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Allégorie du temps perdu

Allégorie du temps perdu

Publicado el 4, jun., 2024 Actualizado 5, jun., 2024 Society
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Allégorie du temps perdu

l'imposture de l'Occupé

L'Occupé est un personnage archétypal de nos sociétés contemporaines. On en connaît tous quelques uns, si ce n'est trop pour notre goût. On reconnaît aisément l'Occupé. Généralement il est convaincu de son importance et s'évertue à la faire reconnaître par les autres. "Je suis très occupé" dira-t-il à qui veut l'entendre. Il assénera même du "je n'ai pas le temps" à ceux dont il pense qu'ils veulent lui en prendre.

La notion que chacun dispose de 24 heures dans une journée, c'est à dire du même temps que les autres, est une vue de l'esprit pour l'Occupé. Lui n'en a jamais assez et son temps est par essence plus précieux. Gare à celui qui voudrait le lui faire perdre! Il importe à l'Occupé que l'on sache que son temps n'est pas à gaspiller. Il pourrait vous en vouloir de ne pas réaliser que c'est une faveur qu'il vous fait de vous en consacrer un peu. Etre Occupé est une posture qui se travaille, elle pose son personnage, elle le situe.

L'avocat pas mûr

Cette posture est très présente chez les individus se drapant de la dignité qu'ils supposent que leur fonction où leur titre confère aux yeux des autres. L'avocat, profession que j'ai eu le privilège de pratiquer à une époque lointaine où elle s'exerçait encore avec une retenue de bon aloi, en est parfois un exemple amusant. D'autant plus que l'avocat vous le facture, son temps. Et parfois fort cher! Il s'agit donc de vous le vendre comme valant ce qu'il vous coûte. D'où la nécessité pour certains avocats de faire l'Occupé, celui qui ne distille son temps qu'avec parcimonie et à bon escient pour que vous vous sentiez privilégié de le lui payer, sans discuter, à son taux horaire.

C'est donc son secrétariat qui vous écrira, qui vous le passera au téléphone après vous avoir joint, qui filtrera ses appels si vous souhaitez lui parler, qui verra quand il pourra vous répondre. Il convient de lui donner du "Maître" ou du "cher Confrère" et il faut s'attendre à ce qu'il use de tournures de phrase du style "vous n'êtes pas sans ignorer" ou "celà n'engage que vous", histoire que l'on se dise qu'on a affaire à quelqu'un de conséquent. Il pond souvent des courriers inutiles, destiné avant tout à conférer un sentiment d'indispensabilité de sa personne, et s'arrange souvent à faire traîner les dossiers.

En début de carrière, j'étais venu un jour au cabinet avec un nouveau costume en velours cotelé, que je trouvais très chic. Un des associés seniors m'avait fait remarquer "vous êtes fort élégant, mais voyez-vous, on ne s'attend pas à ce que le curé soit en jeans quand on va à l'église". Car si l'habit ne fait pas le moine, une apparence en tous points conforme aux attentes réduit sans doute le risque de tergiversations sur les honoraires. Au moins à l'époque, on nous enseignait d'être polis, ponctuels et professionnels. Il ne fallait pas laisser de courrier non répondu, on rappelait dans les 24h et on respectait les formules d'usage à l'égard des clients, juges ou confrères. 

Aujourd'hui tout se perd

J'en veux pour preuve (tiens, attention à la formule d'avocat, on ne se refait pas....) une jeune avocate genevoise, qui doit avoir l'âge de ma fille, titulaire du barreau depuis juste 5 ans, à qui je m'adresse dans un dossier en usant de la formule consacrée,  - ma chère Consoeur - davantage par politesse que par usage, puisque je n'exerce plus (le "ma" est indiqué lorsque l'on souhaite faire montre d'une disposition empreinte de bienveillance et de courtoisie confraternelle, sinon on donne juste du "Chère Consoeur" pour faire plus neutre) - en lui proposant de se parler par téléphone, par souci d'économie de temps et de moyens (son client est un membre de ma famille aux revenus modestes dont elle est le curateur). Pour une raison que j'ignore, l'agréée me répliqua avec du "cher Monsieur" tout en s'efforçant de ne pas répondre à mes questions et en se donnant la peine, bien sûr, de ne pas m'appeler.

