De la mangue du supermarché à 8€ au melon à 300€ en magasin spécialisé, les fruits japonais coûtent une petite fortune. Pour comprendre ces prix étonnants, il faut se pencher sur l’histoire, mais aussi la tradition du pays.

Des petites parcelles cultivables

Après la Seconde Guerre mondiale, les terres agricoles ont été redistribuées aux paysans signant ainsi la fin des grands exploitants. Aujourd’hui encore, 85% des terrains agricoles ont une surface de 2 hectares ou moins. En France, la taille moyenne est de 69 hectares. Pour être rentables, ces petits producteurs se sont naturellement tournés vers la qualité plutôt que la quantité. 

Un peu à l’image du bœuf de Kobe qui est massé avec du sake tous les jours, les fruits japonais sont cultivés avec beaucoup d’attention. Il est par exemple courant de laisser un seul melon par plant pour qu’il soit particulièrement sucré.

Les fruits des supermarchés suivent cette tendance eux aussi : ils sont toujours très bien emballés dans une petite mousse et présentés comme des produits relativement onéreux. Mais il existe au Japon une autre catégorie de fruits, ceux qui sont réellement considérés comme du luxe.

Les fruits, un cadeau luxueux

Traditionnellement, les fruits accompagnaient la cérémonie du thé en tant que “mizugashi”, c’est-à-dire “dessert d’eau” au même titre que les autres pâtisseries. Cet aspect prestigieux s’est perpétué jusqu’à voir la création de magasins spécialisés dans les fruits de luxe. 

Ces enseignes proposent des fruits extrêmement chers dont le taux de sucre est testé et noté. Plus un fruit est gros et sucré, plus son prix sera élevé. On peut par exemple y trouver des mangues allant jusqu’à 300€. Le record du melon le plus cher au monde est d’ailleurs détenu par le Japon qui a vendu aux enchères un lot de 2 melons pour environ 25’000€ !

Mais si ces fruits sont aussi chers, ce n’est pas uniquement pour leur qualité, c’est aussi pour le côté symbolique. En effet, offrir un fruit est considéré comme un beau cadeau au Japon et donc offrir un fruit de luxe, comme un très beau cadeau. Les boutiques soignent la présentation presque autant que le produit lui-même. 

Ce marché étonnant est aussi l’occasion pour les producteurs de se démarquer en faisant pousser des fruits uniques. Vous avez peut-être déjà vu la célèbre pastèque carrée japonaise. Mais il existe aussi des fraises blanches, des grains de raisin de la taille d’une prune et d’autres curiosités du même acabit. 

Une question demeure : tous ces fruits de luxe sont-ils effectivement meilleurs que les autres ? Eh bien, pas tellement ! Plusieurs youtubeurs se sont lancés dans des tests à l’aveugle et les fruits hors de prix n’étaient de loin pas toujours identifiés. L’adage se vérifie : pour un cadeau, c’est l’intention qui compte.

Les fruits japonais du quotidien sont donc relativement chers pour être rentables, mais il existe aussi une catégorie de prix qui repose uniquement sur le prestige. Ce sont des fruits destinés à être offerts et les Japonais n’en achètent pas pour eux-mêmes. Si vous devez faire un cadeau au Japon, pensez donc à l’option fruits ! Bien présentés, ils feront leur petit effet.

Crédit photo : sembikiya