Halo...Win...
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Halo...Win...
D’où il venait il n’y avait plus vraiment de temps, ni d’espace.
Une année s’était écoulée, forcément.
Il sentait son corps reprendre forme.
Les sensations, les impressions revenaient petit à petit, comme si tout se reconnectait.
La vie coulait de nouveau dans ses veines et son cœur battait.
C’était à la fois un sentiment connu et une renaissance…
Il frémit. Il ne savait pas quand il avait commencé à marcher. Il ne savait pas comment il était arrivé là, mais il se savait sur le bon chemin.
Il venait de si prêt et de si loin…
Elle avait remis une bûche dans le feu. Elle avait essayé de lire un peu. En vain. Et puis, elle est montée dans leur chambre.
Ils ne fermaient jamais la porte à clef quand ils vivaient tous les deux mais depuis qu’il était parti, elle avait pris l’habitude de décrocher la chaînette pour éviter une intrusion nocturne.
C’était ce soir, alors avant d’aller se coucher, elle l’avait sciemment laissée accrocher.
Elle avait tellement envie de le sentir.
Sa peau, son odeur, sa voix, ses mouvements, le sourire dans ses yeux gourmands…
Allongée dans leur lit, elle se laissa happer par ses souvenirs.
Elle s’assoupît dans un murmure d’eux…
Il était devant la maison maintenant.
Elle avait mis des citrouilles sur les fenêtres. Elle faisait ça tous les ans.
Avant, cela n’avait pas tant d’importance que cela pour lui… Maintenant il savait…
Les croyances mystiques des humains ne prêtaient pas toujours qu’à sourire, et les légendes s’avéraient parfois prendre une forme terriblement réelle.
Irréelle peut-être ? Voilà qu’il se remettait à philosopher ! Mais était-ce le moment d’approfondir ?
Ce dont il avait furieusement conscience c’est que c’était la seule nuit de l’année qui rendait cela possible.
La notion de temps reprenait violemment tout son sens. Et il lui était compté !
Dans cet espace intemporel dans lequel il évoluait, il ne ressentait plus cela, mais en reprenant cette forme humaine pour quelques heures, tout lui revenait…
Une odeur entêtante de fleurs, invisibles pourtant, la pâleur extrême de la lune, le frémissement des feuilles dans les arbres, la lumière vacillante des petites bougies à travers les yeux de ces énormes cucurbitacées souriants.
Il eut envie d’un de ces bonbons acidulés… mais au milieu de cette overdose de sensations, le temps filait à nouveau… et trop vite…
Tant pis pour les bonbons, ce n’était pas ça qui le faisait rejaillir à la vie…
La porte n’était pas fermée. Était-ce pour lui ? Avait-elle gardé cette habitude ?
Les volets étaient clos. Il faisait sombre.
La pendule rompait discrètement le silence.
Quand il fut en bas de l’escalier, il hésita.
Elle dormait dans leur chambre. Il le savait. Il la sentait déjà.
Tous ses sens lui revenaient progressivement.
Les effluves de son parfum lui chatouillèrent les narines. Il voulait la rejoindre.
Il savait le déferlement qui l’attendait. Il savait qu’il ne pourrait contenir le flot.
Les émotions transpiraient déjà par tous les pores de sa peau. Le désir qui prend chair à nouveau. le désir qui coute cher...
Celui auquel il osait à peine goûter tant il savait le prix à payer.
Il l’avait vécu plusieurs fois depuis son départ.
Trois ans déjà !
Chaque année une courte fenêtre lui était ouverte sur ce monde qu’il avait quitté brutalement, une fenêtre d’à peine douze heures dans toute cette intemporalité…
Il aurait tant voulu y aller avec tout l’aveuglement dans lequel les humains s’ébattent et s’épanchent, ou renoncer simplement à ce reste d’humanité.
Il n’avait pas encore réussi à se détacher complètement. Il n’arrivait pas à partir.
Il s’accrochait pour ces quelques heures offertes, volées ?
Était-ce une grâce ou une malédiction ?
Il restait à flotter dans une sorte de néant jusqu’à ce qu’enfin le voile se lève, pour la toucher encore une fois…
"Une dernière fois… ?"
Il pouvait encore faire demi-tour…
Mais l’appel des corps, leur amour laissé intact, était si fort encore…
La magie de la vie qui rejaillissait sous sa peau.
Respirer, sentir, entendre, toucher et puis surtout, surtout, plonger en elle comme dans un puit sans fond, et jouir avec elle à nouveau…
Il lui suffisait de monter les marches… Il sentait son corps s’émouvoir.
Il savait comme contenir son feu serait violent, comme se répandre serait si facile. Laisser aller enfin…
Elle l’attendait. Elle s’ouvrirait. Elle laisserait son corps parler pour elle.
