Salon des auteurs et éditeurs péi
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Salon des auteurs et éditeurs péi
Déambuler entre les étals, admirer les couvertures discrètes ou chatoyantes, échanger un mot ici, là-bas, toujours avec passion.
Aaahhh comme il est bon de ressentir, faire fonctionner ces sens si longtemps endormis face aux injonctions sanitaires ! Bref, la semaine dernière j'ai retrouvé le chemin des sorties culturelles, à commencer par le Salon des auteurs et éditeurs péi (réunionnais).
Si le salon, organisé par l'association La Réunion des livres, a posé ses valises à Saint-Paul dans le nord-ouest de La Réunion, il a pour volonté de renforcer les liens des acteurs culturels et leur donner une visibilité après une année bien éprouvante. Pour tous les acteurs ? Pas vraiment.
Dans une ambiance joviale, les stands garnis de livres ont pour ambassadeurs éditeurs.rices et auteur.e.s qui rivalisent d'ingéniosité et de créativité pour rendre ce salon vivant. Alors que mon sourire est accroché à mes lèvres niaises et que mes pieds ne savent plus vers quels stands se tourner, un constat s'impose : où sont les auteur.e.s auto-édité.es ? Quid des auteur.e.s réunionnais.es édité.es en métropole ? Ne participent-ils pas, eux aussi, à la vie économique et culturelle de l'île ?
Si le salon a pour but de pallier le manque d'événements amputés à la crise sanitaire, pourquoi le faire uniquement au profit de certains ?
Malgré un sentiment d'extase littéraire qui m'a enfin permis d'échanger avec des auteur.e.s et illustrateurs.ices et ce en dehors de l'écran, comme Natacha Eloy et Joelle Brethes, je reste sur ma faim avec un léger sentiment de frustration.
Déjà le 24 avril, journée annuelle de promotion du livre péi créée par la même association, une profonde déception s'est emparée du Gang des Lectrices dont je fais partie. Promouvoir les livres péi, quelle bonne idée ! Dans notre perception de la démocratisation du livre, nous pensions, naïvement, que tous les acteurs étaient les bienvenus. Nous fûmes donc surprises de constater que seuls les opus d'auteur.e.s réunionnais.es, édité.e.s dans une maison d'édition réunionnaise étaient en droit de participer.
Qu'en est-il de Gaëlle Bellem ou Jean-François Samlong, réunionnais tous deux édités chez Gallimard ? Où sont représentés les auteurs auto-édités comme Marie Gufflet, M.W. Parvedy-Navin ou encore Nicolas Bonin qui comptent sur eux seuls pour gagner en visibilité ? Sont-ils punis du seul fait de ne rentrer dans aucune des cases par choix ou par infortune ?
N'est-il pas réducteur, voir méprisant ce manque de considération de leur travail ?
À vouloir miser sur l'essor économique, les organisateurs ne créaient-ils pas un jeu communautaire flirtant avec la condescendance ? Ces questions méritent peut-être d'être soulevées...
Loin de toute ingratitude, il est toutefois important de souligner, d'encourager, toute action culturelle qui invite petits et grands, au merveilleux voyage des mots et couleurs. Alors avant un éventuel énième confinement, garant d'un empêchement culturel frustrant, partez, volez, à la rencontre d'artistes dont la viabilité ne dépend que de nous. De vous.
Article à retrouver sur Book'n'cook !
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