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Pensées confinées

Pensées confinées

Published Jan 16, 2021 Updated Jan 16, 2021 Health
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Pensées confinées

Chronique d'opinion publiée dans l'hebdomadaire 'La Semaine du Pays Basque' n°1411 du 24 décembre 2020 au 14 janvier 2021

Je n'ai aucune réticence à avouer que j'ai plutôt mal vécu les situations de confinement auxquelles les autorités politiques nous ont contraints pour faire face à la pandémie de Covid-19. En effet, bien qu'étant un casanier invétéré, je ne suis aucunement asocial et j'ai besoin, comme la quasi-totalité des individus du genre humain, de contacts quotidiens et de relations sociales. Or, en ces périodes du printemps et de l'automne/hiver de cette annus horribilis 2020, tout cela était réduit à la portion congrue. Une épreuve encore plus difficile à supporter lorsque l'on est un solitaire, par choix ou par circonstances de vie, et que l'on se retrouve confronté à un huit clos avec soi-même durant la plus grande partie de la journée.

C'est là d'ailleurs, pour commencer en ouvrant une parenthèse, que l'on se rend compte que ce que l'on appelle les "réseaux sociaux" sont tout... sauf des liens entre personnes, des moyens de sociabilité. Ils peuvent en avoir l'apparence cosmétique, mais ils ne sont que des succédanés de relation sociale, bien médiocres et frustrants au demeurant.

Comme sans doute beaucoup de gens dans mon cas, j'ai été encore plus présent et actif sur Twitter ou Facebook durant toutes ces semaines d'enfermement, mais les interactions qui pouvaient éventuellement se nouer entre utilisateurs d'ordinateurs, tablettes ou smartphones étaient aux antipodes de ce qu'est une simple rencontre, une discussion, même de facture la plus banale, dans la rue ou ailleurs sur l'espace public ou dans la sphère privée. Les réseaux sociaux ou dénommés tels ne sont que des caricatures de ce qu'est la vie réelle en société. Et le problème est que beaucoup aujourd'hui se contentent de cette bulle, de cette existence derrière un écran.

Ainsi donc, le confinement, comme je l'ai vécu - "subi" serait un terme plus approprié -, c'est cette sensation de temps suspendu, ou toutes les journées se ressemblent et trainent en longueur, où on arrive très vite à perdre la notion de différenciation des jours de travail et de repos ou de loisirs, où on se prend à regretter amèrement qu'il fasse beau et qu'on ne puisse en profiter, mais aussi à se dire que le soleil est là, heureusement, car on prend vite conscience que la grisaille ou la pluie aggraveraient encore davantage la morosité ambiante, la sinistrose permanente, l'affaiblissement du moral...

En temps de confinement, on se dit que ce satané téléphone reste désespérément muet, alors qu'en temps ordinaire il nous apparait si intrusif, on attend ces nouvelles qui n'arrivent pas, on s'agace de ce que les initiatives que l'on peut prendre pour faire avancer un certain nombre de choses ne rencontrent pas d'échos ou que l'attente des retours paraît interminable.

Immuable recommencement

En temps de confinement, il nous semble que nos amis, nos relations nous ont oubliés, qu'ils se sont repliés sur leur cercle intime, avec cette sensation désagréable que l'on ne compte finalement pas tant que ça aux yeux de ceux qui nous entourent et avec qui nous avons des affinités partagées, des activités et centres d'intérêt communs. C'est oublier que, à un autre bout du confinement, ces amis ou ces relations-là se disent à peu près la même chose, tirent des conclusions similaires, vivent les mêmes amertumes, nourrissent les mêmes incompréhensions.

Pour lutter contre ce genre de sentiment, je me suis efforcé d'appeler par téléphone et à une ou autre reprise, quelques-uns de mes ami(e)s proches, mais, insidieusement, l'enfermement et la monotonie ont accompli leur oeuvre destructrice, celle qui vous fait baisser les bras et vous ôte l'énergie minimale nécessaire à établir ces contacts. Une atonie, une inertie, une morne routine s'installe sans que l'on s'en rende vraiment compte et si par cas on en prend conscience à un ou autre moment, la pensée qui vient alors et qui freine toute velléité de réagir, c'est celle qui se résume en : "bah, maintenant c'est trop tard, j'aurai dû le faire avant"... Le piège de l'ennui, de l'accoutumance à un quotidien sans relief et sans surprise, à une triste réalité de vie s'est installé. Un cercle vicieux s'est mis en place et il est si difficile d'en sortir, d'envisager seulement de le faire. Il faudrait pour cela un sursaut d'énergie vitale ; or c'est cette énergie-là dont on a besoin pour ne serait-ce que supporter la ronde des heures qui nous semble sans fin, la perspective angoissante que le lendemain et tous les autres jours ce sera un immuable recommencement, celle d'une vie comme mise entre parenthèses.

Il est fort possible, voire évident, que ces réflexions que j'énonce ici ne reflètent que le vécu de personnes en situation de solitude, mais je crains fort que beaucoup ne soient dans ce cas et que les épisodes de confinement ne laissent de gros dégâts psychologiques.

Ayant vécu de la sorte ces moments, les pensées que j'ai infligées ici aux lecteurs sont aussi, je le reconnais sans peine, comme une sorte de thérapie, un moyen d'extérioriser une souffrance trop longtemps confinée.

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