Lettre à Camille Claudel
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Lettre à Camille Claudel
C'est le livre "Une femme" d'Anne Delbée qui m'a fait connaître cet être exceptionnel dont je suis tombé amoureux.
En 2008, à l'époque où l'on pouvait encore aller au musée, il y avait eu une exposition de 80 oeuvres de Camille Claudel. Je m'étais alors permis de lui écrire cette lettre.
Très chère et adorée Camille,
Je suis bien heureux qu’enfin, après tant d’années, une rétrospective de ton œuvre soit présentée au public (80 œuvres sauvées de ta folie destructrice), au musée… Rodin.
Décidément, cet homme t’avait déjà volé ton talent, ta jeunesse, ta beauté sauvage, ton corps, ton regard bleu sombre si profond, ton être. Et maintenant, voilà qu’il te vole ton œuvre. Pourquoi ce lieu ? Pourquoi au musée Rodin ? Quel rapport entre ton génie guidant ta fureur rebelle de sculpter tes angoisses, tes rêves, ta vie, et ce fonctionnaire de la sculpture plus inspiré par les palmes et les médailles que par les muses.
Il semble que personne n’ait pu encore te détacher de cet être qui t’a menée à la folie à force de promesses vaines et, aujourd’hui encore, c’est dans son antre que l’on te « colle », lui qui a passé sa vie « à la colle » (comme tu disais et comme tu l’as méchamment caricaturé) avec sa Rose Beuret. C’est comme si, dans l’âme populaire, tu ne pourrais être qu’un appendice de cet homme, un « vient avec », un accessoire, seulement une ombre.
Je ne sais pas encore si j’irai te voir, là-bas, chez Rodin. Il y a seulement quelques années, tu m’as tellement ému ! Je me souviens encore de mes pas hésitants et ralentis, en approchant le 19 quai de Bourbon, et de mes larmes que je n’ai pu réussir à contenir. Ben oui, c’est comme ça. Il y a des « éthers » bizarres où circulent des émotions parfois anachroniques. Je me souviens même être allé dans la forêt de Fère en Tardenois, avoir cherché ces fameux rochers féériques où tu aimais jouer, enfant. Je voulais savoir. Je voulais comprendre. Je voulais sentir ton parfum.
Oui, Camille, ma petite « Cam », comme aimait t’appeler ton jeune frère au temps de l’enfance, j’ai eu tant d’amour pour toi que ta tragédie me hante. Je rêve quelquefois, comme toi, du beau roi Dushyant se jetant aux pieds de Shakuntala avec ces mots : « Ô Shakuntala, toi qui es plus belle que le lotus blanc qui flotte sur le lac baigné de brumes, sache que les deux joyaux de ma dynastie, que tout mon royaume et moi-même t’appartiennent. Deviens mon épouse Ô Shakuntala ».