— Maman, je t'en prie, nous ne sommes pas seuls.
Valérie se retire et se met en retrait. Enfin, Matthieu lui parle. La nouvelle produit l'effet d'une catapulte, elle se lance dans les airs et la chute fracasse. L'harmonica entraîne dans une danse joyeuse. Didier chemine vers eux et leur demande de rentrer. Au retour, Matthieu marche auprès de sa mère minée par son comportement. Lui, si emporté, tout s'aplanit d'un seul coup. Sa mère ne réclame que de l'entraide. Didier a encouragé Matthieu dans ce sens de franchir le pas vers elle. Amer et aigri, sa pudeur l'empêche d'avoir un geste tendre envers elle et garde un ressentiment. Chacun est dans le recueillement. Ils passent devant la gériatrie en face de la cidrerie. Des petits vieux se reposaient à l'ombre et devant eux, une plate-bande fleurie enivre et embaume les insectes d'un nectar succulent de pollen. Ils évitent un rond-point et contourne par les venelles. Matthieu peut enfin piquer son sprint. Un faisceau de rayons de soleil inonde le visage de Valérie et met en lumière ses larmes qui ruissellent. Sa chevelure cuivrée resplendissait. À l'extrémité de la rue, un homme vêtu d'un habit étriqué et aux pieds des babouches se tient près d'un arbuste rabougri. La bouteille de vin, il chantonne et il lance des paroles invectives avec sa bouche pâteuse. Il était incompréhensible. Il échappe à une glissade en titubant sur le trottoir. C'était un ancien agent immobilier. Sa fiancée lui a posé un lapin pour apprendre finalement qu'elle le trompait depuis quelques mois. Il vivait aux crochets de sa mère étant devenu un chômeur. Il proférait son nom, tout le quartier l'entendait.
— C'est quoi ce drôle de zigue ! prenons l'autre raccourci.
Ils se dérobent et détalent jusqu'à la maison. Une fois de retour, Didier se plaint, car il souffre à cause de sa colonne vertébrale. Il s'affale sur le sofa. Il n'avait pas randonné des kilomètres, mais il fallut aider à soulever le corps de Pierre. Valérie lui servit un remontant bien frais et il insiste pour un massage pour son dos.
— On fait ça tout à l'heure. Là, je n'ai pas le courage de bouger.
Les enfants sont dans leurs chambres respectives.
Valérie s'assit auprès de lui. Didier l'attire vers lui pour qu'elle pose sa tête sur son torse. Puis, elle relève la tête et l'embrasse fougueusement. Elle le chevauche.
— Cela serait immoral de faire ici.
— Désolée...c'est inapproprié aussi.
— Non, je n'ai pas dit ça. C'est la base d'un couple. Le seul bémol, c'est le lieu et les enfants au-dessus. Tu imagines s'ils nous voient dans nos ébats. Je sais ce que tu endures ma chérie. Je te soutiens, tu le sais.
— Nous ne sommes pas à l'époque glaciaire, les hommes préhistoriques, tu crois qu'ils avaient d'intimité pour s'accoupler ?
— Surtout avec plusieurs candidats...
— Peu civiliser aussi. Pas comme nous.
Didier la convoite. Il caresse ses jambes nues et passe sa main masculine sous la robe.
— Viens dans la chambre, j'ai autant envie que toi mon chéri.
Valérie guide Didier. Une fois dans l'intimité, il embrasse sur la nuque ; sa main au niveau du cou ; elle pose sa main sur la sienne. Puis, leurs bouches n’étaient pas loin l’une de l’autre. Elle ferme les yeux. Il déboutonne sa chemise.
—Détends-toi mon amour. Je me languis de toi. Tu m'as manqué Valérie.
Didier s’assit sur la chaise et il la déshabille du haut et du bas. Il jette les vêtements. Elle garde encore sa culotte noire en dentelle. Debout, elle replie une de ses jambes sur le genou de Didier et s’accole à lui. Il parcourt tous les moindres recoins ; les contours de sa peau par des baisers et des caresses sensuelles avec ses mains masculines. Valérie ferme les yeux, elle sourit par chaque instant de plaisir partagé. Leurs corps bouillonnent de chaleur et ils augmentent leurs libidos. Didier écrase sur les lèvres sur celle de Valérie et d’une main lui glisse sa culotte. Valérie enlève sa jambe et Didier se relève pour se dénuder. Ils vont jusqu’au lit, Valérie se couche et Didier se met au-dessus d’elle à califourchon. Leurs respirations se répandent dans toute la chambre. Le feu de la passion se consume.
Matthieu jouait à la PlayStation et Stéphanie écoutait la musique. Cela couvrait leurs plaintes orgasmiques. Fatigués par leurs séances, ils dégoulinent de sueur. Valérie s'empare de son peignoir pour se doucher. Les vingt-cinq degrés à l'extérieur les chauffaient.
— Attends ! Il t'a parlé un peu, Matthieu.
— Il est toujours dans sa carapace, mais il ne m'a pas incendiée cette fois-ci. c'est un progrès.
—Il faut qu'il retrouve l'équilibre dans sa tête.
— Oui, je vais me doucher chéri.
— Si tu veux, on pourrait le voir ensemble.
Didier possédait la qualité de la patience davantage que Valérie. Il était plus compétent pour apaiser les conflits. Elle était un peu gauche dans sa manière d'être.
Lorsqu'elle se change, Didier tartine une tranche de pain de gelée. Valérie le surprend par derrière lui et embrasse le lobe de ses oreilles.
— Je ne savais pas qu'après l'amour, tu étais affamé !
— C'est surtout faim de toi ! Es-tu prête pour que nous parlions avec Matthieu.
Valérie ânonne. Matthieu se sert un verre de jus d'orange. Didier devance.
— Matthieu, il faut qu'on te parle.
Rien que citer son nom, Matthieu adopte une attitude de repli. Il refuse d'entendre. Une émotion lui survint, il détourne la tête.
— Je n'ai rien à dire sur le sujet.
Didier fait signe à Valérie d'agir.
Matthieu étouffe ses sanglots. Valérie pose sa tête contre son dos et l'enlace.
— Je t'aime mon fils. Didier n'est pas ton père biologique, mais n'oublie pas qu'il t'a accepté et cela restera.
— Je sais tout ça, mais j'aurais préféré l'apprendre de ta bouche. Pourquoi ne l'as-tu pas...
—C'est compliqué à aborder le sujet sans brutalité avec parcimonie...Je suis gourde, je n'arrive pas à briser la glace entre nous.
Valérie se bloque de nouveau, son passé la paralysait. Elle s'excuse encore une fois. Son antécédent la marquait de ses déboires familiaux. La mort de Pierre ouvrira les portes vers Matthieu à condition que le secret porté dans les tréfonds n'émerge pas.