Alors il y a d'un côté Pointe-Noire et de l'autre Brazzaville. Une ville portuaire et une ville dans les terres. La capitale économique versus la capitale administrative.

A l'image du reste de l'Afrique du Golfe de Guinée : Port-Gentile et Libreville au Gabon. Douala et Yaoundé au Cameroun. Lagos et Abuja au Nigeria. Abidjan et Yamoussoukro en Côte d'Ivoire. 

Là, une ville qui regroupe toutes les activités économiques, pétrole en tête. Avec ses nombreuses plateformes au large dans la mer, de nombreuses entreprises nationales et internationales, le bassin des échanges commerciaux avec le reste du monde, zone d’arrivée et de départ de nombre de marchandises.Ici une ville qui regroupe toutes les institutions, Présidence, Ministères, Etats Major, Ambassades. Là-bas, on y trouve les entrepreneurs, une richesse très orientée, des expat’ nombreux et peu intégrés localement, car de passage uniquement.Ici, les puissants et les riches sont les colonels, les généraux, les ministres et leur entourage, et bien entendu la famille du Président. Les expat y sont moins nombreux et souvent installés depuis 20 ans. Par contre quasiment aucune entreprise ou industrie. Là les taxis sont bleus, à l’image de l’océan. Ici les taxis sont verts, car Brazza est surnommée Brazza la verte, à l’image de ses nombreux arbres. Là on y parle business. Ici, on parle politique.

Pourquoi une telle dichotomie ? Pourquoi une telle séparation ? Héritage historique ou volonté stratégique ? Je vais refaire appel à Charles, mon expert géographie, qui nous avait à l’époque bien éclairé sur la coexistence des deux capitales boliviennes (tu transmets, Max?). Pour ma part, j’y vois probablement un certain garde fou contre la confusion des genres. Non pas que la politique ne se mêle pas du fric qui circule à Pointe Noire. Mais peut être afin que l’économie ne vienne pas trop perturber la donne politique, plus complexe, dans un pays où notamment les considérations ethniques jouent beaucoup. On est loin de la France, de Paris, et de cette centralisation à outrance !

Pour ma part, j’ai passé une bonne semaine à Pointe Noire. J’avais vraiment besoin de changer d’air, enfermé dans une ville depuis près de 5 mois, et l’air de la mer m’a bien changé les idées. Le recueil de données pour ma thèse a bien avancé, c’était le but premier. Et j’y ai trouvé des amis (congolais bien sûr) pour bien faire la fête le week-end. Une petite semaine à Pointe-Noire.