Concours de panodyssey -A travers les Mondes - Introduction
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Concours de panodyssey -A travers les Mondes - Introduction
Quelle folie m’avait pris ce jour-là ? Pourquoi n’avais-je pas su placer de côté cette curiosité maladive qui me pousse à déconner ? Le pire est que je n’apprends jamais de mes erreurs. Et dire que je dis constamment aux gosses de ne pas reproduire leurs bêtises, de comprendre ce qu’ils n’ont pas fait correctement, et, moi, là, devant cette lumière éblouissante, ma mort semble inéluctable. Et, je n’en serais pas là si j’avais eu une once d’esprit avant de m’aventurer dans cette galère.
Il faut dire que je ne tenais pas la grande forme. Suite à une série de mauvais événements, j’avais le moral dans les baskets. Un ami me voyant être au fond du trou me donna le conseil suivant :
- Tu sais, Jack, quand je vais au plus mal, que plus rien ne va, que je sens que je ne maîtrise plus la situation, je n’ai qu’un remède, le seul qui fonctionne ... lire.
Lire … lire. Il était bien mignon cet apôtre, mais ce dont j’avais vraiment besoin, c’était d’un bon litron de bière, voire deux, et avec cela, j’aurais la certitude d’oublier. Effacer de ma mémoire les infamies de la vie. Ne plus repenser à ces derniers mois. Quand on m’annonça la mort de mes parents, lors d’un accident de voiture, jamais je ne me serais douté que ce n’était que le début de ma descente aux enfers. Un ivrogne, qui avait survécu d’ailleurs, était à l’origine de ce calvaire. Mon père, voulant éviter ce fou qui roulait à contresens sur la route de montagne qui menait à mon domicile, n’avait pas pu réchapper au précipice. Après quelques tonneaux, le moteur de la voiture explosa, ne leur laissant aucune chance. Enfin, c’était la version de M. Sherlock de la police. Il avait énoncé les faits avec une telle clarté que je ne pouvais pas me permettre de l’interrompre pour lui dire que je n’avais pas besoin de tous les détails. Et dire qu’ils étaient morts en voulant me rendre visite. Un peu dur à encaisser.
N'arrivant pas à m’en remettre, je n’avais plus le goût à travailler. Mon patron était sans relâche derrière moi. Du chiffre, du chiffre, du chiffre, disait-il sans cesse. Mais, la mort se fout des chiffres. Elle emporte ce qu'elle souhaite. Riche, pauvre, animaux, humain, qu’il y ait un sentiment d’injustice ou non, par rapport à la mort, nous sommes tous égaux. Si elle doit te frapper, elle ne te ratera pas. Mais, bien entendu, ceci n’était pas le sujet au boulot. Car, les commandes clients ne se saisiraient pas toutes seules. Les affaires ne se font pas en rêvassant et encore moins en claquant des doigts. C’était vrai, et ça l’est toujours. La seule chose qui diffère, c’est quand on a perdu des vies proches, nous perdons avec eux, une partie de notre âme. La mort change les gens. Elle nous montre que la fin existe et que rien n’est vraiment infini. On aurait envie que tout ce qui nous est agréable, dur éternellement. Mais la réalité finit par nous rattraper au vol.
Gamin, j’avais cru et imaginé durant bien longtemps que mes parents étaient immortels. Que rien ne viendrait à bout de mon père ! Que rien ne pourrait faire flancher ma mère ! Des warriors en puissance. J’avais 24 ans, pile-poil, quand ils sont morts. Ils avaient emprunté ce long voyage de sept cents bornes, juste pour être présents à mon anniversaire. Ce fut un échec, cuisant. Mon patron n’était pas du genre à vouloir comprendre les déboires de chacun, seule son agence devait avoir de l’importance, il prétexta d’une faute grave imaginaire pour me remettre sur le marché. Je ne savais plus si je devais ressentir de la rage ou un désarroi le plus complet, mais ceci allait bientôt être le cadet de mes soucis.
