En vrai, moi, je voulais pas que tu t'en vas. Je voulais te retrouver tous les matins, sous le grand sapin. Je voulais qu'on joue, qu'on rit, qu'on chante, qu'on ramasse des coquillages sur la plage, qu'on jette des galets dans les vagues, qu'on fasse des blagues... En vrai, je trouvais qu'on était beaux tous les deux quand on dansait sur ces chansons qu'on connaît pas... J'aimais trop ça, moi, t'emmener danser au bal de l'Océan. Même si je danse pas bien. Je danse pas bien, je chante pas bien, et je sais pas bien dire ce que je ressens. Du coup, j'ai pas pu t'avouer qu'en vrai je t'aimais bien. Alors voilà pourquoi je t'envoie cette carte postale du camping. Ici, il fait beau, le soleil brille, les oiseaux volent... Mais je m'ennuie parce que ton igloo n'est plus là, sous le sapin, qu'une autre famille s'est installée sur l'emplacement 21. Ça se passe toujours comme ça : on vient, on va, puis d'autres prennent notre place. Mais dans mon cœur à moi, tu sais, personne d'autre que toi ne plantera de sardines. Je voulais que tu restes mais tes parents ont décidé de rentrer. Ils ont dit qu'on se reverrait l'été prochain, qu'un an c'est rien pour des gamins. Les grands, ils croivent tout le temps que les enfants savent pas aimer. En vrai, on sait. On sait, mais on le dit pas. J'espère que tu vas bien, que tu penses un peu à moi.

À bientôt.

XOXO

Index de lectures Histoires sans fin