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LE XXe SIECLE :COMMENT LE MOUVEMENT MODERNE ET LES POLITIQUES PUBLIQUESONT FACONNE LE PAYSAGE FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI ?

LE XXe SIECLE :COMMENT LE MOUVEMENT MODERNE ET LES POLITIQUES PUBLIQUESONT FACONNE LE PAYSAGE FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI ?

Published Mar 28, 2025 Updated Mar 28, 2025 Culture
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LE XXe SIECLE :COMMENT LE MOUVEMENT MODERNE ET LES POLITIQUES PUBLIQUESONT FACONNE LE PAYSAGE FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI ?

Le XXe siècle marque une période de profonds bouleversements pour la France, jalonnée par deux conflits mondiaux, une crise économique majeure, mais aussi d’importantes avancées techniques, sociales et idéologiques. Dans ce contexte, le paysage urbain évolue considérablement, amorçant un processus de rationalisation des espaces. Ce changement est le fruit d’un dialogue constant et souvent animé entre les responsables politiques, qui planifient et rationalisent le territoire, et les concepteurs, qui développent l’idéal du Mouvement Moderne.


I. Le Mouvement Moderne : une nouvelle conception de l’urbanisme

Dès le XIXe siècle, une vision renouvelée de la ville émerge sous l’influence des urbanistes, portée par des idéologies socialistes critiquant les effets du progrès industriel sur la condition ouvrière. L’amélioration des conditions de vie passe notamment par le développement de l’hygiénisme, une doctrine visant à assainir les espaces de vie grâce à des innovations architecturales favorisant la lumière, l’aération et les espaces verts. L’essor de l’automobile et l’utilisation de nouveaux matériaux, tels que le métal et le béton, marquent également cette période et influencent profondément la conception urbaine.


Dans cette dynamique, les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne (CIAM), initiés en 1928, réunissent des architectes et urbanistes de renom tels qu’André Lurçat, Alvar Aalto ou Karl Moser. L’un des événements les plus marquants de ce mouvement reste le congrès d’Athènes en 1933, où Le Corbusier publie La Charte d'Athènes. Ce texte fondateur prône une organisation urbaine fondée sur quatre fonctions essentielles : habiter, travailler, se recréer et circuler. Selon Le Corbusier, la ville idéale doit se transformer en un espace structuré et fonctionnel, où l’homme, assimilé à une machine, doit pouvoir évoluer dans des «machines à habiter ».


Parallèlement, Le Corbusier définit dès 1927 les principes fondamentaux de l’architecture moderne à travers la villa Savoye, qui illustre cinq concepts clés : les pilotis, le toit terrasse, le plan libre, la fenêtre en bandeau et la façade libre. Ces principes, toujours en vigueur aujourd’hui, libèrent les architectes des contraintes techniques traditionnelles et ouvrent la voie à une standardisation de la construction.


Cependant, l’application de cette vision nécessite l’implication des décideurs politiques. Afin de favoriser l’intégration du Mouvement Moderne dans les politiques d’aménagement, les CIAM s’ouvrent aux services de l’État, qui prennent progressivement part aux réflexions et à la mise en œuvre de ces principes. Cette collaboration permet notamment la construction de grands ensembles tels que la reconstruction du Havre ou l’aménagement du front de mer de Toulon.


II. Une réponse à l’urgence de la reconstruction

À l’issue de la Première Guerre mondiale, la France doit faire face à une nécessité impérieuse : reconstruire rapidement et à moindre coût. De nombreuses populations, déplacées ou sinistrées, doivent être relogées pour éviter l’essor incontrôlé de bidonvilles. L’expansion urbaine ne peut plus se faire de manière organique et progressive ; elle doit répondre immédiatement aux besoins des populations et aux exigences des politiques publiques. Dans ce contexte, l’urbanisme devient une prérogative de l’État, qui prend en charge la planification et la coordination des projets d’aménagement.


L’adhésion de l’État au Mouvement Moderne représente une opportunité stratégique. Cette approche permet d’optimiser l’espace, de construire rapidement des logements standardisés et économiques grâce aux avancées techniques et à la simplification des formes architecturales. La reconstruction du pays repose ainsi sur une logique de rationalisation et d’industrialisation du secteur du bâtiment, évitant ainsi un appauvrissement accru de la population.


Un fait historique notable est l’opposition des nazis au Mouvement Moderne durant la Seconde Guerre mondiale. En Allemagne et en Autriche, plusieurs grands ensembles sont détruits, car ce modèle urbain est perçu comme une menace pour le régime. Comme l’explique Michel Ragon (Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes, ed. Points, 2010), « lorsque les nazis prirent le pouvoir, s'ils exaltèrent la maison individuelle, ce n'était pas seulement dans une optique démagogique. Répartir le prolétariat dans des maisonnettes est une bonne façon d'atomiser sa force collective, qui peut plus naturellement s'épanouir dans un véritable habitat collectif à services communs ». Cette opposition illustre la dimension politique sous-jacente aux choix architecturaux et urbanistiques.


Dès les années 1950, sous l’impulsion du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme dirigé par Eugène Claudius-Petit, l’État accélère la transition vers une production industrielle du logement. Des marchés sont négociés avec les grandes entreprises du BTP pour la construction de grands ensembles, tels que la cité de la Muette à Drancy, conçue par Marcel Lods. Cette période marque l’essor des grandes entreprises du bâtiment, qui s’adaptent rapidement aux exigences de l’État et structurent leur activité en fonction des nombreux appels d’offres publics.


III. La crise économique de 1975 et ses conséquences urbaines

L’élan de modernisation amorcé après-guerre est brutalement freiné par la crise économique de 1975, qui met un terme à la période de prospérité des Trente Glorieuses. Les pouvoirs publics ne disposent plus des ressources nécessaires pour poursuivre la construction de nouveaux ensembles ni pour entretenir ceux déjà existants. Conçus initialement pour améliorer le cadre de vie des habitants, ces quartiers deviennent progressivement des foyers de ségrégation sociale. L’absence de mixité et le désengagement progressif des services de l’État entraînent une dégradation des conditions de vie, transformant ces ensembles en symboles du malaise économique et social du pays.


Aujourd’hui, au XXIe siècle, la pensée urbanistique semble renouer avec une approche plus humaine et organique, à l’image de la vision exprimée par Marcel Poëte dès 1929 : « Pour comprendre une cité, il importe d'en connaître la population… une ville est un fait d’âmes. » Ce retour à une architecture plus adaptée aux besoins des habitants et à une planification urbaine intégrant les enjeux sociaux et environnementaux s’inscrit dans la dynamique actuelle du développement durable.


Fanny Azan-Brulhet


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