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Réflexion sur les territoires hostiles à la planification: le syndrome amazonien?"Aménagement et démographie de l'Amazonie franco-brésilienne" - Fanny Azan-Brulhet - 2018

Réflexion sur les territoires hostiles à la planification: le syndrome amazonien?"Aménagement et démographie de l'Amazonie franco-brésilienne" - Fanny Azan-Brulhet - 2018

Published Apr 1, 2025 Updated Apr 1, 2025 Culture
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Réflexion sur les territoires hostiles à la planification: le syndrome amazonien?"Aménagement et démographie de l'Amazonie franco-brésilienne" - Fanny Azan-Brulhet - 2018

Le territoire guyano-amapéen, représentant seulement 3,3 % de la forêt amazonienne, a longtemps été négligé par les puissances coloniales. La densité de la forêt, les difficultés d'accès aux côtes et la préférence des colons pour d'autres régions, comme le sud du Brésil actuel, expliquent en grande partie cet oubli.



I. L’ « urbanisme flexible » : une invention précolombienne

L'implantation humaine ancestrale en Amazonie est étroitement liée aux ressources naturelles du territoire. L'organisation spatiale se distingue par une occupation totale du sol, un polycentrisme et une densité humaine relativement uniforme sur l'ensemble du territoire. Les groupes humains sont souvent indépendants les uns des autres et mobiles, ce qui rend la forme démo-spatiale du territoire à la fois hétérogène et en constante évolution. On peut même envisager cette dynamique comme les prémices d'un « urbanisme flexible ». En effet, l'implantation humaine varie en fonction des ressources disponibles sur chaque site (« Aménagement et démographie de l’Amazonie franco-brésilienne » - Fanny Azan-Brulhet - 2018 - Ed. Amazon).


Implantation humaine à l’époque pré-colombienne

Source : Fanny Azan-Brulhet - 2007


L'homme, dans ce territoire guyano-amapéen, doit apprendre à maîtriser son environnement pour y vivre de manière durable. Cela ne signifie pas soumettre l'écosystème, mais plutôt le comprendre et s'y intégrer harmonieusement. Cette interdépendance entre l'homme et la nature s'est malheureusement estompée après l'arrivée des premiers colons, ce qui a modifié la répartition et la densité de l'implantation humaine.


II. Le XVIe siècle : une révolution urbaine en Amazonie française

Dès le XVIe siècle, le Portugal et la France montrent un intérêt marqué pour l'aménagement de ce territoire. Cependant, paradoxalement, cette région, convoitée par ces deux puissances, reste faiblement peuplée jusqu'à la fin du XIXe siècle. Une des raisons majeures de cette faible occupation est la taille modeste et localisée des projets de développement mis en place. À l'époque coloniale, les changements démographiques et spatiaux sont avant tout motivés par des logiques d'exploitation et de commerce, étroitement liées à une politique de rentabilité des colonies. Dès lors, la réduction de l’espace habité ne résulte pas d’une volonté humaine, mais d'une vision purement économique.


L'utilisation du territoire pour la production a figé l'organisation spatiale. La population s'est sédentarisée et s'est installée dans les zones désignées par les autorités coloniales. Le système s'est alors structuré autour d'un modèle bilatéral entre la colonie et la métropole. Des centralités urbaines se sont formées, et un système de villes a vu le jour. L'organisation du territoire est devenue verticale, centralisée, entièrement orientée vers la productivité.



Aujourd'hui encore, l'empreinte du colonialisme est visible dans l'organisation démo-spatiale de la Guyane et de l'Amapá. Les principaux pôles urbains sont les mêmes qu'à l'époque, mais les plans de développement ont accentué l'offre économique, entraînant une forte croissance démographique dans les nouvelles zones de développement. L'organisation du territoire est devenue binaire, avec un littoral dense et un intérieur déserté. Ce phénomène de polarisation s'est intensifié au XXe siècle, aboutissant à une concentration démographique excessive sur le littoral. Aujourd'hui, le territoire, bien que centrifuge et interdépendant, présente une réduction de l’espace habité sur le littoral, tandis que l’intérieur reste largement vide.


III. Le XXe siècle : le début de la biodiversité

Le XXe siècle marque un tournant dans la vision de la forêt amazonienne. Cette région, frappée par les crises économiques liées au caoutchouc et à l’or, se transforme sous l’effet des changements économiques. La récession favorise la migration des populations pauvres vers les périphéries des grandes villes, modifiant ainsi les structures urbaines existantes. Pour rééquilibrer cette réorganisation, le Brésil et la France investissent dans de nouveaux projets, visant à restructurer durablement l’organisation démo-spatiale de la région guyano-amapéenne, en mettant l'accent sur l'expansion économique et sociale.





IV. Aujourd'hui, un espace rétréci

L'organisation actuelle du territoire guyano-amapéen résulte de siècles d’histoire, de décisions politiques, parfois subies, parfois voulues. Malgré plusieurs plans de développement, elle se caractérise au XXe siècle par une trame linéaire, matérialisée par une route le long de laquelle se trouvent quelques centralités, souvent dépendantes, tandis qu'en bout de réseau, se situent les pôles économiques et politiques. Si le territoire souhaite retrouver un équilibre démo-spatial, il est essentiel de réactiver l'interaction entre l'homme et son environnement. Cela peut se faire à travers des outils durables et évolutifs, tels que l'« urbanisme flexible » que je propose, une solution potentielle pour restaurer l'équilibre démo-spatial du territoire guyano-amapéen (« Aménagement et démographie de l’Amazonie franco-brésilienne » - Fanny Azan-Brulhet - 2018 - Ed. Amazon).


Cependant, un équilibre parfait est difficile à atteindre. La domination de l'une des deux parties (l'homme ou l'environnement) dépend de l’évolution de la société humaine. Prenons l'exemple des Alakalufs (ou Kaweskars), habitants du sud extrême du continent américain. Leur incapacité à se développer économiquement et socialement les a contraints à subir les attaques de leur environnement. Restant nomades en petits groupes, ils ont progressivement disparu après l'arrivée des Européens. De la même manière, l’homme dans le territoire guyano-amapéen doit apprendre à maîtriser son environnement. Cela ne signifie pas exploiter l’écosystème de manière destructive, mais plutôt comprendre l’écosystème dans lequel il vit et s’y intégrer durablement.


Fanny Azan-Brulhet


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