Chapitre 8 - Déclaration
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Chapitre 8 - Déclaration
Le réveil est plus calme aujourd'hui. La lumière entre dans la pièce et me laisse un sentiment d'apaisement. Ma tête bouillonne un peu mais j'ai l'impression qu'elle se calme un peu en voyant la beauté du lever de soleil. Autrefois, un café aurait été le bienvenu pour commencer la journée sur une belle note d'excitant. Aujourd'hui je ne risque pas d'en avoir besoin, le stresse me maintient éveillé et énervé. Le temps de me préparer et prendre mes affaires, me voilà partie en direction de la boutique. La sensation de créer une nouvelle vie ne me quitte pas. L'excitation est présente lorsque j'envisage ce futur mais la crainte ne peut me quitter. Non pas celle de tout gâcher mais celle de tout recréer alors qu'il me faudrait au contraire tout remettre en ordre dans ce qui constituait ma vie. Cette possibilité reste pour l'instant impossible et ne risque de s'exaucer. J'essaie de refouler ces pensées avant d'arriver. Ce n'est pas le moment de parler de mes inquiétudes aux personnes de mon équipe.
A ma grande surprise, personne ne m'attend devant. Ils ont pris l'initiative d'entrer et s'installer, se sont répartis les groupes et ont commencé à préparer leurs affaires en vue de leurs projets du jour. Je décide de rester un peu à l'entreprise pour commencer. Je n'ai pas d'inquiétudes quant au fonctionnement de celle-ci par deux de mes "employés", seulement il me reste beaucoup de comptabilité et autres choses un peu ennuyeuses à faire. Une fois cela fait, je prends le chemin de la place à côté du bar. Le duo qui s'occupe du petit marché à l'air très occupée. Il y a du monde pour nos créations. Il est vrai que j'espérais exactement ce type d'attention de la part des habitants mais il n'empêche que cela me surprend tout de même. Le dernier duo que je rejoins est en pleine discussion avec Jacob au sujet des petits stands à exposer devant son bar pour faire une plus grande promotion de nos produits. Il a l'air d'accepter tout en étant dubitatif sur l'organisation. Nous décidons de fixer des horaires qui nous semble à tous les plus efficaces pour chacun. Finalement, nous n'avons pas les créneaux des repas, midi et soir, pour ne pas déranger les personnes qui souhaitent rester manger sur place.
La discussion se fini sur une entente de bons compromis entre nous tous. Mes deux employés repartent mais je décide de rester. Le bar est pratiquement vide. C'est le moment de lui parler. J'avais déjà envie de lui parler depuis ce matin. Je me suis demandé plus tôt s'il ne faudrait pas que je passe au bar pour avoir une bonne discussion avec lui. Seulement, le courage me manquait encore une fois. Je me lance et lui demande s'il est disponible pour une balade ensemble. Je ne lui cache pas que je souhaite avant tout parler. Il a l'air curieux et assez étonnant que je "revienne vers lui" de cette manière. Nous marchons environ trente minutes en parlant de la pluie et du beau temps, des péripéties de l'île, il me raconte des anecdotes en tous genres. Certainement dans un objectif d'éloigner au plus que possible le moment où je lui parlerais. Il doit se demander si ce moment sera gênant et le mettra une nouvelle fois dans une position inconvenante.
Nous nous asseyons sur un bout de plage assez éloigné et je me lance.
- J'ai réussi à mettre en forme toutes les bribes de souvenirs que j'avais depuis la nuit que nous avons passée ensemble. Je sais qui est Harry.
- Ton petit-ami je présume ?
- Oui, mais ce n'est pas tout.
- C'est-à-dire ?
- Cela se passait mal. Il me forçait à rester à la maison parce qu'il ne supportait pas que je sorte. Tu comprends, ce n'était que de la jalousie, qu'il me disait. Je l'ai cru pendant un moment. Puis j'ai commencé à ne plus supporter de ne pouvoir sortir sans lui. La première fois que je lui ai demandé de ressortir seule, j'étais dans la cuisine, je faisais cuire des pâtes. Il s'est énervé et a donné un coup dans la poignée de la casserole, me brûlant au passage. Il m'a accompagné aux urgences et s'est excusé durant des jours. Il m'aimait et c'est pour cette raison qu'il faisait tout ça pour moi. Puis au final, ça ne se voyait plus vraiment au bout d'une semaine. J'avais été prise en charge assez rapidement. Je ne lui en ai plus parlé pendant un moment.
- Et tu le lui as redemandé ?
- Oui, et cette fois encore il s'est énervé. Mais il n'y avait pas de casserole. Il n'y avait qu'un cendrier sur la table. Il me l'a jeté en plein visage. Je saignais mais ça ne l'effrayait pas. Il me disait que c'était de ma faute, que je ne l'aimais pas assez vite, qu'il le savait parce que je voulais sortir draguer d'autres hommes. Il m'a dit qu'il ne supporterait pas et que je ne devais plus parler d'autres personnes. C'est vrai, je devrais me suffire du chat comme seule compagnie. Au bout d'un moment, certains sujets de discussion m'étaient interdits. Je ne pouvais plus me donner mon avis sur ce qu'il se passait dans les médias ou à la télévision. Je ne pouvais plus rien faire sans devoir lui rendre des comptes et lui dire précisément ce que j'étais en train de faire. Voilà, c'est pour cela que je faisais des cauchemars.
- Et comment tu te sens maintenant ?
- Je ressens un grand vide. J'ai l'impression qu'il manque quelque chose, que cette histoire n'a pas encore pris fin. Je me souviens d'être partie un jour en prenant le strict minimum. C'est pour ça que j'étais sur ce bateau. Pour une fois, je m'étais faite belle et j'avais décidé de passer une bonne soirée sur un bateau sans me demander si j'allais me faire frapper en rentrant et même sans me demander si j'allais vraiment rentrer.
- Tu sais qu'il est encore possible de partir de l'île ?
- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Il y a un bateau que nous venons de finir, il part dans deux jours.