Cher connard (2022) Virginie Despentes
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Cher connard (2022) Virginie Despentes
On s’assoit et on se parle
La publication de Cher connard raisonne de façon tout à fait cohérente dans la trajectoire littéraire et politique de Virginie Despentes. La romancière est engagée dans les combats féministes et intersectionnels et ne s’en cache pas. Suite à la 45e cérémonie des Césars, où Adèle Haenel avait quitté la salle suite à la remise du prix du meilleur réalisateur à Roman Polanski, l’autrice avait publié une tribune dans Libération. Dans cet article, intitulé « Césars : « Désormais on se lève et on se barre », Despentes s’adressait directement aux « puissants », et concluait son texte par un cinglant « On vous emmerde ». Elle avait publié entre 2015 et 2017 sa trilogie Vernon Subutex, qui avait connu un succès foudroyant, et venait de démissionner de son statut de juré du prix Goncourt, afin de se consacrer de façon plus intensive à son activité d’écrivaine. Un an et demi plus tard, elle publie son nouvel ouvrage, où un auteur accusé de harcèlement dialogue avec une actrice féministe.
Le début
Sur son compte Instagram, le romancier Oscar Jayack évoque le fait qu’il a croisé dans la rue la fameuse actrice Rebecca Latté. Alors qu’il l’admirait et la trouvait belle quand il était adolescent, elle le dégoûte aujourd’hui et il considère ses engagements féministes consensuels. Elle lui répond par le biais des réseaux sociaux, l’incendiant pour son manque de finesse et son égoïsme. Il supprime aussitôt son message et les commentaires associés, lui fait de plates excuses et lui explique qu’il a été vexé qu’elle ne le reconnaisse pas. Ils se sont en effet recontrés quand ils étaient jeunes, dans cette banlieue de Nancy où ils ont grandi. Il est le frère de Corinne, la meilleure amie de Rebecca à l’époque, et il l’admirait secrètement, cherchant vainement son attention. La tentative d’explication d’Oscar ne touche pas du tout Rebecca, qui se souvient toutefois de Corinne et la mémoire de leur enfance lui revient tout d’un coup, tout comme certains des quatre cents coups qu’elles ont fait à l’époque.
Analyse
On se rend compte, au fil de la lecture de Cher connard, que l’ouvrage est un voyage. Les personnages vont évoluer au cours des quelque 352 pages que constitue ce roman, au fil de la conversation qu’ils vont échanger. Car c’est un dialogue qui nous est présenté, sous la forme d’un échange de courriers électroniques et de posts sur les réseaux sociaux, entrecroisés avec des messages publiés sur son blog par une activiste. Mais le cœur de la narration se déroule entre Oscar Jayack, un auteur d’une quarantaine d’années, qui a récolté un succès relatif suite à la publication d’un de ses romans, et de Rebecca Latté, une actrice reconnue, au physique avantageux et aux prises de positions éloquentes. Au début du roman, le premier ne comprend pas pourquoi tout le monde se déchaîne sur lui suite à la publication par une blogueuse, Zoé Katana, d’un article à charge où elle l’accuse de l’avoir sexuellement harcelée quand elle était attachée de presse dans la maison d’édition qui publiait le best-seller d’Oscar.
Forcément, il nie les faits, et sa réaction outrée ressemble à celle de bon nombre d’hommes sûrs de leur bon droit quand ils usent de leur pouvoir, de façon plus ou moins consciente. On se dit alors que Cher connard va être une charge, un manifeste radicalement féministe, et les premières pages du livre nous confirme que Virginie Despentes est en forme. Par la voix de Rebecca, dont le parcours de vie fait écho à celui de l’autrice née à Nancy, elle explique en long, en large et en travers les mécanismes insidieux par lesquels le patriarcat triomphant parvient à s’insinuer dans les relations entre les hommes et les femmes. Si Despentes se fait depuis de nombreuses années l’avocate de ce discours d’émancipation féminine, les débats actuels autour du mouvement « Me too » ne font qu’apporter de l’eau au moulin de son propos. La démonstration est cinglante, la verve est éloquente, et la voix du contradicteur, en la personne d’Oscar, a du mal à exister.
Et pourtant, au fil des discussions qui émergent, le ton des protagonistes commence à s’adoucir. Chacune et chacun fait doucement un pas vers l’autre, et ils apprennent à se connaître. Petit à petit, Cher connard se mue en un dialogue, et si les positions restent tranchées, on parvient à s’écouter. Toute aussi radicale, l’écriture de Virginie Despentes devient empathique et se fait l’écho de l’ensemble des débats contemporains autour de la parité. C’est aussi un roman marqué par la pandémie, qui reste en toile de fond mais fait progresser les échanges : l’autrice rend compte, par le subterfuge du dialogue épistolaire, de cette période où les solitudes ont été mises en avant de façon exceptionnelle. De façon très fluide, Despentes prend position sur de nombreux sujets, des divers courants féministes aux luttes intersectionnelles pour l’égalité, et analyse très justement les diverses addictions dont sont victimes ses personnages, des drogues plus ou moins dures au numérique. C’est brillant, c’est fort, c’est intense.
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