Est-ce le fait d'être aujourd'hui à la retraite qui m'a valu pareille déconsidération, ou simplement son ignorance des règles de bienséance (pourtant personne, "ne saurait l'ignorer", avocat un jour, avocat toujours, donc la courtoisie, vis à vis d'un avocat n'exercant plus mais qui s'adresse à vous en tant que Consoeur, suggérerait plutôt de répondre "Cher Confrère"), à moins que ce ne soit par volonté affichée de m'être désagréable ou de se montrer peu conciliante? Ou était-elle victime du syndrome de l'Occupée, ensevelie sous mille priorités urgentes, n'ayant pas le temps de rechercher dans le dictionnaire la signifcation de termes désuets comme égards ou déférence, en proie aux affres de cette jeunesse d'aujourd'hui, assaillie de concepts wokistes, ne sachant plus comment gérer cette sensibilité à fleur de peau, en conflit permanent avec ce sens aigu d'ayant-droit, habilitée à piétiner les convenances au nom d'une société visant l'inclusion, c'est à dire l'exclusion de vieux schnocks comme votre serviteur? Qui sait, toujours est-il que de me faire perdre mon temps - lequel coûte au moins autant, si ce n'est pas plus que le sien, en termes bassement pécuniaires - ne semble pas faire partie de ses préoccupations. Ca tombe bien, car celà fait un moment que j'ai arrêté de faire l'Occupé et que je suis donc ravi de trouver prétexte à telles situations pour en rire et en faire un article.

Et Genève étant une petite ville, d'avoir une bonne histoire à raconter à mes amis à l'occasion d'agapes en ville n'a pas de prix, lorsqu'ils  me demandent "mais quelle peut bien être l'étude qui emploie une  demoiselle si charmante? ".

La paresse de l'Occupé

Et pour finir, en philosophant sur la question du temps, je me dis que si j'ai pris le temps de me renseigner sur le cabinet en question, si j'ai sollcité l'avis d'amis qui auraient objectivement de véritables raisons d'être Occupés, au vu de leur fonctions, mais qui ont pris du temps pour me dire ce qu'ils pensaient dudit cabinet, si j'ai pris mon temps d'écrire à cette avocate un courrier se voulant affable et si j'ai pris le temps, en attendant toujours qu'elle daigne donner suite à mes messages, d'écrire cet article, c'est que le temps est une priorité qu'il faut trouver moyen de s'offrir. Pas juste par politesse envers les autres mais aussi par luxe envers soi-même.

Dans le livre tibétain de la vie et de la mort, ce que nous appellons la paresse, cette propension à ne rien faire, est définie bien différemment par l'ancienne sagesse du Tibet. Sogyal Rinpoché nous explique qu'être paresseux consiste à s'agiter, à courir dans tous les sens, à vaquer à mille activités..... pour ne surtout pas prendre le temps d'aller à l'essentiel. Qui l'eût cru? Finalement l'Occupé n'est peut-être rien d'autre qu'un paresseux qui s'ignorait.

Philippe Szokoloczy-Syllaba, le 4 juin 2024

 

PS: la rédaction, la validation, la recherche des reférences et des images libres de droit, la mise en page et la publication d'un article me prennent généralement deux jours pleins environ. Je n'entends pas être rémunéré pour mes publications, car le plaisir que je retire de l'écriture est une forme de rémunération en soi. En outre je peux me permettre, encore pour le moment, cette activité sur mon temps libre. De plus les sujets que je prétends aborder me semblent suffisamment importants pour assumer bénévolement la contribution que je tâche d'apporter à une reflexion utile, espérons-le, pour ne pas dire nécessaire, en cette époque charnière.

Si en revanche vous voulez bien participer au financement de diverses initiatives que je soutiens déjà, je vous invite à le faire, soit directement, soit par le biais d'un don sur mon compte Panodyssey. Si vous souhaitez indiquer une préférence parmi les projets que je soutiens, n'hésitez pas. Merci de votre aide à ces belles initiatives.

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