Te voir sur un ferry
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Te voir sur un ferry
Sur ce colosse d’acier écrasant les flots
Qui sous sa carcasse se dispersaient en sanglots
Entre deux rives perdue en mer de Norvège
J’allais aborder les îles aux roches grèges
A bord de ce monstre des mers un passager
M’a donné l’impression que le temps s’arrêtait
Je me suis approchée pour calmer mon trouble
Avant que mon émoi au final ne redouble
Cet homme te ressemblait presque trait pour trait
Sa taille, ses habits, ses bras, tout me rappelait
Le désir fou qui m’assiège encore aujourd’hui
Quand je repense à toi jusqu’au fond de mes nuits
Ciel et mer se confondaient dans l’harmonie bleue
D’un décor dévoré par un soleil furieux
Ai-je été prise comme Meursault d’un délire
Sous ces rayons dardant d’aplomb sur le navire ?
Pendant la traversée mon imagination
A projeté l’idée qu’à deux nous partions
Et que dans des chambres claires nous aurions fait
La nuit l’amour dans des draps blancs frais et défaits
Tout en écoutant le vif cliquetis de l’eau
Frapper doucement la coque en bois d’un bateau
Nous aurions mêlé à nos siestes languissantes
Des lectures et des conversations passionnantes
Nos peaux auraient alors frémi sous la douceur
Des caresses fauves d’un vent tiède charmeur
La mer par la fenêtre encadrée de rideaux
Qui dansent au vent aurait eu des airs de tableaux
Mais ce n’était pas toi à bord de ce ferry
Avec douleur s’évaporait ma rêverie
C’est le vent du nord qui passait dans mes cheveux
Et non ta main dans un élan affectueux
Puis je débarquai sur la côte opaline
Phosphorescente avec ces folles eaux cristallines
Je parcourus des distances prodigieuses
Accaparée par la beauté vertigineuse
Peut-être sur ma route au détour d’un virage
Reverrai-je apparaître encore ton visage
Ses contours se mêleront à l’horizon gris
Mon amour du voyage et d’un homme réunis