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L'illusion d'exister

L'illusion d'exister

Published Jul 2, 2020 Updated Jul 2, 2020 Politics
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L'illusion d'exister

Il est un comportement humain - individuel aussi bien que collectif - largement partagé, selon lequel moins on est actif dans la réalité, plus on gesticule pour (se) donner l'illusion d'exister... C'est la réflexion qui m'est venu à l'esprit en observant attentivement les noms des délégués communaux au Conseil de la Communauté d'Agglomération Pays Basque (CAPB), qui se mettra en place après le scrutin de second tour des élections municipales 2020. Second tour retardé de plus de trois mois pour les raisons que l'on sait.

En parcourant donc cette liste et connaissant un peu les positionnements politiques de nombre de ces délégués communautaires, j'ai remarqué que beaucoup d'abertzale, membres ou "sympathisants" de cette formation politique que je me bornerai à appeler le "parti étiquette" se sont débrouillés pour se faire nommer, par leurs Conseils municipaux respectifs, à ce poste. Cela ne procède évidemment pas du hasard, mais très certainement d'une stratégie "à la petite semaine" concoctée dans le cénacle dirigeant du "parti étiquette". Car ces gens-là ont tout l'air d'avoir découvert, avec la CAPB, la panacée institutionnelle, au point de n'avoir aucune autre perspective politique à défendre. Il est vrai qu'ils auraient du mal à se projeter vers autre chose... avec zéro processus de réflexion collective, zéro travail de terrain, zéro projet politique !

Par conséquent, ce qui aurait prétention à représenter le monde abertzale organisé en Pays Basque nord ne peut qu'être "à la remorque" des forces politiques succursalistes françaises et de leurs représentants locaux. De la sorte, ils sont devenus - on me pardonnera ce néologisme ! - "communauté d'agglomérationnistes" et ne sont, non pas "autonomistes" (ils ne l'ont jamais été !) mais "indépendantistes" qu'à l'occasion de l'Aberri Eguna ou Jour de la Patrie Basque...

Ils veulent donc, semble-t'il, "faire nombre" au sein de la prochaine mouture de la Communauté d'Agglomération Pays Basque... mais pour y faire quoi au juste ? S'imaginent-ils avoir quelque influence que ce soit auprès des instances réellement décisionnelles - la Commission permanente et le Conseil exécutif - de cette institution aux compétences par ailleurs si limitées et si encadrées par la tutelle française ? Même s'ils seront plus nombreux qu'auparavant au Conseil communautaire - qui déjà en soi est juste une "chambre d'enregistrement" - pensent-t'ils sérieusement avoir un autre écho qu'anecdotique auprès d'une instance hypertrophiée qui regroupe 233 élus issus des 158 communes adhérentes ?!? Et encore une fois, même si cela était, même s'ils réussissaient, par on ne sait quel procédé miraculeux, à avoir réellement - au-delà des postures calculées - "l'oreille du Président" de la CAPB et des quelques élus influents... ce serait pour agir dans quelle direction ? vers quel horizon politique ? pour proposer quoi ?... alors qu'ils n'ont rien élaboré de concret et ce dans quelque domaine que ce soit, au sein du "parti étiquette" !

De mon point de vue - je ne demanderai qu'à être démenti par les faits ! - ils seront là juste pour donner l'illusion qu'ils existent et sans doute aussi, par le fait d'occuper le terrain institutionnel, pour espérer enrayer toute velléité de mettre en route une nouvelle et véritable organisation de la gauche abertzale en Pays Basque nord. Ils ne le savent pas, ou ne veulent pas le voir, mais on commence finalement à percevoir ici et là des signes d'une volonté de "remettre sur pied" un mouvement politique abertzale de gauche digne de ce nom, sur des bases démocratiques, et avec des objectifs qui soient réellement en phase avec une conscience et une perspective abertzale.

La chape de plomb se fissure...

Parmi ces signes, il y a cette communication faite en langue basque - via l'hebdomadaire HERRIA - d'un groupe de personnes appelant à "changer le système" dans lequel évolue aujourd'hui le mouvement abertzale de gauche et assumant en premier lieu ne plus vouloir désormais participer aux processus électoraux, donc ne plus voter même vers une option abertzale.. La proclamation est sans nuances et se heurte d'ores-et-déjà à la réalité sociopolitique du Pays Basque nord, celle d'une société majoritairement peu encline à "renverser la table". En outre, le fait d'écarter, par principe, la voie électorale, au-delà d'être perçu comme illusoire, laisse en suspens une question fondamentale, celle de savoir comment on mesure démocratiquement les évolutions - en matière d'aspirations institutionnelles par exemple - d'une population donnée...

Néanmoins, cette prise de position publique, bien qu'encore embryonnaire et anonyme, a le mérite d'avoir commencé à fissurer la chape de plomb instaurée par la machine - largement, si ce n'est quasi entièrement, contrôlée depuis le Pays Basque sud - du "parti étiquette". Il y aura de toute façon besoin de beaucoup de discussions, de confrontations d'idées, de compromis tirés vers le haut, pour sortir de l'immobilisme, pour tourner le dos à l'illusion, et pour exister et agir enfin dans la sphére politique du Pays Basque nord.

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