Pénélope et l'unilatérnité*...
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Pénélope et l'unilatérnité*...
Tout à l’heure, dans l’incongruité d’un moment qui n’avait pourtant rien demandé, je me suis interrogée sur l’abnégation en amour. Le véritable amour, j’entends.
Je suis en train de travailler (plus ou moins) sur un projet de roman, autour de la correspondance amoureuse dans sa version unilatérale.
En gros c’est une femme qui écrit à son amoureux mais ce dernier ne répond jamais.
Evidemment, pas à notre époque, sinon ce serait trop facile. L’espace-temps est différent mais le fondamental est intemporellement universel. C’est de l’amour dans toute sa translucidité, toute sa pureté.
Parce que c’est difficile de tricher quand on expose son cœur comme dans un journal intime à destination de l’être aimé.
Et je me suis demandé au bout de combien de temps, en arrive-t-on à douter ?
De la sincérité de cet amour qui ne répond jamais
De la véracité d’une histoire qui ne voit pas son reflet
De sa santé mentale aussi.
C’est comme cette histoire de Pénélope qui a espéré le retour d’Ulysse pendant plus de vingt années et usait de ruse pour repousser ses prétendants... Est-ce que c’est ça l’amour ? S’accrocher à une foi inébranlable, un espoir, une certitude ou est-ce lié à un mécanisme de peur, ou d’un deuil impossible à faire ?
Non pas simplement de l’être aimé mais peut-être aussi de celle que nous avons été, et de tout ce que nous avons investi de nous, en espoir et en temps, dans un premier temps.
En réfléchissant à tout cela, je me suis rappelé les études menées par le Dr. René Spitz dans les années 1940 qui m'avaient marquée en psycho sociale à l’époque de la fac.
Il avait observé des nourrissons dans des orphelinats où ils recevaient des soins physiques, mais étaient privés de toute interaction affective et sociale. Les résultats étaient tragiques : ces bébés, privés de l'amour et de l'attention essentiels à leur développement, souffraient de retards de croissance et beaucoup d'entre eux mouraient.
Ce silence émotionnel, cette absence de réciprocité, est d’une certaine manière comparable à l'attente interminable de Pénélope ou à l'amour unilatéral de mon héroïne. Le silence en amour est un poison qui ronge l'âme, instillant le doute et la folie, tout comme l'absence de contact humain détruit l'esprit et le corps des nourrissons.
Et à quel moment, le manque de réciprocité peut –elle affecter notre perception de nous-mêmes et de notre propre réalité ?
Est-ce que finalement se raccrocher sans fin à un espoir de retour n’est pas simplement un moyen d’échapper à la folie, celle qui nous fait douter de tout, jusqu’à perdre l’appétit de la vie ?
Est-ce de l’abnégation ou de la folie que d’accepter librement de se mettre entre parenthèse en espérant un demain qui n’arrivera peut-être, jamais ?
Voilà, c’est une des réflexions que je me faisais au sujet du projet sur lequel je me penche en ce moment.
Il s’enracine dans ma tête, pelotonne mes pensées. Je m’interroge, tourne et retourne dans mon esprit ce que je dois transposer à travers les lettres de mon héroïne.
Et franchement c’est pas gagné !
Xoxo
Juliette
image réalisée avec Seelab et retravaillée avec Canva
*Unilaternité: ce n'est pas une faute de frappe c'est quand l'unilatéralité épouse une forme d'éternité
Jackie H 7 hours ago
Foi ou aveuglement ? Fidélité inébranlable ou déni de la réalité ? Héroïsme ou folie ? J'avoue buter un peu sur les mêmes questions (même si c'est un peu à l'arrière-plan en ce moment)... Parfois il n'y a qu'un fil de l'un à l'autre...
Alexandre Leforestier 8 hours ago
Un sacré sujet ✨
Juliette Norel 8 hours ago
c'est clair! je m'en emberlificote le cerveau et la plume 😊