La toucher partout, encore et encore, l’entendre soupirer, l’appeler…
Elle le laisserait la pénétrer de part en part… Elle se laisserait emmener par les vagues déferlantes du plaisir…
Il sentait le désir gronder au fond de lui. C'était tellement bon de se sentir vivant à nouveau, pour elle, pour quelques heures...
Il monta une marche puis deux... Il s’arrêta…
Le souvenir de l’odeur de leurs fluides qui se mélangent…
Aliénant parfum de folie, l’odeur du sexe, de la sueur, les secrets des corps, ivresse à nulle autre pareille…
Il la ressentait dans sa bouche, sous sa langue, son goût… Ils s’étaient tant de fois mélangés…
La chaleur se rependait dans tous ses corps. Il se voyait aller et venir en elle…
Il l’entendait gémir, demander plus… demander plus loin…
Il voulait la traverser. Il se sentait faible et fort dans cet état de fusion…
Il voulait grandir à travers elle.
Il voulait se sentir submergé par ses émotions.
Il voulait sentir comme tout s’écroule dans le chevauchement des corps.
"Plus rien n’existe quand je me perds en elle, plus rien ne tient, mes croyances s’effondrent.
Je ne suis plus qu’un sexe noyé dans le sien, que des mains avides de sa peau, qu’un corps quémandant sa langue, sa bouche, ses doigts..."
Il se rendit compte qu’il était arrivé en haut des escaliers…
Il poussa la porte de la chambre.
Elle était là. Elle dormait sur le ventre. Les jambes légèrement écartées… Elle n'avait que ce petit gilet. Il adorait ce gilet, sensuel à en crever... Il sourit de cette pensée.
Son cœur, qui ne battait plus qu’en cette occasion mystérieuse, tapait dans sa poitrine à lui faire mal.
Encore ensommeillée, elle sentit sa présence au-dessus d’elle, puis son souffle dans son cou, sa bouche à son oreille…
Son cœur cogna violemment dans sa poitrine.
Était-ce encore un de ses rêves érotiques ? Était-il vraiment là ?
Il retrouvait la gestuelle humaine, les habitudes corporelles avec une telle rapidité qu’il en était étonné à chaque fois.
Il avait ses vêtements. Comment les avait-il choisis ? Il ne savait pas.
Il se dévêtit. Il se pencha sur elle.
Elle sursauta.
« C’est moi… »
Elle soupira, se cambra contre lui…
"Enfin te voilà... Touche moi.", murmura-t-elle.
Sa voix rauque, érotiquement ensommeillée, lui fit l’effet d’une décharge…
Il glissa ses doigts entre ses jambes, sentit sa moiteur…
"Je t’attendais. Je savais que tu viendrais."
Il la frôla. Sa peau s’électrisa sous ses caresses qui devinrent de plus en plus précises.
Il embrassa son cou, son dos... Son bassin se souleva pour l’accueillir.
Son sexe trempé quémandait ses assauts. Sentir aussi clairement la manifestation de son désir pour lui le rendait fou.
C’était leur seule nuit, leur seul espace…
Combien de temps supporterait-elle cette attente ?
Combien de temps refuserait-il le repos éternel et la sérénité pour cet éclair intemporel de fusion charnelle ?
Ils se fondaient l'un dans l'autre, s'enivrant de la chance qui leur était offerte. Ils se soudaient et se séparaient pour se rejoindre de plus en plus forts jusqu'à la délirance, la délivrance...
Et puis, au creux l’un de l’autre :
" Bonjour..."
" Bonjour..."
" Tu es revenu..."
" Remplace-moi et je pourrai partir "
" Pars et je pourrai te remplacer "
Ils se sourirent, sachant que tout cela était vain.
Il se volatilisa au petit matin pour retourner à sa pénombre.
Elle se réveilla avec les premières lueurs.
Ce n’était pas un rêve. Les draps, la chambre, son corps embaumait son odeur, leurs odeurs.
Elle regarda la marque sur l’oreiller. L’effleura du bout des doigts.
Elle aurait voulu pouvoir tout laisser intact, mais la vie continuait pour elle.
Elle irait au cimetière ce matin lui offrir les merveilleux chrysanthèmes rouges et or qu’elle avait mis dans le garage.
Elle ne savait jamais comment il arrivait, ni comment il repartait.
Mais il était revenu encore et elle l’attendrait encore…
Elle n’avait plus envie de raccourcir le temps comme la première fois.
Elle avait accepté la chance qui leur était donnée de se retrouver par-delà la mort.
Seul un amour éternel pouvait se voir offrir cette magie…
Elle savourait leur chance. Elle avait tant souffert de leur séparation brûtale, mais le mâl(e) était réparé... Elle sourit de cette pensée.
Il reviendrait jusqu’à ce qu’elle le rejoigne.
Elle n’était plus pressée.