Episode 28 : Une putain de mise en scène
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Episode 28 : Une putain de mise en scène
Fallait qu’on bouge, mais pour aller où ? On était fait comme des rats dans un putain de bateau qui prend l’eau. Léila pouvait s’en sortir, mais pas moi. Pas sans le matériel adéquat !
– C’est une putain de mise en scène, le bleu. Ils ont tous été tués avec un 45. Probablement ton arme de service. Celui qui nous a fait venir ici veut ta peau !
Et merde ! Je savais que je n’aurais jamais dû me séparer de mon flingue. Mais ils me l’avaient piqué quand j’étais HS sur mon lit d’hôpital, les enfoirés. Et impossible de le récupérer. Dans ce vaisseau, seuls les membres de cette milice nazie avaient le droit d’être armés. Ils avaient bien réussi leur coup !
– Qu’est-ce que t’as vu là-bas ?
– C’est pas important. On doit te trouver une combinaison et se barrer vite fait !
– Comment ça, c’est pas important ! Léila ! Tu vas me répondre, oui !
Elle se releva et me regarda droit dans les yeux.
– Si tu veux tout savoir, à quelques sas d’ici l’explosion a coupé en deux le vaisseau. Le couloir s’arrête net. Et j’ai bien failli être aspirée par un putain de trou de vers. J’ai eu une sacrée veine et toi aussi. Si tu m’avais suivi tu serais mort à l’heure qu’il est !
– Merde ! Il nous reste combien de temps avant que le vaisseau e passe à travers ?
– Aucune idée. Une heure, cinq minutes, trois jours…
– OK. T’en sais rien. J’ai saisi. Et t’as croisé des gens ?
– Juste un vieux modèle de robot qui montait la garde devant le trou. Personne d’autre. Soit ils sont bien planqués, soit ils sont dans l’autre morceau du vaisseau.
– C’est pas logique tout ça… pourquoi nous faire monter à bord pour nous tuer ensuite ? Pourquoi ne pas nous achever sur Terre dans les Fjords ? Je faisais une cible facile ! pourquoi se donner autant de mal ?
– Tu veux vraiment parler de ça maintenant ?
Elle avait raison, ce n’était effectivement pas le meilleur moment pour en discuter, mais quelque chose clochait. Rien de ce qui nous arrivait n’avait de sens et j’en avais plus qu’assez de me battre. Je courus vers ce qui fut nos appartements durant près de cinq jours. On avait loupé un truc, c’était évident…, mais quoi ?
Nos notes étaient éparpillées sur le sol. Un vrai foutoir… J’ignorais encore ce que je cherchais, mais je savais avec certitude que c’était quelque part par là, dans nos dossiers. Et soudain, ça m’a sauté aux yeux. Une photo. Le portrait de Ryan Florigan…
– Je savais que vous finiriez par comprendre…
La voix sortait de l’intercom qui se trouvait sur le mur face à moi. La voix de Florigan. Une voix que j’avais déjà entendue dans le passé. Je me souvenais à présent. C’était dans ce vieux château. Après ce méchant coup que j’avais reçu derrière la tête. Oui, c’est ça ! Gram discutait avec ce Florigan pendant que j’étais dans les vapes.
– Qu’est-ce que vous m’voulez, Florigan !
J’avais hurlé de colère. Ce couard n’avait même pas les couilles de se pointer devant moi. De me parler en face !
– Je veux juste discuter… rien de plus.
Léila venait de rentrer dans la pièce. Elle me regardait, perplexe, ne comprenant pas plus le manège de ce taré. Je haussais les épaules avant de me tourner pour allumer l’écran de l’intercom.
– Je vous écoute. De quoi voulez-vous discuter ?
Un rire abominable fit grésiller le haut-parleur.
– Vous n’avez aucune question à me poser, Moridan ?
Oh si, j’en avais. À commencer par savoir pourquoi moi, pourquoi nous… Mais je me refusais de rentrer dans le petit jeu de ce malade.
– Florigan ! Je savais que vous étiez louche ! Putain… qu’est-ce vous nous voulez exactement ?
Léila avait le visage quasi collé à la caméra. Elle était dans une colère effroyable.
Encore ce rire insupportable. Florigan semblait prendre son pied !
– Ma petite Léila. Vous n’avez pas apprécié notre tête à tête ? J’en suis navré… Probablement à cause de ce poison que j’ai dû vous administrer pour vous calmer. Vous vous débattiez comme une furie.
– Espèce de …
– Ce n’est pas très poli. Ni très malin. Je suis le seul à pouvoir vous sortir de cette galère. Alors, vous devriez peut-être me montrer un peu plus de respect.
– Je préfère crever ici plutôt que d'implorer votre aide ! hurla Léila.
– Vous peut-être, ma chère, mais je doute que pour Moridan, ce soit la même chose. N’est-ce pas ?
Quel enfoiré ! Il tentait de nous diviser. Et je devais bien avouer que moisir ici ne faisait pas partie de mes plans. Mais j’en avais ras le bol d’être son pantin. Alors…
– Je suis ok avec Léila. On a pas besoin de vous pour nous sortir de cette merde.
– J’ai hâte de voir ça ! Bonne chance à vous deux !
Et il disparut. L’écran de l’intercom devint noir. Nous étions seuls. À nouveau. Mais cette fois-ci, nous savions une chose : que ce taré ne devait pas être très loin ! L’intercom ne fonctionne que dans le vaisseau. Donc, en toute logique, il était dans la même partie que nous. Dans l’un de ces couloirs vides. Mais où ?
– Fait chier ! Je n’ai pas eu le temps de le localiser !
– Il ne doit pas être très loin. On va fouiller chaque pièce, il ne pourra pas nous échapper, cet enfoiré !
– Tu es bien sûr de toi, le bleu !
Avant de sortir direction du trou de vers, je lui lançai un regard assassin. Je n’avais pas dit mon dernier mot. Hors de question que je crève dans cette boite de conserve. Hors de question que mon honneur soit terni par toute cette mise en scène à la con. Qui qu’il soit, je ne le laisserai pas gagner ! Je m’en fis la promesse.
Texte de L.S.Martins (35 minutes chrono, sans relecture).
Image par Noupload de Pixabay : Industrie Espace Léger - Photo gratuite sur Pixabay