La lutte des classes existe-t-elle toujours au XXIe siècle?
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La lutte des classes existe-t-elle toujours au XXIe siècle?
- Qu'est-ce que la lutte des classes?
Afin de nous assurer une analyse sérieuse de ce phénomène social, nous nous appuierons sur pas moins de trois définitions de ce qu'est la lutte des classes.
En premier, voici la définition telle qu'écrite sur le site wikirouge.net:
La lutte des classes est, comme son nom l'indique, le conflit, ouvert ou larvé, entre les classes sociales pour leurs intérêts. Elle est pour le Marxisme le fondement de l'histoire des sociétés de classes et ce qui permet de les comprendre.
Voici maintenant une définition que l'on peut trouver dans nos manuels scolaires mis à jour en 2023:
Marx pense que, dans toutes les sociétés, il y a des classes sociales en opposition forte et violente du fait d'intérêts contradictoires et qui entrent en lutte, chacune souhaitant détenir le pouvoir.
Enfin la troisième définition n'en sera pas une mais une citation de Marx lui-même, tirée de "Les luttes des classes en France (1848-1850)"
Si Paris, par suite de la centralisation politique, domine la France, les ouvriers dominent Paris dans les moments de séismes révolutionnaires. La première manifestation d'existence du Gouvernement provisoire fut la tentative de se soustraire à cette influence prédominante en en appelant de Paris enivré au sang-froid de la France. Lamartine contesta aux combattants des barricades le droit de proclamer la République, disant que seule la majorité des Français avait qualité pour le faire ; qu'il fallait attendre leur vote, que le prolétariat parisien ne devait pas souiller sa victoire par une usurpation. La bourgeoisie ne permet au prolétariat qu'une seule usurpation : celle de la lutte
En résumé la lutte des classes est un concept issu du philosophe, économiste, historien, sociologue et journaliste allemand Karl Marx. Dans son analyse des rouages du système économique capitaliste, il en vient à la conclusion qu'il existe un conflit permanent dans les sociétés modernes opposant les milieux aisés aux milieux prolétaires.
- La lutte des classes au XIXe siècle
C'est au XIXe siècle qu'est né le concept de lutte des classes. En ce siècle d'innovation et d'industrialisation majeures, la société se retrouve transformée: Si auparavant on considérait dans la plupart des pays européens les "trois ordres" soit la noblesse, le clergé et le Tiers-État, la Révolution française de 1789 a fait voler en éclat cette vision appartenant à ce que l'on nommera désormais "l'ancien régime". À travers les guerres napoléoniennes, ce sont toutes les monarchies du continent qui se trouveront tantôt sous l'influence de la France tantôt en guerre contre elle.
(Illustration d'époque représentant le clergé
et la noblesse écrasant de taxes le Tiers-État
qui, rappelons-le représentait alors près
de 98% de la population française)
Les conséquences directes sont que dans toute cette série d'événements frénétiques de 1789 jusqu'en 1815, les idées se propagent, l'imprimerie mécanisée produit des livres à une vitesse encore jamais égalée et l'influence des penseurs se propage de plus en plus vite. Peu après cette période, on verra alors émerger des courants de pensées nouveaux: comme le socialisme et le communisme. Des critiques se la société se font entendre alors que les inégalités sociales se creusent entre ouvriers et patrons propriétaires.
C'est dans ce contexte qu'apparaît le concept de la Lutte des classes. Selon Marx, il existe deux classes sociales en lutte perpétuelle: la première est la Bourgeoisie, riche et prospère, soit qu'elle ait un héritage de l'ancienne noblesse soit qu'elle ait fait fortune dans les affaires.
La seconde est ce qu'il appelle le Prolétariat, en somme: les ouvriers. Les plus modestes.
Si la bourgeoisie a pour intérêt de conserver sa place, le prolétariat, lui, aspire à en sortir. Là où la bourgeoisie s'évertue à ce que rien ne change, le prolétariat réclame le changement à cor et à cris. Si la bourgeoisie voit que la situation s'envenime, elle n'hésite pas à envoyer des vagues de répression contre le prolétariat. Dès lors, le prolétariat va innover et trouver de nouveaux moyens de lutter, comme la grève et la formation de syndicats où les ouvriers se regroupent afin de faire cause commune et d'organiser la lutte pour améliorer leurs conditions de vie.
