Il est là depuis plus de trente ans, arqué, haut, et puissant.

Il retient tous les flots : des larmes aux émotions

Mais ça ne fonctionne pas pour les mots, là… y a comme un défaut de conception.

Ou alors c’est voulu peut-être bien… ça peut servir de trop-plein ?

Pourtant les barrages finissent toujours par céder, et les cœurs par exploser.

Tu le sais, mais ça ne t’empêche pas de continuer… à lutter, à t’endurcir, à te renfermer.

Au début c’était sans doute juste pour te protéger, et puis c’est devenu du réflexe conditionné.

Au point que tu balances tout de l’autre côté, sans trop te soucier de la capacité.

Le problème c’est qu’avec l’âge, ça se remplit vite un barrage.

Et maintenant t’as un peu l’air d’un con, quand tu regardes et ne vois plus le fond.

Dans un moment de faiblesse, tu penses même aux armes, alors qu’il suffirait sans doute de verser une larme.

Mais ne laisse surtout pas couler cette goutte, ça ferait un filet, un ruisselet, une cascade de doutes.

C’est que ton barrage il est pas mal fissuré, et à la moindre fuite il pourrait céder.

Tu penses un peu à ceux qui sont en dessous ? Si tu lâches, c’est eux qui seront dans la flotte jusqu’au cou.

Pourtant si tu veux tenir, il faudrait relâcher de la pression, laisser couler le flot des émotions.

Heureusement il y a la soupape de sureté, et c’est le flot des mots que tu vas laisser couler.