Magicienne que je suis, #3
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Magicienne que je suis, #3
Hier soir j'ai purifié la maison que j'habite à la sauge blanche.
Je suis passée par tous les recoins possibles et imaginables de la maison, du rez-de-chaussée au premier étage. Dans la coquille Saint-Jacques, les feuilles séchées brûlaient au rythme de mon parcours, au début sérieux, un peu en suspens, comme si j'attendais qu'il y ait un événement particulier, j'avoue. Je ne sais pas, une trouée dans un mur, les esprits malfaisants s'en échappant par volutes noires, comme j'avais vu maintes fois dans les mangas fantastiques de mon enfance, façon Hayao Miyazaki...
Il ne s'est "rien" passé de spectaculaire dans le visible, mais le monde invisible s'était mobilisé pour me donner les sensations, les émotions, les mots pour avancer sur ce chemin de purification. "Chaque cellule du bois de cette maison se régénére ; les basses vibrations se transforment en joie et amour ; (...) je t'autorise à partir, tu n'as plus rien à faire ici..." à un moment, j'étais dans la chambre, j'avais fermé la porte pour ne pas laisser rentrer les chats, et je passais consciencieusement la sauge partout dans la pièce, étirant mon bras pour atteindre le coin le plus éloigné. La pièce s'est remplie de ces volutes, immobiles et mouvantes à la fois. En longeant la fenêtre, j'ai remarqué accrochée à ma manche, le fil d'une toile d'araignée qui était maintenue élevée dans l'atmosphère lourde et légère qui la soutenait, petite fille d'Ariane, de l'air et du feu.
En voyant ses mouvements, j'ai été hypnotisée.
Je ne faisais rien, je ne bougeais pas, mais j'étais dans des courants d'air et d'eau mélangés, qui se déversaient l'un dans l'autre dans un ballet magnifique. Je voyais ces vaisseaux légers et soutenus par un support invisible, mouvant lui aussi, ne sachant faire que ce pour quoi ils existent ensemble : danser.
J'ai eu envie de danser avec eux. J'ai tourné, tourné, tourné, tourné, en maintenant la coquille Saint-Jacques face à moi, puis je me suis arrêtée. Mon mouvement avait influencé les courants, et à présent c'était à eux de tourner autour de moi, comme en écho à l'énergie que je leur avais donnés. J'ai balancé dans ce flot d'air et d'eau, embrassé par le feu et ancré dans la gravité. Le mélange des quatre éléments m'a rendue à moi-même. Puis le temps s'est immobilisé le temps de quelques souffles.
J'ai remarqué une figure géométrique parfaite dans la fumée immobile, un triangle plein qui avait l'air de vouloir attirer mon attention. J'ai tout de suite pensé à ma grand-mère. En avançant ma main vers elle, elle s'est dissoute, certaine que son message ait été entendu. Il l'a été. J'ai remercié cette femme que je n'avais pas connue ou si peu, mais qui a toujours veillé sur moi. Merci, merci, merci, merci, merci. C'est grâce à toi que je parle aux étoiles et que je suis connectée à l'Amour et à l'Unité.
Ensuite j'ai quitté la chambre, laissant la sauge finir son travail naturel dans cette pièce investie par tant d'énergies.
Avez-vous déjà observé une bougie de cire qui brûle? Cela a quelque chose de cathartique. Avez-vous remarqué comme le feu fait s'élever la matière, et que rendue à elle-même, elle coule vers la Terre pour changer de forme. D'un côté il y a l'élévation spirituelle, et de l'autre il y a l'enfoncement des idées dans la matière pour qu'elles soient compostées naturellement, par la nature de la Terre.
Une idée se combat ou s'ancre comme cela.
Une idée est un organisme vivant qui naît, vit et se transforme quand on la laisse être dans sa nature d'idée, quand on la laisse faire l'expérience de ce qu'elle est, puis qu'on l'alchimise par la conscience. Elle se dissout vers le haut, et coule vers le bas, dans un non-effort d'ancrage, l'élévation induisant l'ancrage, l'ancrage induisant l'élévation. Et l'idée change d'elle-même, étant dans sa nature changeante, transformatrice.
Deviens maîtresse dans l'art de t'ancrer.
La véritable pierre philosophale des alchimistes se trouve dans les phénomènes naturels depuis le début. Il n'y a rien à vouloir, rien à influencer, tout à créer.