Au XIXe siècle, le prolétariat n'a quasiment aucun droits. Si ce n'est celui de travailler entre 12 à 15h par jour, 6 jours sur 7. Et le tout dans des conditions terribles. La plupart des ouvriers ne dépassent alors pas l'âge de 35 ans et meurent souvent de maladies comme la bronchite ou la tuberculose...
La bourgeoisie, elle pratique des métiers peu fatigant, travaillant comme banquier ou dans des bureaux, a accès à une alimentation variée et perçoit des salaires bien plus élevés que le prolétariat. Prolétariat qui a d'ailleurs souvent recours au travail des enfants afin d'entretenir une famille nombreuse.
Au XIXe siècle, l'appellation de Lutte des classes paraît donc tout à fait pertinente tant le fossé entre prolétaires et bourgeois est immense. Mais au tournant du siècle va avoir lieu un événement qui va rebattre les cartes de cette société: c'est la Ière Guerre Mondiale.
- La lutte des classes au XXe siècle
On considère socialement que le XIXe siècle s'étend sur le début du XXe car le véritable changement apparaît après 1918.
Le continent européen a été ravagé durant 4 longues années, près de 10 Millions de morts tous camps confondus. Il va falloir rebâtir, et tant qu'à faire essayer de créer une société plus juste!
Car la nouveauté de ce siècle est l'avènement des régimes démocratiques! De nombreux pays ont ouvert le droit de vote aux hommes et le suffrage est souvent universel, par opposition au suffrage censitaire, où seuls les riches pouvant payer un impôt (le Cens) avaient le droit de voter.
En France, nous verrons l'apparition du Front Populaire qui remportera les élections en 1936! Et l'on voit alors la situation des classes populaires nettement s'améliorer: deux semaines de congés payés par an! Limitation de la semaine de travail à 40h!
Toutes ces réformes ne se feront pas dans le calme, notamment avec les ligues d'extrême droite, mais d'une manière générale les choses sont moins explosives que dans d'autres pays comme l'URSS, où le Stalinisme impose alors ses fameuses purges. Le fascisme mussolinien et la nazisme hitlérien offrent alors un contrôle total sur leurs pays "Tout pour l'État" y dit-on alors!
La seconde guerre mondiale passée, d'autres conquêtes sociales vont avoir lieu: les femmes obtiennent le droit de vote en 1944, de travailler sans rendre de compte à leur mari en 1965 et le droit à l'avortement en 1975.
Mais la bourgeoisie réactionnaire ne va passe laisser faire... Il ne faudrait pas que les acquis sociaux commencent à donner des ailes aux travailleurs et nous verrons également tout au long du XXe siècle et dans de nombreux pays des manifestations réprimées dans le sang, comme au Royaume-Uni sous Margareth Thatcher par exemple. Car l'ancienne bourgeoisie ne se contente plus de ne s'adonner qu'à ses affaires, désormais elle est assez riche pour partir conquérir la politique! Et nous verrons régulièrement les plus grandes fortunes du monde soutenir tel ou tel candidat lors d'élections dites "libres et démocratiques".
Je mets ces termes entre guillemets car il y a une énorme différence entre avoir le soutien de 1000 prolétaire et celui d'un seul milliardaire.
Lors des dernières années de ce siècle, nous verrons même apparaître une troisième classe: la "Classe moyenne", comprenez "ceux qui occupent désormais les anciens postes dont la bourgeoisie ne veut plus". Ce sont des banquiers, des salariés, des petits patrons... bref des ouvriers qui se lancent dans l'aventure de la conquête sociale en respectant les règles du jeu édictées par la bourgeoisie et donc sans passer par la lutte.
De ce fait, on peut considérer que l'apparition de cette nouvelle classe a fait tomber pour un temps le terme de "lutte des classes" en désuétude... Mais la suite va vite nous rappeler qu'il n'en est absolument rien.
- La lutte des classes au XXIe siècle
À partir des années 2000, une véritable machine de guerre réactionnaire va se mettre en marche. La bourgeoisie se développe de plus en plus vite, rachète des sociétés qui étaient jadis publiques et donc des parties de l'État, avec un mot d'ordre: "Moins d'État, plus de marché" C'est ce que l'on appelle le Libéralisme économique et nous allons assister bientôt à ses pires excès.
