Chapitre 14 - POV Lia
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Chapitre 14 - POV Lia
Je tremblais de tout mon être, incapable du moindre mouvement, épuisée. Brisée. Mon estomac se contractait de douleur, tandis que la bile me brûlait la gorge. Mon corps était raide et mes muscles douloureux. J’ignorais combien de temps s’était écoulé depuis la dernière visite de mes tortionnaires. Quelques minutes. Des heures. Peut-être même des jours. J’avais été abandonnée dans cette cellule glacée qui empestait la mort. Sans à manger ni à boire. Sans espoir…
Vlad… Pourquoi n’avais-je jamais compris qui il était ? Son allure malingre et son teint blafard ne pouvaient pas faire de lui un métamorphe. Même malade. Pourtant, son odeur ne trompait pas. Il sentait comme l’un des nôtres. Ce relent aigre typique d’un buveur de sang était complètement absent. Sans quoi, il n’aurait jamais pu traverser nos frontières et encore moins rester sur notre territoire. Alors comment ? Avait-il reçu l’aide d’une sorcière ? C’était impensable et pourtant, c’était là l’unique explication. Aucun vampire n’avait le don de masquer son odeur. Pas naturellement. Seule une magie puissante le pouvait. Mais quel était le lien avec moi ? Pourquoi s’en prendre à moi aujourd’hui ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Un cliquetis métallique me fit sursauter et me sortit de mes pensées. La lumière éblouissante du couloir envahit la pièce, m’aveuglant. Alors que je me recroquevillais contre le mur, en vaine tentative de me protéger, une bouteille d’eau roula vers moi et un morceau de pain atterrit sur ma couche de fortune qui se composait d’un morceau de tissu immonde posé au sol. Puis la pièce retomba dans le noir absolu, avec un bruit froid et sourd. Je n’avais pas eu le temps de voir ce qu’il se passait derrière la porte. Mes yeux n’avaient pas eu le temps de s’adapter à la luminosité que l’obscurité était revenue. J’avais oublié tous mes réflexes de guerrière et m’étais comportée comme une gamine apeurée. Cela ne me ressemblait pas !
Je me redressai, tirant sur les liens qui me serraient les poignets et les chevilles. Une fois assise, je reniflai le somptueux repas gracieusement offert par mes hôtes. Il empestait les herbes et les produits chimiques. J’étais peut-être faible, mais pas suffisamment stupide pour avaler ces merdes de mon plein gré. Je déversai l’eau sur le sol et repoussai le croûton le plus loin possible. Je préférai mourir de faim et de soif. Torture pour laquelle j’avais une certaine endurance grâce à Luna Alice… Elle aimait me répéter que je n’avais pas ma place sur cette Terre et la vie avait été bien trop douce pour moi, sinon je ne serais pas si ronde. Alors que les loups étaient grands, secs et musclés, les louves de notre meute étaient petites, sveltes aux formes discrètes. Mais pas moi. Moi, j’étais plutôt grande et toute en courbes. Malgré les semaines de diète imposée, enchaînée sur mon lit… Tout avait commencé après la disparition de mes parents, avant même d’être affectée aux cuisines. Luna m’avait enfermée dans ma chambre. Pour me punir d’être encore en vie. Bien sûr, à l’époque, personne ne s’en était soucié. J’étais en période de deuil. Terrassée par la douleur et la culpabilité. Qui aurait pu imaginer que Luna était cruelle au point de m’attacher à mon lit durant une semaine ? Me laissant pleurer et agoniser de faim et de déshydratation.
Un cri rauque et sauvage résonna derrière la porte. Vlad ! De toute évidence, il était en colère. Parfait ! Je pourrais exploiter sa fureur contre lui. La faire tourner à mon avantage… le déstabiliser, ne serait-ce qu’une seconde, et le pousser à commettre une erreur. Peut-être obtenir des informations sur son plan, sur ses complices, sur ses motivations… ou une opportunité pour m’échapper de cet endroit.
La porte s’ouvrit dans un fracas assourdissant et un courant d’air vivifiant s’engouffra dans ma cellule, ébouriffant mes cheveux. Vlad se rua sur moi et m’agrippa la gorge. Ses griffes déchiraient ma peau. Il se rapprocha et inspira profondément dans mon cou avant de cogner violemment le mur derrière moi.
— Tu as été souillée, s’énerva-t-il.
Un rire anxieux secoua ma poitrine.
— Tu pensais que mon compagnon s’était juste contenté de me marquer ? Tu pensais sincèrement que nous n’avions pas terminé l’accouplement ? me moquai-je. Il m’a souillée de la plus belle des manières… dans tant de positions… hum… et j’ai adoré ça.
Vlad siffla et resserra son emprise. Il me faisait mal et l’air commençait à me manquer, mais je ne bougeais pas. Je ne prononçais pas un mot Pas même un râle de douleur.
— Je ne suis pas stupide ! Je sais comment fonctionne le lien des compagnons. Tu oublies que nous avons la même chose, nous, les vampires. J’aurais préféré que cette chose immonde dans ton ventre ne me le rappelle pas. C’est récent.
— D'un geste de la main, il me prit le menton et m'obligea à plonger mon regard dans le sien. Son sourire malsain me donna des frissons, mais je refusai de le laisser voir que j'étais effrayée.
— Ce ne sera pas un souci très longtemps, me lança Vlad. Ce clébard ne survivra pas !
Il m’asséna un violent coup dans les côtes qui me coupa le souffle avant de me jeter à terre et de sortir. La porte se referma derrière lui, me laissant à nouveau dans l’obscurité. Mais cette fois, je n’étais pas seule. Je portais l’enfant d’Askaï. Notre enfant. Je me recroquevillai, les bras devant mon abdomen, protégeant ce petit être qui grandissait en moi.
— Oh, Nila… Tu as entendu. Nous allons avoir un chiot. Je t’en supplie, reviens… J’ai besoin de toi. J’ai besoin de ta force…
Un sanglot brisa le silence. Des larmes chaudes coulaient le long de mes joues. J’étais inutile. Totalement inutile. Je gisais là, incapable de me défendre. Incapable de fuir. Putain !
Je sentis quelque chose remuer en moi. Une douce chaleur et une bouffée de colère.
— Lia ? Lia ? C’est toi ?
— Askaï ? Comment ?
— Oh Déesse… Lia, dis-moi où tu es…
Notre lien. L’effet des drogues s’estompait. Nila se réveillait et mon lien avec Askaï se consolidait. Et si je pouvais l’entendre, cela ne pouvait signifier qu’une chose : mon compagnon n’était plus très loin !
— Dans une cave. J’ai été enlevée par un vampire. Vlad quelque chose… je le connais depuis que je suis toute petite. Il avait un chalet sur le territoire de la Lune Rouge. Peut-être…
— Nous sommes au chalet, Lia. Il est vide. Qu’est-ce que tu entends ? Qu’est-ce que tu vois ?
La panique me submergea. Mais ce n’était pas la mienne, c’était celle d’Askaï. Il fallait que je m’en détache. Que je ne me laisse pas envahir par ses émotions. Je devais garder la tête froide. L’esprit vif. Je fermai les yeux et me concentrai sur ce qui m’entourait. Sur les sons provenant de l’extérieur, au-delà de ces murs.
— J’entends des basses. C’est étouffé, sourd. De la musique, comme dans un bar… Askaï, je t’en supplie… tu dois nous retrouver. Je…
Le silence m’enveloppa. L’obscurité s’empara de moi. Les ténèbres m’emportèrent.
Texte de L. S. Martins (60minutes chrono, sans relecture).
Image par Sammis Reachers de Pixabay