Le tableau
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Le tableau
Gustave entrouvrit la fenêtre,
Son tableau prenait forme
Et lui, semblait difforme
Dans son vêtement.
Constance était lascive
À peine frissonnant,
La chair nue, expressive
À l’œil du maître, devant.
Le pinceau virevoltait,
La toile se remplissait
Et ma foi, la belle se demandait
À quoi elle allait
Ressembler
Ainsi présentée.
Ses cils clignaient,
Elle soupirait
Mais point ne bougeait
De peur d’être grondée.
Gustave ne disait mot
Mais observait Constance
Dans sa plus simple apparence
Avec un œil, ma foi, bien indiscret qu’il plongeait aussitôt
Sur sa toile avec plus encore d’attention.
Le jeu dura ainsi des heures,
De temps à autres, le pouls s’accélérait au cœur
Puis reprenait un rythme de croisière,
Bridé par le travail à faire.
Gustave se défit de sa chemise
Prétextant meilleure prise
Sur sa toile
Que le voile
Du tissu gênait.
Son front perlait,
Sa troisième jambe le démangeait
Mais de marbre il restait
À l’œil qui guettait
Du coin
Avec soin.
Constance
Aurait aimé la dispense
Pour ne point faire l’exercice
Qui faut dire lui faisait mal aux cuisses
De crampes, point elle ne se plaignait
Mais en silence, elle rêvait
De soins thérapeutiques et de massages.
Seulement à garder la pause,
Nullement on ose
Et on ne sait comment faire passer le message
En restant trop sage.
Au judas,
L’ouverture se bouchait
Mais rien ne trahissait
Des pauses salutaires
Comme d’un manquement de courant d’air.
Le maître jonglait avec ses pinceaux,
Le modèle ne quittait son radeau
De peur de périr aux flammes de l’enfer.
À sa place, on savait que faire.
Mais les esprits s’échauffaient…
Légèrement la porte grinça.
Le maitre sursauta
Failli choir un pinceau
Malgré tout il resta digne et beau
Et Constance
En transe
Interne, ne bougea d’un cil
Sage comme une image
De l’antre seul, un zeste de mobile.
La télépathie
A suivi
Son cours subtile.
Gustave exécuta la dernière touche
Il tendit son pouce
Comme pour mesurer
Son modèle et le cadrer.
Le regard à son œuvre, satisfait,
Il signala la finalité du travail mais, à regret.
Constance s’étira,
Bailla
Se leva
Un peu et rougit jusqu'au bas
Comme un aveu
Mais fit mine de s’intéresser
Au chef-d’œuvre terminé.
Là, pourtant, la surprise fut de taille
Constance, ébahie, resta comme une muraille
Mais juste pour paraitre encore fortifiée.
Elle trembla et frissonna de la tête aux pieds,
Écarquilla l’œil rond et crut, rêver.
Seulement, la toile avait parlé et bien révélé
Devant elle, comme un trompe-l’œil, sa chair de l’origine, née.
Gustave, observa Constance
Un pinceau tendu vers son modèle en présence.
Il fit celui qui ne vit rien
Mais fier de son accomplissement se sentit bien.
Son imagination avait bien débordé
Et ma foi, la création s’en était montrée des plus passionnée.
Au judas, un souffle chaud,
Puis un murmure et un Ho !
La porte se remit à grincer
Faisant sursauter la belle et le maitre
Dans la pièce inondée
De lumière
Éphémère.
Le jour palissait,
Il était temps de prendre congé.
Constance, déjà se rhabillait
Au regret,
En moue cachée
De maitre Gustave
Que désormais plus aucun pinceau de bave
Picturale ne trainait.
L’origine,
Divine,
Le consolerait
Un temps.
https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire_id/lorigine-du-monde-125.html
Jackie H 3 months ago
Sacré Courbet ! 😉
Gand Laetitia 3 months ago
Lol, il savait jouer sur tous les tableaux 😉 avec finesse, subtilité et art