Martin Bouygues, propriétaire entre autres de TF1, et pesant à peu de choses
près 2 Milliards de dollars, éminent soutien de Nicola Sarkozy lors de son élection en 2007.
Alors qu'au XXe siècle les États se portaient encore garants du bien-être de leur population, les privatisations à outrance et l'enrichissement toujours plus vertigineux de la bourgeoisie nous fait apparaître l'aube d'une nouvelle ère: le Techno-fascisme.
Vincent Bolloré, propiétaire de France Catholique, Cstar, Canal+, C8, Cnews, Capital, Harvard Review Business, Dailymotion, GEO, National Geographic, Voici, Télé Loisirs, Femme Actuelle, JDnews et Le journal du Dimanche. Ah oui et Rfm. et Europe 1. Et Europe 2 ...
À l'heure où les technologies se développent de plus en plus vite, l'information circule également à toute vitesse. Les réseaux sociaux relient les humains d'une telle manière que nous n'avons jamais eu accès à autant d'informations. Ils serait alors logique de penser qu'une grande période de connaissance et d'humanisme nous attend! non?
Donald Trump, 4,3 Milliards de dollars Elon Musk, + de 400 Milliards de dollars
Eh bien finalement nous nous dirigeons vers tout le contraire.
Les merveilleux outils de connaissance créés ces dernières années comme les ordinateurs personnels, internet, j'en passe et des meilleurs sont désormais gangrénés par la Post-vérité et le Révisionnisme à outrance. La guerre de l'information devient alors la nouvelle lutte des classes. Ceux qui ont les moyens d'être informés correctement peuvent sortir leur épingle du jeu. Ceux qui n'en ont pas les moyens finissent broyés par le techno-fascisme.
Fake news, absurdités mensongères, manipulation de masse tout ceci a été rendu possible car la bourgeoisie emploi les médias de masse afin de véhiculer sa propagande qui est désormais partout. La littérature nous a offert quelque chefs-d'œuvre tels que Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou encore 1984 de Georges Orwell. Des dystopies décrivant des futurs hypothétiques où des dictatures utilisant la technologie à son maximum permettent de manipuler les peuples contre leur propre intérêt. Je précise qu'il s'agissait là de science-fiction et non pas d'un éventuel mode d'emploi.
La lutte des classes n'a pas disparu. Elle a pris une autre forme. Elle se joue toujours dans la rue, dans les luttes classiques, mais également sur les réseaux, les forums, dans toutes les actions militantes et le prolétariat aura besoin de coordonner toute sa force de frappe afin de résister à l'internationale conservatrice qui sévit actuellement.
À l'heure où je vous parle, les USA du duo Musk-Trump viennent de couper tous les financements d'aide internationale. Ils détruisent en ce moment même toutes les structures ayant pour but de venir en aide aux plus démunis, ils s'attaquent déjà à la connaissance en censurant les travaux universitaires sur des sujets honnis tels que l'identité de genre. Des immigrés se trouvent à l'heure où vous lisez ces lignes à Guantanamo, là où nul ne sait ce qu'il pourrait leur arriver. Les USA sont en ce moment même et sous nos yeux médusés en train de se transformer en régime autoritaire. En dictature technofasciste contrôlée par des milliardaires qui ne font que peu de cas du peuple.
La lutte contre la pauvreté? abrogé.
La lutte contre les discriminations? abrogé.
Le soutien aux organismes scientifiques? abrogé.
C'est ainsi que commence le pire des naufrages: celui des consciences.
Et il est loin d'être exclu que cela ne s'exporte pas chez nous. On voit d'ores et déjà Mr Musk s'adonner clairement à de l'ingérence en Allemagne et bientôt dans d'autres pays européens.
Espérons que la lutte reprendra pour rendre ses droits au peuple américain ainsi qu'à tous les autres.
Alors n'oubliez pas les mots de Karl Marx:
"La bourgeoisie ne permet au prolétariat qu'une seule usurpation : celle de la lutte"
- Les étrangetés de la lutte des classes.