Chapitre 2 -Un travail
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Chapitre 2 -Un travail
- Tu es bien installée ?
- Oui mais j'aimerais avoir de la nourriture et des vêtements. D'ailleurs, j'aimerais aussi savoir ce que vous entendiez en parlant du fonctionnement de l'île ?
- C'est très simple. Ici, il n'y a pas d'argent parce que ce n'est pas nécessaire. Chacun a un métier, que ce soit de cueillir des fruits et légumes, de créer des tenues ou de gérer une boutique. Il y a plein de petits boulots un peu partout. Et c'est comme ça qu'ils paient ce qu'ils doivent.
- Qu'ils paient ce qu'ils doivent ?
- Oui, c'est comme un échange de bons procédés. Ils travaillent sur l'île et permettent aux autres d'accéder à ce qu'ils créent. En échange, ils ont le droit de choisir ce qu'ils veulent sur l'île sans passer par une caisse à chaque fois. C'est en quelques sortes un travail qui leur donne accès à tous les autres bénéfices.
- Oh je vois. C'est vraiment génial.
- Oui, mais tu verras qu'en contrepartie nous manquons de certaines choses. Les drogues en tous genres sont interdites. L'alcool n'existe pas non plus ici. Et tu as dû remarquer qu'il n'y avait ni électricité, ni eau courante. Donc pas de frigo ni de plaques de cuisson dans la cuisine. Mais surtout, la douche est assez naturelle. Un simple seau d'eau. Nous avons quand même créé un circuit d'eau fait de bambous, c'est pour ça qu'il y en a un peu partout sur le bord des routes et des maisons. On vit un peu comme des anciens, mais sur une île paradisiaque. Cela fait partie du charme.
- J'imagine. Et j'imagine aussi que je dois choisir un travail ?
- Oui, le plus vite sera le mieux mais je te laisse quand même du temps pour choisir. Et en attendant tu as tout de même le droit d'aller chercher d'autres vêtements.
- Merci.
- Bon, excuse-moi je vais servir d'autres clients.
Assise sur mon haut tabouret, je passe mon temps à regarder les derniers baigneurs sortir de l'eau les uns après les autres. La nuit va bientôt tomber, je ne suis pas vraiment sûre de vouloir me retrouver toute seule. Même si j'imagine, à la foule de personnes qui viennent au bar, qu'ici la fête est de vigueur tous les jours. Au moins nous ne pouvons pas avoir de problèmes avec des vieux pochetrons qui se croient tout permis. Je me demande ce que font comme métier les gens autour de moi. Je les fixe tour à tour en essayant de deviner. Je ferais mieux d'arrêter de les fixer, un gars me fixe aussi et je n'ai pas tellement envie qu'il vienne me voir. Je ne me souviens déjà plus de rien, même mon prénom a été compliqué à retrouver alors qu'il ne vienne pas me faire chier avec ses airs de macho. Bon, apparemment le karma ne veut pas me faire entendre raison puisqu'il fonce sur moi.
- Salut.
- Salut.
Il n'a pas l'air d'avoir compris à mon air condescendant que je ne veux aucunement lui adresser la parole.
- Je peux te servir quelque chose ?
- J'ai déjà un verre.
Elle est nulle ta technique de drague, tu ne veux pas essayer quelque chose d'autres ? Tu es trop bigleux pour voir que j'ai déjà un verre ? Pourtant ce n'est pas le genre de la maison d'avoir besoin de correction.
- Ah oui. Alors tu t'appelles comment ?
- Mina.
- Ah c'est très joli comme prénom.
- Je ne te le fais pas dire.
Je n'ai même pas attendu sa réponse que j'étais déjà partie. On garde nos vieux défauts en arrivant ici de ce que je vois. Je ne me rappelle pas de ma vie d'avant, ni même d'avoir déjà une relation avec quelqu'un, mais je suis sûre et certaine que je n'aimais pas ce genre de types. C'est quand même impressionnant la façont dont les mecs peuvent se conduire aussi mal sans n'être complètement bourrés. Je me demande quand même si aucune drogue ne circule sur l'île. Après tout dans la civilisation aussi c'est interdit mais il y en avait quand même. J'aurais bien besoin d'un petit joint pour me détendre tant qu'on y est. Bon, il est temps de se coucher. Le temps de manger la pastèque que j'ai chopé au bar et je me couche sans en attendre davantage de cette journée qui n'a été que trop longue. C'est fou comme tout est spécial et bizarre mais tout le monde se comporte comme si tout était normal. Et moi aussi par la même occasion.
