Zards - La saga YA autoéditée / Premier chapitre
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Zards - La saga YA autoéditée / Premier chapitre
Prologue
Une brume matinale s'étirait dans le sous-bois, contrainte entre le sol et la cime des arbres. Elle donnait une atmosphère mystérieuse à la forêt de Fontainebleau. Les hommes n'avaient pas encore investi la vaste étendue boisée. Seules quelques voitures circulant sur les routes avoisinantes rappelaient à cette nature si maîtrisée que la civilisation était proche. Parcourue par quelques animaux en quête de nourriture, le sous-bois renaissait, comme chaque matin, calme et serein.
Pourtant, ce jour-là, la mort s'apprêtait à frapper !
Elizabeth courait à en perdre haleine. Sa respiration était si rapide que l'air avait à peine le temps d'emplir ses poumons qu'il s'en échappait aussitôt dans un râle douloureux. Elle courait si vite que ses pieds nus et blessés ne ressentaient plus les pièges d'un sol traître. Elle ne pensait qu'à une seule chose : courir ! Courir pour ne pas être rattrapée, courir pour survivre. Parvenue dans une clairière parsemée de rochers, elle s'effondra à terre, épuisée. Il lui semblait avoir été au bout d'elle-même. Son corps n'obéissait plus aux injonctions de son cerveau qui lui intimaient l'ordre de se relever et de s'enfuir au plus vite. Des blessures occasionnées par sa fuite à travers le sous-bois étaient visibles sous les lambeaux de son chemisier. D'autres plaies, elles, ne semblaient pas être dues à une quelconque confrontation avec la nature. Elizabeth tenta désespérément de se redresser avant de retomber lourdement à terre, le visage à moitié enfoui dans les feuilles mortes qui jonchaient le sol givré. Elle grelottait, envahie par le froid des gelées matinales. Lasse à l'extrême, elle ferma les yeux. Une larme coula sur sa joue. Elle qui avait été si courageuse, si combative, gémit d'impuissance, trahie par un corps qu'elle venait de tant solliciter.
C'est à cet instant qu'elle entendit de légers cliquetis métalliques en provenance du sous-bois. Son visage se figea dans une expression de terreur. Un bruit mécanique régulier était perceptible. Une chose qui n'avait rien d'humain approchait ! Devant l'imminence de la menace, les larmes et les faiblesses firent place à une détermination rageuse. Oubliant toute douleur, Elizabeth serra les dents et rampa dans un effort surhumain jusqu'à l'un des rochers de la clairière. Elle plaqua son dos contre la pierre. Elle, qui quelques instants auparavant haletait de tout son être, tenta de maîtriser son souffle dans l'espoir de se rendre indétectable.
Les pas mécaniques approchaient... Elle ne respirait plus. Après un instant qui lui parut durer une éternité, la menace s'éloigna. Prudente, Elizabeth attendit de ne plus rien entendre avant de prendre enfin une large inspiration. Elle essuya un mince filet de sang qui coulait d'une blessure à la joue. De sa main droite ensanglantée, elle extirpa avec difficulté une sorte de téléphone portable d'une poche de sa jupe. L'artefact, d'une forme rectangulaire épurée, n'était doté d'aucun bouton. Elizabeth impulsa un mouvement vers le haut avec son pouce. L'écran de l'appareil se souleva automatiquement de quelques centimètres, puis il pivota de quarante-vingt-dix degrés afin de se retrouver en position horizontale. Dès qu'il se stabilisa en "scope", l'écran s'étira de lui-même jusqu'à offrir une surface d'affichage bien supérieure à celle qu'il possédait dans sa position initiale. C'est alors seulement qu'il s'alluma et afficha un mur d'icônes. Elle saisit la chaîne autour de son cou et ouvrit le pendentif qui y était accroché. À l'intérieur de celui-ci se trouvait une minuscule carte mémoire qu'Elizabeth installa dans l'emplacement prévu à l'intérieur de l'appareil. Des informations s'affichèrent sur l'écran.
Sauvegarde
« Box Corp - Fichiers secrets »
Propriétaire
Elizabeth Woodward
Satisfaite, elle activa d'un doigt tremblant une icône sur la droite de l'écran. Cette dernière vira au rouge et se mit à clignoter de manière continue. Elizabeth venait de déclencher la balise de détresse intégrée à son appareil. Elle se retourna vers le rocher qui lui servait d'abri et, tenant fermement l'objet dans sa main droite, elle ferma les yeux. Des volutes jaunes jaillirent de ses mains. Les formes géométriques qui composaient ces spirales ressemblaient à des motifs à la beauté hypnotique connus sous le nom de "fractales". Elles pénétrèrent la pierre qui lui faisait face. Elizabeth rouvrit les yeux. Bien qu'elle soit traquée, épuisée et blessée, elle ne put s'empêcher d'admirer la splendeur des fractales qui émanaient de son corps.
