Chapitre 4 : Le 1er jour
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Chapitre 4 : Le 1er jour
Image de Image by BehindTheScence from Pixabay
J’avais fini par vaincre ma peur : mes chaussures en prirent leur grade. D’un blanc ivoire, elles étaient devenues un marron terreux. Presque caca d’oie. L’odeur de la boue, mélangée à celle de l’herbe tout juste coupée, me chatouillait les narines. Non pas que je préférais les senteurs de la ville, mais je ne ressentais vraiment aucun plaisir à renifler les différents parfums que la montagne pouvoir offrir. Et j’appréciais encore moins le fait de m’enfoncer dans le sol à chacun de mes pas. J’avais la sensation que mes pieds s’enlisaient et que si je restais sur place sans bouger, je ne pourrais plus me dégager.
Après quelques explications que je pus enfin soutirer en déménageant la voiture de ses divers bagages encombrants, j’appris que cet homme était et restera notre hôte, durant toutes ces vacances. Sans blague. J’avais déjà eu ma petite idée là-dessus quand il avait pris quelques-unes de nos affaires pour les amener dans cette espèce de cabane.
— Voici votre lotissement pour le séjour. (Fit-il en affichant toujours autant ce sourire si commercial.) Je vous y souhaite un agréable moment. Tous les détails sur la région se trouvent sur cette brochure. Les lieux de visite. Les accès. Les commerces se situent plus bas, dans le village nature. Mon numéro est inscrit ici.
Il indiqua une étiquette collée sur le document donnant son nom et un téléphone portable à joindre en cas de besoin. Une agence de voyages n’aurait pas fait mieux. Il spécifia avant de partir que le funiculaire se situait à quelques mètres d’ici et qu’il partait toutes les heures, de 8 h à 19 h. À cette annonce, ma mère sembla excitée comme une puce. Je voyais le programme d’ici : randonnées, ballade en forêt, mangé au milieu des fourmis et autres insectes rampants comme volants. Qu’avais-je fait pour mériter cela ? Et dire que, pendant ce temps, un autre pionçait tranquillement et avait l’appartement pour lui seul. Franchement, la galère. Vacances loin de la console, loin des séries télé, loin de… tout, en fait. Et moi qui voulais écrire. J’avais très mal choisi mon moment pour devenir un créatif. J’avais passé une semaine en panne d’inspiration et là, j’allais en passer une autre à… je ne quoi savais quoi faire. J’avais beau me dire que Rome ne s’était pas construite en un jour, ainsi que le rhum d’ailleurs, cela ne me réconforter pas le moins du monde.
Il était vrai que j’avais ce défaut incurable d’entreprendre quoiqu’il en coûte les envies qui me prenait. Quand je décidai d’améliorer mes connaissances sur l’espace et son immensité, j’avais squatté les bibliothèques, acheté moult revues scientifiques, demandé à ma mère un abonnement à la chaîne « science et avenir ». Au bout de 3 mois, j’en savais autant qu’un passionné sur les trous noirs, leurs origines, leurs forces dévastatrices. J’avais les dates en tête de la création du système solaire, de nos planètes. Si elles étaient rocheuses, gazeuses. Leur taille. La distance par rapport au soleil. J’avais même compris les allusions aux molécules, qui semblaient similaires en de nombreux points à la formation de notre univers. J’étais tellement à cent pour cent dedans, que j’en oubliais de me faire des amis.
En même temps, je n’avais jamais su m’entourer. Je n’ai jamais pu m’intéresser aux activités des autres. Le sport n’était pas mon truc. Les magasins, encore moins, sauf si c’était pour m’acheter un livre ou un jeu vidéo. Quand ma mère voulait refaire ma garde-robe, je savais que « une journée en enfer », avec Bruce Willis, n’était rien à côté du calvaire que j’allais subir. Et inversement, personne ne voulait rentrer en contact avec moi. Bizarrement, je n’avais jamais souffert de cette solitude. Je n’avais jamais ressenti ce besoin insatiable d’appartenir à une communauté. D’être connu, voire reconnu. Le côté pratique de mon insociabilité était que je ne m’étais jamais forcé à sourire, ou rire, pour dire de m’intégrer. Nul besoin, non plus, de raconter des histoires alambiquées pour faire l’intéressant. Mes actes n’étaient jamais influencés suite aux jugements que l’on portait sur moi. Je m’en foutais royalement. Finalement, je restais vrai. Pas de faux sentiments. Pas d’agissements inutiles pour attirer l’attention. Pas de crainte à ce que la souffrance des autres me touche. Et leur bonheur m’importait peu.
Devant ce tas de bois, qui formait cette maisonnette, j’étais finalement bien heureux d’être assuré de ne pas faire de rencontre. Du moins, c’est ce que je croyais.