SUR LE QUAI
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SUR LE QUAI
Qu’est ce qu’on attend
Qu’est ce qu’on regrette
Qu’est-ce qui nous tient
A qui pense-t-on
Est-ce un départ ou une suite
Une fuite ou des retrouvailles
Une simple escapade
Un détour
Pour mieux revenir
Sur le quai il y a de l’espoir
On s’agite
On se retourne
Chacun cherche son autre
Un corps
Un visage
Des lèvres anonymes
Cous dans les diagonales
Chacun aimerait le conte
D’un nom dans la foule
D’un foulard envolé
Modernité sans éclat
Relations à distance
Emoticones
A la place d’un baiser
Les pouces
En guise de tendresse
On se suit à l’écart
Mais on se suit à l’écran
Pour ne pas s’oublier
Le hasard me place
A la frontière d’un dialogue :
-Céline ?
-Oui…?
-Tu te rappelles de moi ?
-Non, pas du tout.
Sur le quai
Il y a des questions
Et des espoirs qui s’envolent
Annonce
Sifflet 1
Le train entre en gare
Sifflet 2
Des képis
TGV pour Paris
18h22
22 encore !
Voiture 7
Ce chiffre
Décidément…
Sur le quai
Le moment d’attendre est passé
Allons
Valises
Sacs
Épaules et coudes
Je vois autour
Des sourires éteints
Autour
Des yeux sans lumière
Des sourires figés
D’autres hésitent
On finit par douter
On met un pied sur la marche
Allez
Partir c’est revenir un peu
Je pars le cœur léger
Ton ombre est dans ma poche
On finit pas monter
On monte sans personne
L’autre est loin
Dans une autre gare
Dans d’autres espaces
Même absente je sais que tu es là
Privilège de l’imaginaire
Pouvoir de notre histoire
Des voyageurs peinent à franchir les portes
C’est pas une question de bagages
Il y a des peines
Qui ont l’épaisseur d’une montagne
Des regrets
Des chagrins
Tout ça c’est large
Et ça fait gonfler les épaules
Ça coince en passant les portes
J’imagine un mot à ces oreilles
Accompagné d’un geste
Un peu de tendresse
J’entends les aveux
-Elle viendra plus
-Il est parti
-J’men fous
-Tant pis j’y vais
-Pfff de toute façon ça pouvait pas marcher
Sur le quai
J’attends un peu
Et puis je t’ai
Ça y est
J’ai la séquence
J’avance
On est entre deux
Entre tout le monde
Entouré et seul
Personne
En fait on n’est pas grand chose
La vraie compagnie est notre mémoire
Sur le quai
On n’attend rien
On n’attend plus
On part sans bras
Sans visage
Sans voix
Il faut bien partir
Je pars aussi
Mais je pars heureux
Heureux
Ma chance est ailleurs
Absente mais présente
Invisible et en moi
Se dire au revoir n’était pas nécessaire
Tu n’aimes pas les départs
J’emporte des pensées
Des petits bouts de toi
Tes rires d’après midi
Ta coiffure du matin
Tes pas
Peut-être
Dans un escalier
Et ce morceau d’éternité
Qui n’a pas de nom
Mais qui fait du bruit
Bien plus de bruit dans mon corps
Que le train qui démarre
Sur le quai