Ces bits m’irritent, 
Ils courent sur la fibre optique et convoient par la lumière 
Les pensées obscures de la terre.
Ces bits déchiquettent la netiquette, 
Une utopie de fraternité numérique 
Sacrifiée sur l’autel de la critique. 
Critique sans rhétorique, 
Sans pensée non plus, 
Résurgence d’idéologies fanatiques, 
Celles que l’histoire voudrait perdues.

Ces bits m’agacent, 
Ces strass de stars qui instagramment leurs égos crasses. 
Tant de technologie pour si peu de décence, 
Ils vivent de leur j’aime éphémères, 
Jouisseurs médiatiques exhibitionnistes 
Suivis par autant d’âmes perdues et voyeuristes 
Qui cherche la chaleur d’une lumière bien pâle.

Ces bits m’attristent, 
Cette révolution promettait beaucoup, 
La connaissance pour tous, 
Le rapprochement des peuples, 
Le village global. 
Tout ceci est bien oublié. 
Il n’y a que la bêtise qui ait essaimé.

Ces bits me submergent, 
Mega, giga, penta, hexa octets de data, 
L’impérieuse nécessité de convoyer 
Toute parcelle d’opinion, d’idée, 
D’information commerciale, Sans discernement ni distinction. 
Un flot vomitif de mail, de tracker, de posts, de tweets, 
De l’énergie brûlée à en faire bouillir les océans. 
Une révolution fulgurante qui n’a pas de freins, 
Un tombeau ouvert qui n’aura pas de fin, 
A part celle de l’humain.