Comme ces rayons, la main d'Elizabeth s'enfonça lentement jusqu'au cœur du minéral. Lorsqu'elle la retira, l'appareil avait disparu. Il était désormais prisonnier de la pierre. Celle-ci avait retrouvé sa densité originelle. Mais pour Elizabeth, il était hors de question de rester sur place plus longtemps ! Elle se releva avec difficulté et se dirigea dans la direction opposée à celle prise par l'entité de métal qui la poursuivait.
Elle n'avait pas parcouru une dizaine de mètres qu'elle entendit nettement un son cliquetant derrière elle. Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec une forme humaine géante engoncée dans un large imperméable. Un chapeau recouvrait son visage. Elizabeth ouvrit alors les bras et fut aussitôt enveloppée d'un halo aux motifs fractals rouges, cette fois. La forme esquissa un geste pour saisir Elizabeth, mais les fractales rouges formaient un bouclier de protection autour d'elle. Soudain, les fractales se concentrèrent au niveau du cœur de la femme traquée. Celle-ci projeta un rayon en direction de la forme géante. Cette dernière fut aussitôt propulsée contre l'un des grands rochers de la clairière, telle une feuille morte balayée par un vent violent. La puissance du rayon maintint ainsi l'agresseur plaqué contre le roc, en lui interdisant le moindre mouvement. Son imperméable et son chapeau étaient à présent en lambeaux. À travers les tissus déchiquetés par le rayon apparut alors une machine des plus étranges. Un homme ou une femme était revêtu d'un exosquelette très sophistiqué, qui recouvrait et prolongeait ses membres. Ceux-ci étaient parcourus de tubes de métal et de mécanismes qui en démultipliaient la force et l'envergure. Son visage était recouvert, lui, d'un masque de métal. Alors que la machinerie répartie sur l'armure avait pour fonction d'améliorer les performances physiques, le casque, lui, semblait amplifier les sens. Un être vêtu d'une telle carapace devenait assurément un combattant surpuissant. Une impression de force colossale se dégageait de cet être mi-homme mi-machine, même s'il se trouvait immobilisé contre le rocher à cet instant.
Exténuée, Elizabeth ne put toutefois maintenir plus longtemps son contrôle. L'intensité de son rayon fractal rouge faiblit jusqu'à disparaître. L'être dans l'exosquelette semblait encore groggy. Bien qu'épuisée, Elizabeth tenta de s'enfuir, mais son adversaire ne tarda pas à se ressaisir. Afin de bien lui montrer qu'il avait retrouvé toute sa puissance, il saisit une grosse pierre et la broya dans sa main, voulant délivrer un message clair à sa victime : elle allait périr.
Elizabeth trouva encore la force de courir, mais la créature était trop rapide et agile pour qu'elle aille bien loin. Ce qui était surprenant chez cet être amélioré, c'était son aisance. L'armure de métal semblait extrêmement lourde, mais les mouvements de la créature étaient si fluides qu'on aurait pu croire l'exosquelette composé de plastique. La personne qui portait l'armure possédait la puissance sans la contrainte, ce qui la rendait encore plus redoutable. C'est donc sans difficulté que l'être rattrapa sa proie et la saisit par le cou. Les pieds d'Elizabeth ne touchaient plus terre, mais elle ne montrait aucune peur, même à l'approche de la mort. L'être qui contrôlait l'exosquelette le sentit et accentua la pression sur sa gorge. Une voix synthétique provenant de la machine retentit.
— Où sont les documents ?
Elizabeth ne répondit pas. Non pas qu'elle ne puisse pas, mais la pression de la main métallique sur sa gorge lui permettait encore de s'exprimer. Simplement, Elizabeth ne voulait pas parler, cela aurait été une trahison.
Voyant qu'il ne recevait pas de réponse, l'homme-machine s'énerva.
— Où sont-ils ? Parle !
À la limite de l'asphyxie, Elizabeth trouva la force d'esquisser un sourire. Cette provocation exaspéra son agresseur qui accentua encore la pression de sa main mécanique sur sa gorge. Un craquement sec retentit.
Les os du cou d'Elizabeth avaient cédé sous la pression. L'exosquelette resta immobile quelques secondes, le corps sans vie de sa victime dans son bras. Il relâcha dédaigneusement sa prise et le corps s'écrasa à terre, sans vie, comme un pantin désarticulé. La créature baissa la tête, émettant quelques cliquetis métalliques, et observa, impuissante, la dépouille de sa victime.
Une langue de brume traversa la clairière, masquant la scène entière de son manteau humide, comme un rideau de théâtre.