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Travailler au CTA(Centre de Traitement Ambulatoire du VIH)

Travailler au CTA(Centre de Traitement Ambulatoire du VIH)

Published Jun 11, 2020 Updated Jun 11, 2020 Travel
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Travailler au CTA(Centre de Traitement Ambulatoire du VIH)

 

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14 dec 2012

 Comme je vous l'ai deja dit, le CTA, c'est le centre de traitement ambulatoire du VIH. C'est une structure située au sein de l'hopital, specifiée dans le depistage, le traitement et le suivi des patients porteurs du VIH.

 

Il y a env 5% de PVVIH ici au Congo Brazzaville, ce qui est moins élevé que dans d'autres pays d'afrique (afrique du sud et occidentale surtout) mais qui demeure un vrai probleme de santé publique.

L'OMS a ciblé trois priorités, le VIH, la tuberculose et le paludisme, ce qui a permis  l'essor de ces structures spécifiques, associé au plan national de lutte contre le VIH qui est sous l'égide du ministere de la santé, et notre CTA est centre de référence du Congo en matière de VIH.

 

Pour les non initiés, le VIH, c'est un virus qui affecte des cellules de défense de l'organisme, les CD4 (virus de l'immunodeficience humaine), et donc qui provoque l'émergence d'infections qu'on n'attraperait pas si notre organisme se défendait correctement, infections dites opportunistes. On ne meurt pas du VIH, mais de cette baisse d'immunité et de cette vulnérabilité que cela provoque.

 

Alors qu'en est il ici au CTA ? Derrière les images marquantes de patients tout dénutris, avec la tuberculose et de nombreuses maladies de peau comme ce put etre le cas auparavant, on a fait d'immenses progrès. Peut etre vais je en surprendre plus d'un, mais la très grande majorité des patients que je recois ici va bien. Ils mangent correctement, ont un poids normal (et meme souvent je prodigue des conseils pour lutter contre l'obésité !), ne relatent que des doléances relevant de la médecine générale. Toux, rhume (j'ai la grippe ils disent ici), HTA, douleurs multiples, maux de tete, de ventre, de pieds.... Les quelques cas qui posent des problèmes relatifs au VIH sont la plupart du temps des patients dont on vient de faire le diagnostic, qui se sont fait depister parce qu'ils voyaient bien qu'ils n'allaient pas bien.

On a fait d'énormes progrès en matière de lutte contre le VIH, et la généralisation et la production à bas cout des antiretroviraux ces 10 dernieres années a permis cela. Ici le traitement antiretroviral est gratuit. Les patients peuvent vivre normalement avec le VIH, à condition de prendre leur traitement avec la plus grande rigueur, en étant parfaitement observant pour éviter le developpements de virus resistants.

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Et c'est là notre principal combat, motiver des patients qui vont bien et qui ne se sentent pas malades à continuer à prendre leur traitement, tous les jours, toutes la vie, sans écart ne serait ce qu'une journée ou deux. D'ou le fait qu'on ait un centre specifique de prise en charge, avec une equipe pluridisciplinaire. Les assistantes sociales et educateurs expliquent et renforcent les compétences des patients concernant leurs savoirs sur la maladie ou sur le traitement, sur la prevention des comportements a risque,  des conseils  d'aide à la procréation. Les psy travaillent sur le vivre avec la maladie, assumer son statut auprès de son entourage dans une société ou etre infecté par le VIH c'est tabou et stigmatisant, c'est source de conflits et de divorces, c'est la marque de l'infidelité. Des repas communautaires sont organisés pour travailler sur les regles saines de l'alimentation, replacer les patients dans une démarche de prise en charge globale, des sorties ludiques sont organisées pour les enfants. Les infirmiers eux assurent prelevements et conseils à la prise des medicaments (organisation, respect des horaires, comment gerer son traitement ds un lieu public... tt est abordé)

 

Quant à nous, médecins, on gère une activité de consultation, renouvellement d'ordonnance, recherche des effets indesirables, pathologies associées, qu'elles relevent du VIH (peu) ou de la medecine générale(+++), surveillance de l'efficacité, de la bonne observance, reajustmeent des traitements de 1ere ou 2eme ligne quand il y a eu un traitement en échec. C'est un travail assez redondant dans son objectif premier (renouvellement d'ordonnance), un travail qui devient nettement plus interessant quand on prend aussi en charge les pathologies de medecine générale, et les cas plus particuliers de prise en charge pendant la grossesse, prevention de la transmission de la mere à l'enfant, prise en charge des enfants (souvent allaités) dont on ne sait pas encore leur statut serologique.A côté de cela, on a quelques lits qui correspondent à un hopital de jour, ou on prend en charge les patients dans un état plus ou moins critique, simple fatigue, crise de palu, vomissements iteratifs, qu'on prend en charge localement ou qu'on readresse a coté vers l'hopital.

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Bref, meme si ce n'est plus les très lourds cas qu'on a pu connaitre dans le temps, c'est une prise en charge assez complexe et variée que je découvre peu à peu au gré des patients et de mes lectures.La limite se situe essentiellement dans les moyens qu'on a pour tout ce qui ne releve pas du VIH directement. Chaque prescription d'examen (une radio, une analyse des crachats, une echo du ventre) et de medicaments annexes( meme un flacon de biseptine !) doit etre murement pesé car tout est à la charge du patient et releve d'un coup souvent difficile à supporter. A l'hopital, les patients doivent tout ramener, jusqu'aux compresses, aux gants steriles et au fil à suturer, meme aux urgences si tu arrives avec une hemorragie importante, car eux n'ont RIEN. C'est là ou il faut apprendre à composer, prendre en compte les couts pour le patient, mais ne pas être trop négligent pour autant, et parvenir à rester logique et sérieux dans sa démarche ; prescrire en probabiliste plutot qu'en situation de certitude, tenter un traitement puis un autre pour éliminer au fur et à mesure les differentes hypotheses diagnostiques... on est loin de la politique de prescription ciblée des antibiotiques en france !!

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Bon, il est important de nuancer pour finir mon propos en rappelant que je suis a Brazzaville, dans la capitale ou l'acces au dépistage et aux structures de soins reste assez facile, mais que la situation n'est clairement pas la meme dans les zones reculées du pays ou de l'afrique en générale. Mon amie Sophie, qui elle travaille dans un poste avancée en brousse au Cameroun, ne relatera pas du tout les memes propos que moi, et déplore de voir tous les jours des patients VIH dans un état de cachexie avancée et de simplement constater leur deperissement et leur deces. De nombreux progrès ont été fait ; de nombreux progrès restent à faire....

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