

Une vie d'amour - 09 - Tarbes
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Une vie d'amour - 09 - Tarbes
« L’érotisme pourrait être l’art de bien cuisiner ses amours »
Sony Labou Tansi
Une vie d'amour - 09 - Tarbes
Les cuivres marquaient la mesure tandis que la 5ᵉ de Beethoven lançait son envoûtant quintette de cordes. Dans la cuisine embaumée d’arômes enivrants, Maria s’affairait à créer une symphonie gustative pour surpasser le poulet citron que Gabriel avait composé quelques jours plus tôt. Ce n’était pas une compétition entre eux, mais un jeu de séduction culinaire. Chacun cherchait à surprendre l’autre, à éveiller ses papilles dans une orchestration alléchante, un festin sensoriel. Cette quête aux fourneaux était une occasion savoureuse d’alimenter la flamme de leur amour réciproque et de pimenter leur vie de couple.
En tenue légère, pieds nus, Maria évoluait dans la cuisine telle une danseuse étoile. Son corps ondulait au rythme de la musique. Ses mains habiles virevoltaient d’une casserole à une autre, touillant ici, assaisonnant là, dans une chorégraphie parfaitement maîtrisée. Chacun de ses gestes accompagnait les notes du compositeur dans de sensuelles caresses pour les ingrédients. Son corps gracieux laissait dans son sillage un parfum enivrant d’amour et de désir, promesse des délices à venir. Gabriel ne devrait rentrer qu’aux alentours de 20 heures, elle savourait alors chaque instant de sa préparation, mijotant son plat avec patience et envie. Pour le dessert, Maria avait prévu une surprise des plus alléchantes : une robe rouge-écarlate, savamment échancrée, suggérant plus qu’elle ne dévoilait. L’étoffe prometteuse attendait sur le lit le corps de Maria, ultime ingrédient dans la recette de séduction qui attendait Gabriel.
Un verre de vin blanc à la main, Maria laissa son regard caresser la compotée d’oignons qui frémissait doucement, prenant une teinte dorée et une texture onctueuse. Les champignons à la crème, déjà prêts, exhalaient un parfum de sous-bois. Le filet mignon, pièce maîtresse du festin, attendait patiemment son tour. Satisfaite de ses préparations, Maria éteignit le feu sous la compotée, puis son verre de moelleux à la main, se dirigea vers la salle de bain. C’était son sanctuaire de relaxation, son espace de détente et de plaisir, souvent.
Le temps semblait s’étirer, chaque minute la séparant du retour de Gabriel paraissait une éternité. Alors, pour tromper cette attente, Maria pensait bien s’abandonner aux plaisirs simples : la caresse d’un vin délicat sur ses lèvres, les mots suaves d’un livre entre ses mains, et les jeux aquatiques d’un accessoire de bain. Ces distractions sensuelles avaient pour mission de détourner le temps à son avantage, d’en prendre possession, d’apaiser son impatience tout en attisant subtilement son désir pour le véritable dessert de la soirée : les retrouvailles passionnées avec Gabriel.
L’eau fumante au parfum d’ylang-ylang était une invitation gourmande à la promesse d’une étreinte liquide. La mousse, aérienne, promettait une caresse veloutée sur la peau. Maria alluma quelques bougies dont les lueurs vacillantes enflammèrent l’atmosphère de leurs notes intimes et chaleureuses. Sur la tablette, près de la baignoire, elle disposa avec soin un livre d’Anaïs Nin, compagnon de ses moments de solitude. À côté, elle plaça le verre de vin, dont les derniers glaçons fondaient langoureusement dans la blondeur du breuvage. Son jouet de bain, complice discret, vint s’inviter au décor, tandis qu’un oreiller attendait d’embrasser sa nuque. La musique s’élevait doucement, une composition aussi feutrée que le glissement de sa nuisette au long de son corps. Sur la paroi du verre, des gouttes de condensation dessinaient des sillons de fraîcheur, contrastant avec l’atmosphère qui se chargeait d’une chaude perspective.
Maria s’abandonna aux sensations qui l’enveloppaient. L’eau chaude montait doucement, caressant sa peau comme le feraient les mains tendres de Gabriel. Elle savoura quelques gorgées de muscat, son palais s’éveillant aux notes fruitées du vin. Lorsque le niveau de l’eau atteignit sa poitrine, léchant ses mamelons comme des vagues sur une plage, elle ferma le robinet et reposa son verre. Son regard se posa sur le livre d’Anaïs. Avec un frisson d’anticipation, elle s’en empara, prête à se plonger dans les
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