* * *
A mon réveil le lendemain, la lumière transperce la chambre. Ils ne connaissent pas les rideaux non plus. A moins qu'il faille que j'aille les chercher moi-même. En m'approchant de la fenêtre, la lumière m'éblouit jusqu'à ce que je ne voie plus rien. Lorsque mes yeux prennent l'habitude de ce trop de luminosité, je peux enfin contempler le paysage qui se dresse devant moi. Je n'avais même pas pris le temps de remarquer que j'avais en possession une gigantesque piscine, autour d'elle des transats qui n'ont l'air que d'attendre la personne qui voudra bien les inaugurer. Le ciel est bleu accompagné partiellement de rose et de jaune grâce au soleil qui se lève (si on peut dire qu'un soleil se lève, sachant qu'il ne s'est jamais couché puisqu'il était devant une autre face de la terre - encore un rouage de la langue). Après mon petit-déjeuner, qui n'étais qu'un reste de pastèque de la veille, je me dirige vers les petits commerces. Mon objectif principal : trouvers des vêtements potables et de la nourriture. Histoire de manger autre chose que de la pastèque. Je remarque en défilant les commerces qu'aucun vêtement n'est identique. Ils disent que c'est pour que chacun ait son propre style et que personne ne se ressemble. Après avoir déposé à la maison mes emplètes, je pars immédiatement vers le bar, j'espère ne pas croiser le connard d'hier soir, mais j'ai une grande envie d'aller voir Jacob. Son écoute et ses histoires me font du bien. Et même si je dois rester assise au bar à le regarder servir les client.e.s, ça me va aussi. C'est exactement ce que je fais depuis 10 minutes. C'est marrant de voir ses muscles bouger en fonction de ses mouvements. Il traine toujours en maillot sans aucun tee-shirt. Avec le corps qu'il a, il n'y a pas de quoi l'obliger à en porter un tout du long de la journée. Il a l'air de plaire aux femmes, elles essaient toutes d'attirer son attention. Toutes à rigoler comme des pimbêches espérant qu'il les remarque et qu'il leur propose plus que de leur servir le simple verre qu'elles ont commandé 2 minutes plus tôt. C'est vraiment ridicule. De mont point de vue, j'ai l'impression d'être au zoo et de regarder une parade nuptiale. Comme le paon qui élève ses plumes et prend un ai fier devant les femelles pour les attirer. Sauf que dans le cas présent ce sont les femmes qui prennent "le rôle du mâle". Je reste à ma place à les regarder jusqu'à ce que je décide de m'installer à une table sur la terrasse.
- Qu'avez-vous en tête, mademoiselle ?
Une femme d'une cinquantaine d'années me fixe de ses yeux globuleux. Elle est ridée mais sa peau a l'air douce. Elle a des yeux bleus, des cheveux gris et s'habille comme madame Irma.
- Je pensais à la façon dont je suis arrivée ici.
- Vous ne vous souvenez plus de rien et vous vous demandez si votre place est bien sur cette île ?
- En quelques sortes oui. Je ne sais rien de ma vie d'avant. Je ne sais pas dans quelle activité j'excelle, si mes parents étaient encore en vie ou si moi-même avait une vie remplie d'amant.e.s et d'ami.e.s.
- J'aime me dire que si l'on a tous atterri ici, c'est pour une bonne raison. Comme si le destin nous a poussé un bon coup pour nous dire que notre vie n'est pas celle que l'on avait mais celle qui nous attend quelque part d'autres. Qu'il faut aller voir plus loin que ce que l'on a déjà.
- Et vous pensez vraiment que ce que vous dites est vrai ?
- J'ai écouté l'histoire de chacun. Je les connais tous ici et ils m'ont tous dit la même chose. Que leur vie d'avant ne leur convenait pas. Qu'elle n'était pas belle ni celle qui pouvait les rendre heureux. Ils ont tous décidés de rester ici. Vous vous souvenez de certaines choses de votre passé ?
- Vaguement. Je fais comme des cauchemars où je vois des personnes qui semblent être mes parents. Puis il y a un homme aussi mais je ressens du dégoût envers lui. Je ne sais pas pour quelles raisons.
- Pour l'instant mes pensées ont l'air justes, même à votre égard.
Elle affiche un grand sourire en me disant cette dernière phrase, avant de partir. Je ne peux m'empêcher de sourire également. Peut-être a-t-elle raison. J'ai toujours cru qu'il y avait un karma ou du moins une force qui nous poussait à faire certains choix plutôt que d'autres ou qui nous donnait des intuitions sur ce que nous devions faire. Comme si ette force mystérieuse nous poussait vers un style de vie et bien souvent des personnes que nous devons absolument rencontrer. J'aperçois au loin le gars d'hier soir. Il me regarde avec un grand sourire et se dirige vers la terrasse sur laquelle je me trouve. Je sens qu'il est temps de partir. Je n'ai aucune envie de me retrouver en face de sa tête de niais. Je me retourne et m'en vais le plus vite possible. Ma démarche ne ressemble à rien. Je cours à moitié mais je marche vite aussi. Quelque chose entre les deux. Cela n'a pas l'air beau à voir tellement que les quelques autres personnes qui m'ont remarqué ont l'air de bien se marrer. En me pressant je percute de plein fouet un grand brun qui tournait au carrefour.
- Désolé, je ne vous avais pas vue.
- C'est moi qui suis désolée. Je me dépêchais et n'ai pas fait attention où je mettais les pieds.
- Vous essayez d'échapper à quelqu'un ?
- On peut dire ça.
L'homme en face de moi a visage de dieu grec. Ses yeux bleus me scrutent. Je me demande comment un homme avec un tel regard pense à poser les yeux sur ma personne. Il est vraiment très bien fait d'après ce que je vois, pourtant il a encore tous ses vêtements. Il a l'air musclé mais pas trop. Un beau mélange entre le gras et le muscle.
- Ah, j'espère qu'il ne vous trouvera pas alors. On se reverra plus-tard.
- Oui, peut-être.
- A bientôt.
- A bientôt.
Que je suis niaise de répéter ce qu'il dit comme un perroquet. Je me sens vraiment idiote. Il faut vraiment que je foire tout dans un moment aussi crucial. En fait, ce n'est pas vraiment crucial une rencontre avec un homme. Mais la première impression est toujours la plus importante. Sa première impression de moi sera que je suis une fille niaise qui n'a aucune personnalité. Qui ne peut pas non plus commencer un sujet de discussion puisque c'est lui qui l'a fait à chaque fois. Et en plus qui évite les hommes, même si je n'ai pas précisé que c'est un homme ce n'est pas très compliqué de le comprendre. A part faire bizarre, je ne vois pas ce que ça fait.
William Gosset 2 years ago
Bonjour Flavie,
N'oubliez pas les tags à la fin de votre texte.
Merci à vous.