Chapitre 4
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Chapitre 4
Des cris retentissent sans que je n’arrive à distinguer leur sens. Je crois reconnaître les voix, mais je n’ai pas le courage de réfléchir, tant je suis épuisée. Tout ce que je sais est que j'ai mal partout. Chaque respiration me fait souffrir. J'ai la nausée.
- Comment avez-vous pu ? Votre fille vous a dit qu'elle se faisait harceler et vous ne l'avez pas écoutée ! Vous êtes une mère incompétente !
Cette fois, j'en suis sûre, c'est Francine. Au lieu d'éprouver du soulagement de la savoir à mes côtés, je me sens en colère : j'ai prié pour ne pas me réveiller, pourquoi suis-je encore de ce monde ?
- Ce n’est en aucun cas ma faute. Elle a fait ses choix et subit les conséquences de ses actes !
J'ai envie de m'enfoncer six pieds sous terre pour ne plus entendre ma mère. Elle ne peut pas comprendre que je n'ai pas choisi d'être comme ça ? Je veux simplement vivre une vie normale !
- Vous ne vous croyez pas responsable ? Je vais vous dire ce que je pense Madame, vous n'êtes qu'une horrible femme qui a brisé sa fille à cause de son intolérance !
Francine sait maintenant tout. Je voulais faire en sorte que nos moments passés ensemble soient loin de mes problèmes. Francine était ma bulle de bonheur, loin de ma triste réalité, et maintenant, rien ne sera plus comme avant. Pourquoi est-ce que tout ce que j'aime m'est retiré ?
J'entends une porte qui s'ouvre. Je me redresse pour voir qui entre. J'ai toujours l'espoir que mon père revienne un jour, même si je ne l’ai jamais connu. e me force à ouvrir les yeux pour apercevoir le nouvel arrivant. Ce n'est que l'infirmière.
- Mesdames, il va falloir baisser d'un ton, on vous entend du couloir.
Elle parlait sèchement, certainement fatiguée par son travail. Elle jette un œil dans ma direction, et voit que je suis réveillée.
- Et je crois que la jeune fille a besoin de calme.
Ma mère et Francine se tournent simultanément dans ma direction. Je n'ai aucune envie de leur parler. Je veux seulement me rendormir. L'infirmière sort de la pièce, et Francine se précipite vers moi. Elle se penche au-dessus de mon lit et me prend délicatement la main. Elle parle doucement ce qui contraste avec le ton qu'elle prenait avec ma mère. On aurait dit qu'elle essayait de me préserver, comme une fleur qui risque d'être abîmée.
- Comment te sens-tu, Amia ? Tu vas mieux ? J'ai appris que tu te faisais harceler. Je te promets que ça ne recommencera plus. On a décidé de te changer de collège.
Un immense soulagement s'empare de moi. J'ai enfin été écoutée ! Même si je suis toujours en colère contre l'établissement et ma mère qui n'ont rien fait pour m'aider, je vais enfin pouvoir aller à l'école tranquillement ! J'en ai les larmes aux yeux.
- J'ai aussi déposé plainte pour harcèlement. Tes agresseurs ne resteront pas impunis.
J'ai envie de hurler de joie, de danser, de crier à l’idée que justice sera enfin faite. Bien sûr, je ne fais rien de tout cela. Je me contente de lui serrer la main en me retenant de pleurer.
- Merci... dis-je. Merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait.
- Tu n'as pas à me remercier, c’est normal. Je serai toujours à tes côtés.
Je n'ai pas les mots pour décrire ma reconnaissance absolue envers cette dame ! C'est ma sauveuse, mon héroïne, mon modèle !
Ma mère rompt ce moment magique en s'avançant vers mon lit d'hôpital.
- Je tiens à vous rappeler que c'est moi sa mère, alors laissez-moi lui parler.
J'ai envie de lui hurler que si elle tient tant à moi, elle pourrait m'écouter et me défendre plutôt que de me donner des tâches ménagères à effectuer ! Francine ferait une bien meilleure mère qu'elle ! Le pire, c’est que ma mère le sait pertinemment, et c'est pourquoi elle veut l'éloigner de moi. Sauf que c'est trop tard. Plus rien ne pourra plus réparer tout ce qu'elle m'a fait subir.
- Maintenant que tu es réveillée, tu peux nous expliquer comment tu t'es retrouvée dans cette situation ?
Elle ne me pose aucune question sur mon état, rien... Ça ne m'étonne même plus. Je n'ai pas envie de lui répondre. D’autant plus que je me sens en état de faiblesse, allongée sur le lit, alors qu'elle qui me domine de toute sa taille.
Je réplique malgré tout avec le plus de mépris dans ma voix possible :
- Tu sais très bien qui m'a fait ça.
- Je ne t'ai pas autorisée à me parler sur ce ton ! Ce n'est pas parce que tu es convalescente que je vais éprouver de la pitié pour toi !
Francine se place entre elle et moi pour s'interposer.
- Laissez-la tranquille. Vous voyez bien qu'elle n'est pas en état de parler, vous la fatiguez !
Ma mère l'affronte du regard.
- Parce que vous ne la fatiguez pas non plus, peut-être ? Il me semble que vous ne faites pas partie de sa famille. Je peux donc très bien demander aux infirmiers de vous interdire l’accès à cette pièce.
- C'est à elle de décider qui peut rester près d’elle. Si elle veut que je m'en aille, je respecterai son choix.
- Bien. Faisons cela alors, puisque vous paraissez si sûre de vous.
Elle se tourne vers moi, le regard dur. D'après son regard glaçant, je sais qu’elle me défie de la contrarier.
- Tu préfères que je sois ici, ou cette vieille femme ?
Elle semble absolument certaine que je vais la choisir. De mon côté, je ne sais quoi décider. J’ai peur de ce qu’elle pourrait me faire endurer si je ne la désigne pas. Je lance un regard vers Francine. Je ne veux pas la décevoir, elle a tant fait pour moi.
Je prends donc mon courage à deux mains avant d'annoncer haut et fort :
- Je préfère que ce soit Francine qui reste.
Résister à ma mère est ma façon de remercier Francine, et de lui affirmer que je tiens à elle bien plus qu'à ma mère.
Le visage de ma mère se tord de rage et elle fait un pas vers moi, menaçante.
- Comment oses-tu défier ta propre mère, jeune fille ?
Sa réaction me glace le sang. Je ferme les yeux, me préparant à recevoir un coup.
- Vous l'avez entendue, l’interpelle Francine. Vous pouvez partir maintenant.
Je rouvre les yeux et je vois ma mère sortir de la pièce, folle de rage. Dès que la porte se ferme, Francine se rapproche de moi.
- Tu as eu beaucoup de cran de l'affronter ! Je suis impressionnée.
- C'est vous qui m'avez dit de toujours suivre mon cœur.
- C’est vrai, mais c'est toi qui as trouvé le courage de te défendre face à une personne qui te terrifie. Je n'aurais jamais réussi à faire la même chose à ton âge !
Elle vient de me faire le plus beau compliment que je pouvais recevoir de sa part.