Les hosts japonais : quand le monde de la nuit s'enrichit sur le manque d'affection
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Les hosts japonais : quand le monde de la nuit s'enrichit sur le manque d'affection
Les Japonais subissent une grande pression psychologique. Entre les règles imposées par la société et le travail incroyablement exigeant, les occasions de se détendre sont rares. Beaucoup se tournent alors vers les hosts, des employés de club payés pour être de bonne compagnie. Seulement voilà, les dérives sont nombreuses…
Le concept des clubs d’hosts au Japon
Le fonctionnement des clubs est plutôt simple et vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Le but des hosts est d’attirer des clients dans leur établissement et de leur faire passer un bon moment en oubliant tous leurs soucis… à grand renfort d’alcool, souvent très cher.
Un host, qu’il soit homme ou femme, sera toujours charmant, souriant et à l’écoute de son client. Il compatira à ses malheurs, le soutiendra et le mettra en valeur. Ces rencontres paradisiaques peuvent donc rapidement rendre les clients addicts !
Le piège des hosts
Sous leur air accueillant et bienveillant, le but des hosts est de soutirer un maximum d’argent aux clients.
La première étape, c’est l’entrée payante dans le club. Des rabatteurs attendent à l’entrée et promettent des prix spéciaux aux clients qui passent. Ils sont charmants et il est facile de se laisser tenter. Ensuite, la plupart des clubs pratiquent un tarif à l’heure, plus ou moins explicitement. Un host viendra tout naturellement s'asseoir avec vous à votre arrivée. Il sera charmant, voire charmeur, et divertissant de manière à vous faire oublier l’heure. Il fera mine de devoir visiter une autre table et si vous voulez qu’il reste, il faudra lui offrir des consommations de plus en plus chères.
Dans les établissements les moins scrupuleux, même la chaise sur laquelle vous vous asseyez peut être facturée pour gonfler les prix et une taxe de 40% est appliquée sur l’ensemble de la facture. Si l’envie vous prenait de contester le total, la plupart des établissements sont “protégés” par des yakuza qui n’hésiteront pas à venir vous rendre visite à votre table.
À ce moment, vous vous dites certainement que le milieu des hosts est un pur enfer. Pourtant, de nombreux Japonais et Japonaises apprécient tellement l’expérience qu’ils reviennent dans les clubs voir leur host favori. Ils n’hésitent pas à dépenser des sommes parfois faramineuses pour le simple plaisir de leur compagnie.
Dans ce témoignage, une étudiante explique comment elle a finalement dépensé 300€ dans un club d’hosts alors qu’elle connaissait le système et s’était promis de ne pas dépasser 30€ :
La popularité des hosts
En plus de ce qui se passe dans le club, les hosts doivent aussi garder contact avec leurs clients. Ils leur envoient des messages, des petits cadeaux et peuvent même les accompagner dans des réceptions ou des sorties entre amis, comme des escorts. Les clients ont alors le sentiment qu’une vraie relation se crée avec “leur” host, même en dehors du travail. En réalité, ces activités en “extra” font partie de la profession. De nombreux hosts vont jusqu’à coucher avec leurs clients pour s’assurer leur fidélité.
Pourtant, comme un acteur qui joue son rôle à sa perfection, les hosts arrivent à convaincre chaque client qu’il est spécial. Ces derniers reviennent alors dans le club pour se sentir uniques et dépensent des sommes folles en alcool.
Dans chaque club, il y a un classement des hosts les plus populaires basé sur l’argent qu’ils font dépenser aux clients. L’un des hosts les plus populaires du Japon a ainsi vendu pour 1.5 million d’euros d’alcool sur une année. Comme pour les idoles, les clients ont envie de voir leur “protégé” gravir les échelons et ils dépensent donc plus pour lui.
Les chaînes de télévision ont déjà consacré des reportages sur les hosts les plus populaires. Certains ont réussi à faire acheter des bouteilles à 100’000€ à leur client… sachant qu’en dehors du club, ces mêmes bouteilles ne coûtent jamais plus de 10’000 €.
Malgré toutes ces arnaques à peine dissimulées, ce milieu fascine de nombreux Japonais. Il existe des magazines spécialisés, des sites qui recensent tous les hosts du pays et ils apparaissent parfois comme stars dans les émissions de télévision. La plupart sont sur les réseaux sociaux où ils ont des milliers de followers.
En 2020, il y avait ainsi plus de 16’000 hosts masculins répartis dans près de 700 clubs à travers tout le Japon. La plus forte concentration se trouve dans le quartier de Kabukicho à Tokyo où plus de 300 clubs cohabitent et continuent de trouver des clients.
Si les clubs sont aussi populaires au Japon, c’est malheureusement qu’ils répondent à un besoin bien présent dans la société nippone : celui de s’évader du quotidien et de s’offrir un peu de rêve. Les gérants de ces établissements l'ont bien compris et ils n'hésitent pas à exploiter ce mal être.
Crédits photos : Jonelle Patrick