Ayant perdu mon statut de pompe à frics, ainsi que mon humour déraisonnable par la même, ma copine lâcha l’affaire. Elle trouva son meilleur parti auprès d’un énergumène de 120 kilos de muscles, sans matière grasse ajoutée. Que grand mal lui fasse. En l’espace d’un an, j'étais passé de l’homme d’affaires du siècle, une belle blondinette au bras, un riche capital jeunesse, à … plus rien. Lire… Qu’avait-il cru que je traversais comme épreuve ? Que j’avais perdu mon poisson rouge ? Lire, quelle ineptie. Et en imaginant que ça soit efficace, car, on ne va pas se mentir, l’alcool n’était pas la meilleure des solutions, que fallait-il prendre comme bouquin pour reprendre du poil de la bête ? Un roman à l’eau de rose ? Pour me rappeler que je me retrouvais seul ? Non, pas top. Un livre sur la vie économico-socialo-imbecilis ? Hum, ça ne m’en donnait pas plus envie. Un roman historique sur l’histoire de notre si beau pays ? Ce genre d’écrits m’avait toujours mis dans un ennui mortel. Quoi, alors ? Et là, comme si mon crétin de pote lisait dans mes pensées, ce qui, je l’avoue, était flippant, il me répondit :
- Il te faut 'the' livre. Celui qui te changera et envahira ton âme d’un autre monde. Qui pénétrera ta chair. Qui te fera oublier qui tu es, ce que tu es, où tu situes … Tu dois oublier tes repères. T'en créer d'autres. Effacer les nuisances de la vie et te refaire une peau neuve.
Sur ces quelques paroles, j’avais demandé ce qu’il fumait le matin. Je ne savais pas trop ce que c’était, mais ça devait être puissant. Me regardant comme un imbécile heureux, il arrêta de parler, à mon plus grand soulagement. En réponse à mon comportement, il m’indiqua un lieu sur une carte. Un quartier qui m’était totalement inconnu. Ce qui n’était pas si étonnant chez moi, à part l’habituel trajet, métro boulot … bar, je ne connaissais pas plus ma ville. Il me montra un point rouge qui semblait représenter l’adresse d’une bibliothèque. Elle était complètement excentrée de la ville, perdue au milieu de nulle part. Pourquoi aller aussi loin pour aller chercher un simple bouquin ? Je ne comprenais pas. En guise de réponse, il me fit un « tu m’en diras des nouvelles », suivi d’un « salut » qui clôtura cet échange des plus étranges. J’avais le don pour avoir un cercle de connaissances assez ... comment dire ... farfelu, pour rester correct. Étant moi-même assez particulier, c’était en soi assez normal, mais tout de même, là, je cumulais les échecs et les bizarreries de la vie.
Je ne sais pas ce qu'il m’a pris de me rendre à cet endroit. Enfin si, j’étais curieux, c’est maladif, rappelez-vous, et je n’avais rien d’autre à faire. Deux paramètres indissociables ici qui m’ont amené à vivre une série d’aventures assez étrange. Je me suis donc perdu, car il n’y a pas d’autre mot pour caractériser ce qui s’est produit, dans le quartier conseillé par mon ami. Avant que j’y parvienne, il faisait grand soleil, un poil trop chaud. Mais, dès que je me suis rapproché de cette bibliothèque, l’ambiance s’est soudainement assombrie. Je m’étais cru dans un film d’horreur. Un tas de nuages noirs comme du charbon flottaient au-dessus de moi. Un temps d’une moiteur prenante jusqu’aux poumons. Le froid prit place peu à peu, gelant le bout des doigts. La senteur polluée d’une ville en pleine activité avait viré sur des odeurs de vieux bois. Je me rappelle encore de mettre questionner sur le fait d’allumer la LED de mon portable pour y voir plus clair. Mais avant que j’y trouve une réponse convenable, je faisais face à la porte de la bibliothèque. Elle était toute délabrée, entièrement composée de bois, à peine aussi haute et large que ma stature. À croire qu’elle avait été faite juste pour moi. À peine avais-je posé ma main sur la poignée que la porte s’ouvrit, dans un grincement qui avait de quoi faire grincer les dents.
Ce que je vis dans cette bibliothèque ... allait dépasser l’entendement.
Margot Eden 2 years ago
belle réflexion dans le texte !