Faire le vide CHAPITRE IV
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Faire le vide CHAPITRE IV
CHAPITRE IV : LES RAVAGES
Pour l’été prochain, tout devait être prêt pour la commande de Baresta, un client très fortuné, amateur de sensations extrêmes et de grandes parties de sexe. L’aboutissement de la commande précédente avait été honorée d’une belle façon. Manu se remémora non sans plaisir la séance de tirs au but que l’hockeyeur Vidal avait infligé à de parfaits inconnus. Vidal n’avait pas vraiment eu le choix, Manu lui avait menti en lui affirmant qu’il possédait des preuves irréfutables de ses tendances homosexuelles. Il menaçait même de divulguer cette information à tous ses coéquipiers hockeyeurs, ce qui, dans le milieu très macho de ce sport, ferait de l’ombre à sa carrière et ruinerait tous les espoirs de ses parents.
Manu n’avait pas le moindre soupçon d’une preuve, il n’avait que sa langue pendue et son esprit tordu pour faire abdiquer ses proies et les soumettre à sa volonté. Vidal avait donc déboulé un soir d’été au Bois l’Abbé, dans le sous-sol aménagé de la maison de Manu. Lorsque Vidal aperçut toute la mise en scène, il avait été impressionné : des drapeaux américains et de l’Union soviétique flottaient au plafond, une cage de but avait été installée au fond de la salle, et décorée aux couleurs des deux pays : ceci n’était pas sans lui rappeler les JO d’hiver de Lake Placid en 1980 et la confrontation des deux équipes de hockey en finale : l’Union soviétique contre les USA. Puis il vit quelques tabourets et des banquettes en cuir noir installés contre les murs du sous-sol, des tables de salon avec des coupes de champagne pleines.
Vidal ne savait pas réellement ce qu’il était censé faire, Manu avait été évasif : « Tu viens avec des palets et ta crosse, je me charge de ta tenue. T’auras juste à faire le beau devant mes invités et ne pas louper tes différentes cibles lors de la séance de tirs au but. Trois essais par cible, et pas de faux semblants ». Voilà ce qu’il avait retenu de sa conversation avec Manu. Tout à ses réflexions, il vit des gens masqués rentrer dans le sous-sol et s’installer sur les tabourets et les banquettes, dans des tenues bien trop sexe pour uniquement assister à quelques lancers de palet. Manu fermait la marche, caméra au poing. A cet instant, Vidal fut soulagé d’avoir son visage caché par un casque surmonté d’une grille métallique : il serait méconnaissable sur la vidéo.
Puis une première cible entra et alla se placer devant la cage, mais à la différence d’un gardien de but, cette cible était nue comme un ver. Vidal resta interdit, tourna des yeux interrogateurs vers Manu. Ce dernier, d’un signe de la main, lui présenta les trois palets et dit : « Trois chances pour atteindre ta cible, c’est parti ! » Et Vidal le vit mettre sa caméra en marche. Les spectateurs ne parlaient pas, ils attendaient la première action de Vidal. La cible avait un regard terrifié, mais pourtant elle ne geignait pas. Pourquoi ? Certainement que Manu avait trouvé un moyen peu louable de l’obliger à participer à cette « soirée » : pour de la drogue, pour du fric, peut-être une cible un peu sado-maso sur les bords ? Ou du chantage comme pour lui… Dans la pièce, on s’impatientait et on n’attendait plus que le premier lancer.
Vidal tenta une première action qui ne toucha pas la cible, ce qui fit monter la colère de Manu d’un cran. Vidal fit le vide autour de lui, imagina un gardien de but en face de lui, et lança son palet avec force. Ce dernier atterrit dans les côtes de la cible, ce qui la fit pousser un hurlement de douleur. Des rires de satisfaction vers les spectateurs s’élevèrent dans le sous-sol. Cette cible allait recevoir le troisième et dernier palet sur l’aine, cris de douleur, rires et satisfaction. La cible rejoignit les occupants d’une banquette qui l’avaient hélé après la séance des trois tirs. La cible s’installa docilement par terre, en regardant avec des yeux de chien battu ses bourreaux pour la nuit.
Changement de cible, se vider la tête, recommencer. Jusqu’à satisfaire tous les participants. Au bout de sept cibles Manu libéra Vidal de ses obligations, et l’invita même à participer à la seconde partie de soirée. Il déclina l’offre, reprit ses palets et sa crosse, et déguerpit de cette maison de fous par une porte dérobée à l’arrière. Une belle nuit étoilée était tombée sur le Bois l’Abbé, contrastant avec la laideur de ce qu’est capable de faire l’être humain à ses semblables.
Depuis cette séance de tirs au but, Manu s’était fait une réputation assez solide dans le milieu des soirées « spéciales ». Il pouvait même s’enorgueillir car on avait donné un surnom à ses soirées : les « ravages » du Bois l’Abbé.