En Laponie
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En Laponie
C'est dans le silence le plus profond,
Au commencement d'une dure saison,
Que j'ai foulé, seule, ces terres de désolation,
Comme un animal sur la voie de l'extinction.
Autour de moi, la nature semblait figée dans son action,
Comme si, aux prémices d'une longue hibernation,
L'arrivée d'une marcheuse en contemplation
L'avait gelée dans sa stupéfaction.
C 'est dans la nuit la plus noire,
Quelque part perdue, loin de tous radars,
Que j'ai scruté le ciel, espérant apercevoir
Les reflets sacrés de quelques aurores rares.
La noirceur sourde me rappelait son lot d'histoires
De peurs enfantines qui finissent en cauchemars.
Moi, amoureuse de l'obscur, j'aime croire
Que je suis une bête que personne ne peut voir.
C'est dans la solitude la plus totale,
A l'orée des forêts nues et abyssales,
Que je me suis postée alors sous les étoiles
Attendant des dieux leur beauté boréale.
Et puis, au beau milieu de ce dédale
D'arbres grelottants sous l'effet du vent glacial,
Le destin m'a mise enfin sur la route du Graal,
Après des heures d'attente infernales.
Alors, dans le froid le plus vivifiant,
Au milieu des bruits inconnus et inquiétants,
Émerveillée, j'ai vu luire dans les cieux des rubans
De lumières enchantées, turquoises et ondulants
Puis, de mon auberge, j'ai pu profiter en grand,
D'une palette de verts se mettre en mouvement.
C'est alors qu'épuisée, rideaux ouverts sur ce tableau vivant,
Je me suis endormie comme une enfant, le cœur encore battant.