieux eux-mêmes. Ses hommes le suivent, ricanant et chantant à leur tour, quittant la salle dans un tumulte de cris et de bruits discordants. Les convives restent pétrifiés, figés par l'horreur et l'incertitude, le noble ensanglanté gémissant encore au sol. Le marbre, souillé de vin et de sang, devient le symbole de cette nuit où les masques sont tombés et où la noblesse a entrevu la fin de son règne.
Rideau.